La Chambre de commerce du Montréal métropolitain sonne la fin du télétravail pour ses employés
Elle demande à son personnel qu’il revienne travailler au bureau à temps plein d'ici deux semaines


Martin Jolicoeur
Finalement, Elon Musk n’avait peut-être pas tout faux. À l’instar du patron de Twitter, la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) annonce la fin du télétravail généralisé et attend dorénavant de son personnel qu’il revienne travailler au bureau à temps complet.
La décision a été communiquée aux quelque 105 employés de la Chambre, jeudi matin. Dès le 1er mai, soit d’ici une douzaine de jours, le plus important regroupement de gens d’affaires montréalais souhaite que ses locaux du Centre du commerce mondial redeviennent, comme avant, « le lieu de travail normal de ses employés ».

« C’est en quelque sorte le retour du travail au centre-ville à temps complet, résume en entrevue son PDG, Michel Leblanc. Du temps complet, certes, mais avec toute la souplesse que l’expérience du travail à distance pendant la pandémie nous a permis d’expérimenter », nuance-t-il aussitôt.
Depuis un peu plus d’un an, la Chambre a enclenché une démarche de retour progressif de ses équipes en présentiel. Aujourd’hui, son personnel est tenu de se présenter au bureau un minimum de trois jours par semaine, dont deux sont déterminés par la direction. Au-delà de ce seuil – à partir de la quatrième journée –, les employés profitent du paiement par l’employeur de leur carte mensuelle de transport en commun.
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De la grogne au départ
« Il y a bien sûr eu de la grogne au début, reconnaît-il. Mais si certains ont menacé de partir, fait-il valoir, d’autres sont venus travailler chez nous justement parce qu’ils n’en pouvaient plus d’être isolés à la maison. Ils sont nombreux à avoir compris – particulièrement en début de carrière – que faire le choix de travailler à distance, c’est se priver d’énormément d’apprentissages, [ce] qui, à terme, risque de limiter leurs perspectives professionnelles. »

Malgré le retard observé au Québec par rapport aux autres grandes villes du pays, le grand patron de la Chambre dit ressentir un appétit des chefs d’entreprises d’ici pour un certain retour aux pratiques d’avant la pandémie. Il y a deux semaines, la Banque Royale du Canada a annoncé à ses employés du siège social de Toronto que leur présence au bureau était dorénavant requise jusqu’à quatre jours par semaine, pour préserver sa compétitivité.
Un appel aux gouvernements
Il s’attend d’ailleurs à ce que la démarche de la Chambre soit imitée par plusieurs autres entreprises au cours des prochaines semaines ou mois. Ce faisant, il invite tous les paliers de gouvernement (fédéral, provincial et municipal), particulièrement à la traîne face au secteur privé à cet égard, à adopter sans tarder des politiques pour accélérer le retour de leurs employés sur les lieux de travail.

Selon Michel Leblanc, même si les employés ont le sentiment – souvent à raison – d’offrir une prestation de travail comparable ou meilleure à ce qu’ils offraient auparavant, de plus en plus d’organisations constatent une baisse réelle de productivité de groupe et de compétitivité face à des concurrents, aux États-Unis par exemple, où le télétravail ne s’est pas répandu autant.
« Aux entreprises, je leur dis qu’il faut arrêter d’avoir peur. Vous n’allez pas perdre vos employés. Au contraire, en leur demandant de revenir au bureau, d’en faire le lieu de travail normal, vous renforcez votre culture organisationnelle, votre capacité d’intégration des nouveaux venus et aussi de rétention de votre personnel. Vous ne perdez pas, au contraire ; vous sauvegardez vos acquis et prenez les moyens afin de demeurer dans la course. »
► Selon les dernières données immobilières de la société Colliers, le taux de disponibilité des espaces de bureau dans le Quartier des affaires de Montréal s’établissait à 19,8 % au premier trimestre de 2023.