C'est terminé pour Patrice Bergeron: «J'ai tout laissé sur la glace»
Après 19 saisons avec les Bruins, Patrice Bergeron annonce sa retraite du hockey
Stéphane Cadorette, Kevin Dubé et TVA Sports
L’un des meilleurs joueurs québécois de l’histoire du hockey prend sa retraite. Après 19 saisons passées avec les Bruins de Boston, Patrice Bergeron a annoncé mardi qu’il tirait sa révérence à l’âge de 38 ans.
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Bergeron a publié une longue lettre, en français et en anglais, pour annoncer sa décision.
- Écoutez le commentaire de Renaud Lavoie via QUB radio :
Bergeron se retire après 1294 matchs de saison régulière et 170 duels en séries éliminatoires. Il aura remporté la coupe Stanley à une occasion, en 2011, et le trophée Frank J. Selke, remis au meilleur attaquant défensif, à six reprises.
A statement from Patrice Bergeron.
— Boston Bruins (@NHLBruins) July 25, 2023
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«Au cours des 20 dernières années, j'ai pu vivre mon rêve tous les jours, a-t-il indiqué. J'ai eu l'immense honneur de porter l'uniforme des Bruins et de jouer devant les meilleurs partisans au monde à Boston. S'ajoute à cela l'immense fierté d'avoir représenté le Canada dans les plus grandes compétitions internationales. J'ai tout laissé sur la glace tant sur le plan physique qu'émotionnel et le hockey m'a apporté en retour bien plus que je n'aurais pu l'imaginer.»
Bergeron était le capitaine des Bruins depuis janvier 2021. Il a passé 19 saisons dans l'uniforme de la formation du Massachusetts.
Sa déclaration complète:
Vers l'âge de 12 ans, un enseignant nous a demandé d'écrire sur nos rêves. Pour moi, il n'y avait aucun doute : je voulais devenir joueur de hockey professionnel.
J'étais probablement un peu naïf de croire que c'était uniquement une question de temps avant que ce rêve ne se réalise. Dans les faits, le chemin à parcourir pour le concrétiser était bien plus exigeant. J'ai dû relever de nombreux défis et faire d'importants sacrifices pour atteindre mon objectif. Malgré les épreuves, ma détermination et ma passion pour le hockey n'ont fait que grandir.
Au cours des 20 dernières années, j'ai pu vivre mon rêve tous les jours. J'ai eu l'immense honneur de porter l'uniforme des Bruins et de jouer devant les meilleurs partisans au monde à Boston. S'ajoute à cela l'immense fierté d'avoir représenté le Canada dans les plus grandes compétitions internationales. J'ai tout laissé sur la glace tant sur le plan physique qu'émotionnel et le hockey m'a apporté en retour bien plus que je n'aurais pu l'imaginer.
C'est avec le cœur gros et énormément de gratitude que j'annonce aujourd'hui ma retraite en tant que joueur de hockey professionnel.
Même s'il s'agit d'une étape difficile, je suis pleinement conscient de mon privilège et de ma chance d'avoir eu une si belle carrière et de pouvoir choisir le moment pour me retirer du sport que j'aime tant. Ma décision n'a pas été prise à la légère. J'ai consulté ma famille et écouté mon corps si bien que je suis convaincu que c'est le bon moment pour tirer ma révérence.
J'aimerais profiter de l'occasion pour reconnaître l'appui de toutes les personnes qui m'ont accompagné dans mon parcours et sans lesquelles tout ce que j'ai accompli n'aurait pas été possible.
Depuis mes débuts dans le hockey mineur à Québec jusqu'au hockey junior majeur à Acadie-Bathurst, il y a tant d'entraîneurs, de coéquipiers et de parents qui ont alimenté mon amour du hockey. Merci à chacun et chacune d'entre vous d'avoir mis en place les fondations de ce qui est devenu la passion d'une vie.
Dès mon repêchage en 2003, tous les membres de l'organisation des Bruins ont été derrière moi. Je tiens à remercier la famille Jacobs, l'équipe de direction, les entraîneurs, les soigneurs, le personnel de soutien, les médecins et les psychologues de l'équipe, les recruteurs et le personnel du TD Garden. Leur dévouement et leur appui indéfectible ont fait la différence au quotidien.
