«C'est une vraie farce»: un voyage coûteux et controversé au Danemark pour des élus de Belœil
Un séjour à Copenhague auquel ont participé 11 fonctionnaires et élus a coûté deux fois plus cher que prévu aux contribuables
Sarah-Maude Lefebvre
Un voyage au Danemark auquel ont participé 11 fonctionnaires et élus et qui a coûté deux fois plus cher que prévu aux contribuables suscite la controverse à Belœil.
La Ville de la Rive-Sud a même déboursé plus de 20 000$ pour tourner une petite vidéo corporative sur le voyage de quatre jours de sa délégation, dans laquelle on voit notamment les conseillers municipaux faire de la bicyclette et explorer la ville de Copenhague.
Un conseiller municipal, qui a lui-même participé à ce voyage, se dit mal à l’aise avec ces coûts qui lui semblent démesurés. «On aurait pu y aller avec beaucoup moins de gens de l’administration. On a payé des gens pour faire un film [...]. C’est une vraie farce», a déploré Vincent Chabot.
La mission, qui a eu lieu du 2 au 5 juin 2024, avait été proposée par l’architecte Pierre Thibault, lui-même mandaté par Belœil pour développer un nouveau quartier de 4000 logements.
L’exercice, qui devait servir à s’inspirer des pratiques scandinaves en matière d’urbanisme, devait coûter 40 000$, mais il en a finalement coûté le double en fonds publics.
Une vidéo à 22 000$
Belœil a déboursé les frais de voyage de sept élus et quatre fonctionnaires, notamment de la directrice des communications et de la directrice générale par intérim.
«On a dit oui avec un budget. Et là, ça arrive et ça nous coûte le double. Je ne comprends pas [...]. J’ai pourtant fait très attention à mes dépenses [durant le voyage], sachant qu’il s’agit d’argent public et surtout en tenant compte du contexte économique difficile», a critiqué le conseiller Martin Robert.
Cette vision est partagée par tous les élus qui ne sont pas membres du parti de la mairesse Nadine Viau, soit la moitié du conseil municipal.
«M. Thibault nous avait déjà présenté ici des concepts d’habitation développés pour la province. Pour moi, il n’y avait pas de plus-value d’aller à Copenhague. C’est de l’argent jeté par les fenêtres», a affirmé la conseillère Renée Trudel.
Un «avant» et un «après» Copenhague
Jointe au téléphone, la mairesse a vigoureusement défendu le concept et le coût de cette mission.
«C’était quatre jours pour aller voir les bons coups, les erreurs, et ensuite être capables de reproduire ça dans un concept québécois adapté à nos quatre saisons», a-t-elle expliqué.
«Pour moi, ça a été un tournant. Il y a une Nadine avant et après. Comme humaine, je suis vraiment mieux outillée pour prendre les décisions dans ce qui s’en vient», a assuré Mme Viau.
La mairesse soutient que le coût du projet est acceptable, notamment parce qu’il a été épongé en partie par une subvention de 25 000$ du ministère des Relations internationales et de la Francophonie.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Mme Viau s’est aussi dite à l’aise avec les frais de 22 572,31$ pour la production d’un petit documentaire de dix minutes sur le voyage, qui a récolté 2451 visionnements sur YouTube.
«En termes de rayonnement et de retombées, il n’y a rien comme des images concrètes», a affirmé la mairesse.
La Ville de la Montérégie promet que le premier coup de pelle de ce nouveau quartier résidentiel sera donné en 2026.
Les coûts de la mission à Copenhague
Coût total de la mission: 80 466,12$, notamment pour:
- Un documentaire: 22 572,31$;
- Des honoraires versés à Atelier Pierre Thibault – Architecte pour préparer la mission: 5748,74$;
- Un mandat octroyé à une firme de relations publiques: 10 629,99$.
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