C'est le temps des vacances pour les joueurs du Canadien, mais pas nécessairement pour Kent Hughes, Martin St-Louis et les entraîneurs adjoints


Jonathan Bernier
Les joueurs du Canadien ont quitté Pittsburgh vers les pays chauds. Pendant les sept prochains jours, ils pourront faire le vide, oublier ce revers de 3 à 2 et éviter de penser au hockey. Cependant, alors qu’ils contempleront les palmiers sans bananes de Santa Banana et qu’ils siroteront leur Piňata di Bravo with a lot of rhum, leurs entraîneurs et leur directeur général auront quelques pistes de solution à trouver et quelques dossiers à régler.
Protéger les avances

L’incapacité du Canadien à préserver ses avances est devenue une mauvaise habitude. Oui, le Tricolore présente un dossier de 12-0-2 lorsqu’il mène après deux périodes. Toutefois, cette statistique camoufle une triste réalité.
Sept fois depuis le début de 2024, le Tricolore a vu l’adversaire combler un déficit d’au moins deux buts au cours d’un match ou niveler la marque dans la dernière portion de la troisième période. Et ça ne compte pas la visite à Dallas où il a fallu tout le petit change des Montréalais pour éviter que les Stars ne transforment un déficit de 1 à 4 en une égalité de 4 à 4.
D’ailleurs, sur les 17 fois que le Canadien a vu l’issue de l’un de ses matchs être connue en prolongation ou en tirs de barrage, 11 fois, c’est l’adversaire qui est revenu de l’arrière. Juste en comptant ces rencontres qui ont nécessité plus de 60 minutes, on arrive pratiquement au quart de la saison.
Resserrer la défense

Évidemment, une grande partie de la solution passe par une structure défensive plus étanche. Vingt et une fois cette saison, le Canadien a accordé au moins 35 tirs à l’adversaire. De ce nombre, neuf fois, les gardiens montréalais ont été bombardés de plus de 40 lancers.
En fait, le problème n’est pas tant la structure que la capacité des joueurs à l’appliquer. Le système hybride entre une défense de zone quand la rondelle est haute dans le territoire et une défense homme à homme lorsqu’elle se retrouve plus profondément semble en mélanger plusieurs.
Limiter les revirements à la ligne bleue adverse, congestionner la zone neutre, éviter les surnombres sont autant de bonnes habitudes à prendre pour éviter de passer trop de temps dans sa zone. Ça peut être une bonne idée quand votre indice de possession de rondelle (le fameux Corsi) affiche 45,51%, bon pour le 29e rang du circuit.
Mettre un terme au ménage à trois

On ne pensait pas que ce serait un sujet de discussion aussi tard dans la saison. Et pourtant. Le ménage à trois devant le filet du Canadien perdure. Lors de son bilan de mi-saison, Kent Hughes a indiqué à mots à peine couverts que Samuel Montembeault et Cayden Primeau seraient les deux hommes masqués avec qui il irait de l’avant.
Ce qui fait de Jake Allen l’homme en trop. Bon, depuis le 31 décembre, Montembeault obtient deux fois plus de travail que ses deux coéquipiers. Néanmoins, il devrait garder les buts deux matchs sur trois, ce qui n’est pas tout à fait le cas.
Envoyer Allen sous d’autres cieux permettrait d’éviter des incongruités comme celle de samedi, où Allen a été jeté dans la mêlée même si Montembeault était en feu, jeudi. Le problème pour Hughes, c’est qu’Allen touche 3,85 M$ pour une autre saison. Il va falloir qu’une équipe soit vraiment mal prise pour faire son acquisition.
Un atout sur Marketplace

Sean Monahan est le plus bel article que Kent Hughes peut afficher sur Marketplace. Il sera intéressant de voir quel sera le prix fixé pour ses services. Plus le nombre de matchs avance, plus la valeur de l’athlète de 29 ans augmente. Un joueur de centre qui touche 1,985 M$ pour une cinquantaine de points, c’est une aubaine.
En plus, Monahan n’est pas qu’utile offensivement. Son taux de succès dans le cercle des mises en jeu (55%) et sa capacité à offrir des minutes de qualité en infériorité numérique font de lui un candidat de choix pour une équipe à qui il ne manque qu’un morceau pour compléter son casse-tête.
Avis aux directeurs généraux qui souhaitent rafler les grands honneurs (Dring! Dring! le Lightning, les Oilers, les Rangers): «Cet item est encore disponible.»
Y'a quand même de la progression
Tout n’est cependant pas sombre en ce début de vacances. Au cours des dernières semaines, on a noté de la progression, le mot à la mode chez les dirigeants du Canadien. Progression dans certaines sphères du jeu, mais également au niveau individuel.
L’attaque massive s’active

L’attaque massive du Canadien est revenue d’entre les morts au cours des deux dernières semaines. Au cours des sept derniers matchs, le Tricolore a converti sept de ses 21 supériorités numériques. Dans trois de ces matchs, l’attaque massive montréalaise a inscrit deux buts. Soit la même récurrence que lors des 42 premiers matchs de la saison.
Déplacer Cole Caufield du cercle de mise en jeu au fond du territoire semble porter ses fruits. Tout comme la confiance grandissante de Juraj Slafkovsky, qui devient une option de plus pour le quart qu’est Mike Matheson. Ajoutons à cela Monahan, qui a participé aux cinq derniers buts marqués par l’équipe avec l’avantage d’un homme.
Kaiden Guhle contre les meilleurs

Kaiden Guhle prend de plus en plus ses aises à affronter les gros canons du camp adverse. Samedi, à Pittsburgh, il en a fait une belle preuve. Il a été pratiquement impeccable dans son rôle d’ombre à Sidney Crosby. En fait, le capitaine des Penguins a dû sortir un lapin de son chapeau pour récolter une mention d’assistance dans ce match.
Le défenseur de 22 ans a toutes les qualités athlétique et intellectuelle pour accomplir ces missions. Son coup de patin et sa lecture du jeu sont à un autre niveau.
Le gros Juraj Slafkovsky

On l’a dit un peu plus haut, le Slovaque gagne en confiance. Alors qu’il n’y a pas si longtemps il cherchait surtout à remettre la rondelle à ses compagnons de trio, il hésite maintenant moins à utiliser son tir.
Il a également compris qu’il avait un bon gabarit et qu’il pouvait l’utiliser à son avantage dans les luttes pour l’obtention de la rondelle et en échec-avant. Puisqu’il est issu d’un monde où la pression en fond de territoire adverse est plutôt timide, c’est de bon augure qu’il ait saisi cette subtilité du jeu nord-américain à 19 ans.
Cole Caufield maintient sa séquence

On s’est inquiété pour lui, mais il semble avoir pris son erre d’aller. L’attaquant de 23 ans a quitté pour les vacances au cœur d’une séquence de neuf matchs avec au moins un point. Au cours de celle-ci, il a fait bouger les cordages dans cinq matchs de suite.
Au-delà de son nouvel emplacement en supériorité numérique, Caufield s’implique davantage autour du filet adverse. Il a compris que la rondelle ne viendrait pas toujours à lui, et pas toujours là où il l’attend. En passant plus de temps dans l’enclave, il a augmenté le nombre de ses occasions de marquer.