Ce qui rend le port de l'emblématique chandail des Bruins si spécial est toute la richesse de l'histoire de cette franchise. C'est un énorme privilège d'avoir été accueilli à bras ouverts et accompagné par de grands joueurs qui m'ont précédé. Ils ont toujours été là pour m'écouter, m'encourager et bien me guider afin que je puisse à mon tour m'engager à perpétuer dignement la tradition au cœur du succès de cette équipe.
Même si cela n'a pas toujours été facile, j'ai fait de mon mieux pour assumer les responsabilités qui viennent avec le métier de joueur de hockey professionnel, notamment avec les membres des médias. J'ai eu le plaisir d'apprendre à connaître certains d'entre vous personnellement au fil des ans. Merci d'avoir raconté notre histoire de façon juste et équitable.
En 20 ans j'ai eu l'honneur de partager la glace avec de nombreux coéquipiers formidables. Sachez que j'ai appris de chacun d'entre vous et que j'ai tout fait pour essayer d'être un coéquipier sur qui on peut compter.Je n'oublierai jamais le lien qui nous unit. La confiance mutuelle. Les fous rires. Les succès et les épreuves. Tant de souvenirs impérissables qui ont bâti des amitiés pour la vie. Je serai toujours reconnaissant d'avoir fait partie d'un groupe aussi exceptionnel, et je chérirai à jamais la fierté d'avoir gagné en 2011.
Merci aux gens extraordinaires de la Nouvelle-Angleterre qui ont accueilli et traité comme l'un des leurs un jeune Canadien français qui ne parlait pas très bien l'anglais. Je ne peux m'imaginer faire partie d'une meilleure communauté et représenter des partisans aussi passionnés. Votre accueil et votre gentillesse envers moi et ma famille ne seront jamais oubliés. Sachez que chaque fois que j'ai sauté sur la glace, j'ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même. J'ai aussi fait de mon mieux pour m'impliquer et redonner à la collectivité qui m'a tant soutenue. Les liens que nous avons noués ensemble sont inestimables. Boston aura à jamais une place dans mon cœur et celui de mes proches.
Il n'y a qu'un seul autre uniforme que j'ai toujours voulu porter, et c'est celui du Canada. Représenter mon pays dans les plus grandes compétitions internationales et remporter la médaille d'or à Vancouver et à Sotchi, fait également partie des moments dont je suis le plus fier. Merci à toutes les personnes qui ont contribué à donner vie à ces expériences inoubliables.
Le quotidien d'un athlète professionnel peut parfois être difficile et mes deux agents, Kent Hughes et Phil Lecavalier, m'ont aidé à naviguer dans un environnement complexe à certains moments. Vos précieux conseils à toutes les étapes de ma carrière m'ont permis d'éliminer les distractions et les incertitudes afin que je puisse me concentrer à être le meilleur joueur de hockey possible.
J'ai également pu compter sur des professionnels chevronnés à Boston et à Québec qui ont joué un rôle déterminant sur ma santé physique et mentale, me permettant ainsi d'atteindre mon plein potentiel.
Depuis le jour un, mes amis et ma famille élargie au Québec sont derrière moi. Je suis choyé d'être aussi bien entouré par vous tous et toutes, je vous serai éternellement redevable pour votre appui constant.
À ma mère, Sylvie, et à mon père, Gérard, je n'aurais pas pu imaginer de meilleurs parents. Votre amour absolu est à l'origine de la personne que je suis devenue et de tout ce que j'ai accompli. Je ne saurai vous remercier assez pour tous les sacrifices que vous avez faits pour que je réalise mes objectifs. Vous avez été les premiers et parfois les seuls à croire en moi et en mes rêves. Vous m'avez guidé de la meilleure façon qui soit et j'ai toujours su que je pouvais compter sur vous.
