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L'article provient de TVA Nouvelles

Ça a l’air plate, mais on a urgemment besoin d’une politique... d’entretien

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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-05-13T04:00:00Z
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Depuis 2006, année de l’effondrement du «viaduc» de la Concorde à Laval, ça semble une évidence: il faut, en priorité, entretenir nos nombreuses infrastructures. Cesser le plus possible d’en ajouter.

Il y aura 20 ans l’an prochain que la tragédie de Laval s’est produite, pourtant, en politique québécoise, le même mythe domine toujours: celui, grosso modo, défini lors de la Révolution tranquille.

Du neuf

La politique du «c’est le début d’un temps nouveau», des rubans coupés pour inaugurer du neuf. On a la nostalgie de ce moment unique durant lequel la politique c’était ça: inaugurer de grands échangeurs autoroutiers, des autoroutes, des routes, des barrages, etc.

Par «infrastructures», je ne pense pas uniquement au matériel, mais aussi aux systèmes étatiques. On lançait, à cette même époque «bénie», un réseau de cégeps, d’universités. On inaugurerait de nouveaux programmes sociaux, au premier chef un système de santé.

Même si la pyramide de notre démographie a été inversée, même si nos finances publiques sont en mauvais état et malgré les urgences environnementales, nos élus continuent de promettre une politique exaltante qui passe par du neuf.

Il ne faut pas nécessairement leur en vouloir; leurs promesses dépendent de ce que les citoyens demandent. Et jamais ils ne crient aussi fort que lorsqu’ils réclament une nouvelle route, un nouveau tronçon, un nouveau programme. Un bout de 20, un troisième lien, la «gratuité» de ci ou de ça.

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Ça craque

Je me répète (car je l’ai écrit à quelques reprises dans le passé): on est maladivement nostalgique d’une politique de construction, datant pourtant d’une époque où tout était à construire.

Si ça «craque de partout», comme on nous le rappelle périodiquement dans ces pages, c’est que nos infrastructures et nos programmes sociaux ont, en plus, tous été construits à peu près en même temps et n’ont pas correctement été entretenus depuis. D’où les symboles comme l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Au Québec, la proportion d’infrastructures en bon état serait de 58% en 2025. Nous ne sommes pas seuls dans cette situation. Aux États-Unis, le déficit d’entretien avoisinerait les 2600 milliards $.

Espérons qu’avec ces estimations inquiétantes, «le “nouveau” lui-même est une vieille habitude qui commence à se perdre», pour reprendre une formule du Philippe Muray, auteur français sulfureux, mais éloquent.

Coûts faramineux

L’Ordre des ingénieurs, nous apprenait La Presse récemment, a lancé une tournée sans précédent du Québec qui lui permettra de «rencontrer des ingénieurs, mais aussi des gestionnaires, des représentants de l’industrie et des élus». L’OIQ fera ses recommandations. Les partis politiques devraient s’emparer de celles-ci, les étudier, proposer et en dégager un grand plan axé sur l’entretien.

Une politique d’entretien devrait aussi comporter des manières de juguler l’augmentation faramineuse des coûts actuellement. Un exemple présenté par la mairesse Catherine Fournier, de Longueuil, semble invraisemblable: un million de dollars pour changer les feux de circulation d’une intersection.

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