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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

«C’est désagréable pour tout le monde»: une école et un HLM sans eau potable depuis 2023 en Montérégie

Des parents et des locataires qui sont à bout de patience observent peu de progrès vers un retour à la normale

Yanna Gauthier et ses fils, Lyam et Nathan, qui fréquentent l’école Saint-Urbain. Ils tiennent leur bouteille d’eau, obligatoire à l’école depuis mars 2023.
Yanna Gauthier et ses fils, Lyam et Nathan, qui fréquentent l’école Saint-Urbain. Ils tiennent leur bouteille d’eau, obligatoire à l’école depuis mars 2023. Photo OLIVIER FAUCHER
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Photo portrait de Olivier Faucher

Olivier Faucher

2025-03-10T04:00:00Z
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Des parents d’élèves s’impatientent du fait que leur école primaire dans la Montérégie ne fournit pas d’eau potable depuis deux ans, forçant les élèves et le personnel à apporter leurs propres bouteilles d’eau et à boire à des abreuvoirs de fortune.

«Je ne vois pas pourquoi ça prend deux ans avant de faire réparer ça. Ça brette!» critique Yanna Gauthier.

Ses enfants Lyam, 9 ans, et Nathan, 11 ans, fréquentent l’école Saint-Urbain dans la municipalité de Saint-Urbain-Premier, près de Châteauguay, un établissement où on ne peut plus consommer l’eau des abreuvoirs et des robinets depuis mars 2023.

À l’époque, les parents ont été informés que l’eau, alimentée par un puits, n’avait pas passé des tests de qualité. Les normes sur la turbidité de l’eau n’étaient alors pas respectées, selon le Centre de services scolaire de la Vallée-des-Tisserands.

Bouteille obligatoire

Depuis, les abreuvoirs sont condamnés, et la centaine d’élèves inscrits doivent apporter chaque jour leur propre bouteille d’eau et la remplir à des distributeurs d’eau installés dans l’école.

Les abreuvoirs de l’école Saint-Urbain sont recouverts de sacs à ordures. Les élèves doivent opter pour une distributrice d’eau.
Les abreuvoirs de l’école Saint-Urbain sont recouverts de sacs à ordures. Les élèves doivent opter pour une distributrice d’eau. Photo tirée de FACEBOOK

«Quand un enfant oublie sa bouteille, la seule solution, c’est de boire dans un petit verre en carton», explique Jamika Denis, présidente du conseil d’établissement.

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Dominic Hébert, vice-président du syndicat de Champlain, trouve aussi que la situation s’éternise.

«Minimalement, il y a de l’eau potable offerte aux élèves et au personnel. C’est une mince consolation. Ça cause un dérangement, quand on doit sortir [de la classe] avec les élèves et aller boire. Puisqu’il y a moins de points d’eau, c’est plus complexe», dit-il.

L’établissement comprend aussi le centre communautaire de la municipalité, dont les activités sont perturbées par le problème.

«Ça complique tous les événements, les locations de salles, les activités sportives. Il y a des camps de jours l’été où les enfants ont très chaud. Il y a peu de jeux d’eau extérieurs à cause de ça», soutient Jamika Denis.

«On est irrités»

Mme Denis affirme que les premières communications ont laissé croire aux parents que le problème serait réglé grâce à des travaux durant l’été 2023.

«On est irrités. On avait l’impression au départ que la situation avait été prise en main», mais à la dernière rentrée, le conseil d’établissement a commencé à se poser des questions et à soumettre des plaintes officielles au centre de services scolaire.

Lorsque questionné par Le Journal, ce dernier a affirmé que des correctifs planifiés pour «minimiser les perturbations» causées à l’école ont été réalisés en 2023, puis en 2024.

«En novembre dernier, une série de tests supplémentaires a été prévue, et ils ont été complétés en février 2025. [...] Après analyse par nos experts, et si les résultats s’avèrent concluants, nous transmettrons les résultats au ministère de l’Environnement pour obtenir l’autorisation à reprendre la consommation de l’eau du puits», a écrit Luc Langevin, directeur des communications.

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Mais les parents s’attendent à plus, martèle Jamika Denis, qui demande un échéancier pour un retour à la normale et davantage d’informations sur les actions prises face aux problèmes au cours des dernières années.

«On sait qu’il n’y a pas d’eau, mais on ne sait rien d’autre», déplore de son côté Yanna Gauthier, peu impressionnée par la communication de l’école.

Le HLM voisin aussi affecté

Le problème d’eau d’une école de Saint-Urbain-Premier touche aussi une habitation à loyer modique (HLM), où des résidents âgés et vulnérables sont exaspérés de recevoir des avis d’ébullition à répétition.

À quelques mètres de l’école Saint-Urbain, les locataires des 10 logements d’un HLM ne peuvent plus boire l’eau du robinet depuis juillet 2023 et reçoivent chaque mois des avertissements leur rappelant qu’ils doivent faire bouillir leur eau.

«Pas d’eau, c’est comme pas d’électricité. Laver mes légumes, mes fruits, faire cuire mes pâtes, brosser mes dents, c’est beaucoup de trouble pour moi», explique Michel Roberge.

Le locataire de 70 ans vit avec une maladie pulmonaire obstructive chronique et peut à peine soulever des objets et marcher.

Il doit donc constamment «achaler des gens» pour qu’ils lui apportent de l’eau en bouteille, en attendant que le problème soit réglé dans l’immeuble où il vit.

«Désagréable pour tout le monde»

Ronald Chatelois, qui fait aussi partie des locataires affectés, est aussi tanné de voir le problème s’éterniser.

«C’est désagréable pour tout le monde. Ils nous disent que ça va changer, mais il n’y a jamais rien qui se fait, c’est ça que je ne trouve pas acceptable.»

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Ronald Chatelois, locataire d’un HLM sans eau potable à Saint-Urbain-Premier.
Ronald Chatelois, locataire d’un HLM sans eau potable à Saint-Urbain-Premier. Photo fournie par RONALD CHATELOIS

Bien qu’il soit personnellement capable de fonctionner en faisant bouillir son eau, qu’il transvase dans sa carafe Brita, il critique surtout l’impact sur ses voisins moins autonomes que lui.

«Moi, je suis encore un peu en forme. Des fois, ils [mes voisins] me demandent de rentrer des caisses d’eau. Je donne un coup de main, parce qu’il y a des gens âgés. J’ai un voisin qui a 87 ans», dit-il.

Les autorités se renvoient la balle

Annie Lemieux, directrice générale de l’Office municipal d’habitation de Beauharnois, qui supervise le HLM, convient que la situation est «épouvantable» pour ces résidents.

Elle affirme que ce sont les pluies intenses qui ont frappé la région en 2023 qui ont fait remonter de l’entérocoque dans le puits. Lorsque la bactérie a été détectée une deuxième fois lors de tests, les règles du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et de la santé publique ont forcé l’Office à procéder à un traitement et une analyse avec un ingénieur.

«Ça fait un an que nos tests sont très bons», souligne-t-elle, affirmant qu’elle attend depuis septembre que le ministère les analyse pour lever l’avis d’ébullition.

Or, le ministère soutient de son côté que l’Office doit réaliser des travaux sur le système de désinfection de l’eau du HLM, mais qu’il n’a toujours reçu aucune demande d’autorisation à cet effet.

Les locataires ne doivent donc pas s’attendre à un retour à la normale de sitôt.

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