À mon frère Guillaume. Il est difficile de trouver les mots pour décrire notre lien. Tu as été la plus grande influence dans ma vie et le meilleur modèle qu'un petit frère puisse espérer. Mon rêve a pris forme en jouant au hockey dans la rue avec toi. Depuis l'enfance, tu as toujours été à mes côtés pour me supporter. Je te serai toujours reconnaissant pour ton écoute, tes conseils et tes mots d'encouragement.
À mon épouse Stéphanie. Comment te remercier pour ton amour inconditionnel et tous les sacrifices que tu as faits pour moi. Toi qui vois toujours le positif dans chaque situation et qui, à l'aube de la vingtaine, n'as pas hésité à mettre ta carrière de côté pour me permettre de poursuivre ma passion. Pour toi, avant d'être un joueur de hockey je suis d'abord un époux et un père. Tu es mon ancre. Les enfants et moi avons beaucoup de chance de t'avoir. Je t'aime.
À mes merveilleux enfants Zack, Victoria, Noah et Felix, je vous aime tellement. Alors que je tourne la page sur ce chapitre de ma vie, j'espère vous avoir démontré que tout est possible. Croyez en vos rêves et écoutez la voix qui est en vous. Travaillez sans relâche pour ce qui vous fait vibrer et lorsque les temps sont durs, relevez-vous et continuez d'avancer. Je suis l'exemple même que des choses extraordinaires se produisent lorsque l'on croit en soi et que l'on fait ce que l'on aime. Papa sera toujours derrière vous, peu importe où la vie vous mène.
Pour terminer, je m'adresse à la prochaine génération de joueurs et de joueuses de hockey qui rêvent, comme moi à l'âge de 12 ans. Retenez qu'à force de travail et de persévérance, les rêves peuvent devenir réalité, au-delà de nos espérances. Ayez l'esprit sportif, respectez vos pairs, faites face à l'adversité et ayez du plaisir. De cette façon, le hockey vous apportera beaucoup de bonheur.
En écrivant ces lignes, j'ai le sentiment du devoir accompli et d'avoir tout donné pour l'incroyable ville de Boston et les partisans des Bruins. Je n'éprouve aucun regret, que de la gratitude d'avoir pu vivre mon rêve. Je suis enthousiaste d'entamer maintenant un nouveau chapitre avec ma famille.
Sincèrement,
Patrice Bergeron-Cleary
Quand il dit qu’il a tout laissé sur la glace, difficile de le contredire. Il termine sa carrière après avoir récolté 1040 points en 1294 parties avec les Bruins de Boston.
Il a établi un record en remportant six fois le trophée Selke, remis au meilleur attaquant défensif dans la LNH.
En plus, il a mis la main sur un trophée Mark-Messier remis au meilleur leader de la saison, ainsi qu’un trophée King-Clancy remis au joueur humanitaire de l’année.
Tout ça, sans compter, évidemment, la conquête de la coupe Stanley en 2011.
Une élimination émotive
L’annonce de la retraite de Bergeron n’est pas venue comme une surprise totale.
Lors de l’élimination hâtive des Bruins en première ronde des dernières séries, après une saison historique, Bergeron avait enlacé chacun de ses coéquipiers, un à un, avant qu’ils ne quittent la patinoire. L’accolade avec son partenaire de trio Brad Marchand avait été particulièrement émotive et les deux hommes s’étaient serrés pendant de nombreuses secondes, émus.
Grand complice de Bergeron depuis qu’il s’est joint aux Bruins en 2009, Marchand a d’ailleurs partagé un touchant message dans une vidéo publiée par la formation bostonienne dans laquelle plusieurs coéquipiers lui souhaitaient une bonne retraite.
« Je vais m’ennuyer de chaque journée passée avec toi. La relation que nous avions était spéciale et j’ai hâte de voir quel sera le nouveau chapitre dans ta vie et de voir les enfants grandir et ce qu’ils vont accomplir. Merci pour tout, je t’aime et je vais m’ennuyer », a-t-il dit, les yeux rougis par l’émotion.
Décision réfléchie
Même s’il avait laissé planer le doute sur son avenir, la décision de Bergeron était prise depuis un certain temps.
