C'est officiellement la fin pour La Baie d'Hudson
La fermeture de cet emblème canadien laisse un trou béant dans le cœur des clients et des employés
Zoé Arcand
La Baie d’Hudson du centre-ville de Montréal a fermé ses portes pour la dernière fois aux clients dimanche, laissant un trou béant dans le cœur de nombreux clients et employés, aux premières loges pour assister aux derniers moments du mythique magasin.
«J’ai la gorge serrée, c’est vraiment un deuil», déplore Danielle Fortier, 64 ans, qui fréquente le grand magasin La Baie depuis qu’elle est toute petite.
Accompagnée par une amie, c’est la seconde fois en une semaine qu’elle passe faire un tour au 585 rue Sainte-Catherine, «un mini pèlerinage», dit-elle.

«On espère qu’ils vont faire quelque chose de beau avec l’immeuble», souligne la pâtissière de formation.
Comme le Titanic
En fin de journée dimanche, il ne restait pratiquement rien sur les trois étages hormis les étalages vides, les mannequins dévêtus et les panneaux signalant les ventes de fermeture.

Certains courageux faisaient la file dans le département des bijoux, espérant dénicher quelque aubaine.

La chapelière Geneviève Dostaler était toujours sur place à quelques minutes de la fermeture, liquidant ce qu’il restait de son stock en compagnie de son fils Olivier.

«Je me sens comme l’orchestre dans le Titanic, je reste droite jusqu’à la fin», illustre celle qui occupe un espace de choix dans les locaux de La Baie d’Hudson depuis 25 ans.
En faisant faillite, la compagnie vieille de 355 ans a emporté avec elle 34 100$ revenant à Mme Dosstaler, qui figure sur la liste des créanciers.
«Je ne sais pas si on va un jour revoir cet argent-là», déplore celle qui garde de beaux souvenirs de ses années sur le plancher.
Ce n’est qu’un nouveau chapitre pour ces deux entrepreneurs puisqu’ils ont dégoté un petit local dans le Vieux-Montréal où ils poursuivront leurs affaires dès le 15 juin.
Triste moment historique
Le duo mère-fils n’était pas le seul à être atteint par l’émotion lors de ce moment historique. Les larmes montaient aux yeux des employées du grand magasin dès qu’elles étaient questionnées par Le Journal.

«La plupart d’entre nous ont des dizaines d’années d’ancienneté et on avait des clients merveilleux. C’était un plaisir de travailler ici et c’est très difficile pour nous en ce moment», témoigne l’une d’elles.
Trop chavirée par les évènements, elle n’a pas voulu donner son nom, de même que ses collègues.
À partir de 16h, les employés ont commencé à guider les clients vers la sortie, devant parfois les pourchasser pour qu’ils quittent les lieux.
«Comme tu vois, c’est un peu chaotique», lance le chef de la sécurité à la représentante du Journal alors qu’il organisait ses troupes une dernière fois. Il a demandé l’anonymat pour des raisons professionnelles.
Après avoir barré définitivement les portes du Magasin Eaton en 1999, ce sont celles de La Baie d’Hudson que ce vétéran de la sécurité a fermées avec émotion derrière les derniers clients, la famille Khalil.