« Il y pensait depuis un bon moment, même qu’il a réfléchi l’an passé. Cette année, c’était la bonne année. Il voulait se retirer sur une note positive, après une saison régulière de rêve et un autre trophée Selke », a mentionné son agent Philippe Lecavalier en entrevue au Journal.
« Je ne pense pas que la déception des séries a pesé très fort dans sa décision. Sa décision était surtout basée sur sa santé physique et mentale, sa famille, la belle longue carrière qu’il a connue. Il voulait partir en force plutôt que prendre sa retraite sur une pente descendante. C’était le temps de passer à un autre chapitre de sa vie », a-t-il aussi confié, ajoutant que le Québécois a préféré se retirer avant que des blessures n’aient des impacts à long terme sur sa santé.
« La perfection »
Les hommages ont fusé de partout, hier, dès l’annonce de la retraite de Bergeron. S’il y en a un qui n’a pas été surpris, c’est Simon Gagné. Coéquipier de Bergeron avec les Bruins lors de la dernière saison de sa carrière, en 2014-2015, il a aussi travaillé avec lui pendant près de 15 ans dans le cadre du Pro-Am Gagné-Bergeron, un match de hockey caritatif visant à amasser des fonds pour des fondations venant en aide aux jeunes de la région de Québec.
« Patrice, c’est un gentleman. Il incarne le mot perfection. J’ai de la misère à lui trouver un défaut et ça, c’est dans tout, tout, tout. »
« Quand j’étais avec les Bruins, Zdeno Chara était le capitaine, mais tu voyais que Patrice allait prendre sa place quand il se retirerait. Il prenait soin de tout le monde, que ce soit les préposés à l’équipement, les vétérans ou les jeunes joueurs. Il voulait être certain que tu te sentes bien en étant un Bruins. Je suis persuadé que l’empreinte de Patrice va paraître chez le prochain capitaine de l’équipe. »
Vers le Temple de la renommée
En 2026, Bergeron deviendra admissible pour une intronisation au Temple de la renommée du hockey. Difficile d’imaginer un scénario où il pourrait être ignoré.
« C’est tellement mérité ! Je comprends que je suis un peu biaisé, mais j’ose croire qu’il sera admis dès sa première année d’admissibilité. La façon dont Patrice a pensé la game et qu’il a joué la game, c’est exceptionnel. Il faut considérer aussi son intelligence du jeu, sa passion, sa résilience... On oublie à quel point il a traversé des épreuves difficiles en début de carrière avec des commotions cérébrales. C’est très difficile comme athlète professionnel de produire avec une telle constance pendant des années », a encensé Lecavalier, qui ne croit pas que Bergeron soit un candidat à un retour surprise dans la LNH.
D’ailleurs, Lecavalier a remplacé Kent Hughes comme agent de Bergeron lorsque ce dernier a accepté le poste de directeur général du Canadien de Montréal. Même s’il se retrouve maintenant dans le camp ennemi, Hughes a tenu à souligner la carrière de son ancien client.
« Patrice, félicitations pour ta retraite. Tu es arrivé à Boston à 18 ans, alors que tu n’étais qu’un jeune garçon qui ne maîtrisait pas tout à fait l’anglais, et tu repars aujourd’hui en tant qu’homme, mari, père et l’un des plus grands leaders que la Ligue nationale de hockey ait connus. Je suis fier et reconnaissant d’avoir eu la chance de jouer un petit rôle dans ton cheminement. Sans même le savoir, tu m’as appris énormément au fil de ta carrière », a-t-il déclaré.
Une carrière couronnée de succès
Saison régulière
- 1294 matchs
- 427 buts
- 613 aides
- 1040 points
- Différentiel de +289
Éliminatoires
- 170 matchs
- 50 buts
- 78 aides
- 128 points
- 6x trophées Selke
- 1x trophée Mark-Messier
- 1x trophée King-Clancy
- 1x Coupe Stanley en 2011
- Trois fois invité au Match des étoiles de la LNH
- Médaillé d’or au Championnat mondial de hockey junior en 2005
- Double médaillé d’or olympique en 2010 et en 2014
- Médaillé d’or à la Coupe du monde de 2016