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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Budget Girard: la CAQ, junkie de la baisse de la taxe scolaire, au lieu d’être folle de nos enfants

Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Shophika Vaithyanathasarma

Shophika Vaithyanathasarma

2025-03-26T19:30:00Z
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Avec la CAQ, c’est toujours Noël... sauf pour les enfants. Le budget présenté mardi par le ministre des Finances, Eric Girard, nous rappelle, une fois de plus, que l’éducation n’est pas la priorité de la CAQ. 

Retournons en 2018. Le gouvernement Legault vient d’être élu. Il gèle la taxe scolaire et uniformise les taux. Les propriétaires économisent alors, en moyenne, 44$ par année. C’est à peu près le prix d’une pizza large végétarienne ou toute garnie. Cool.

J’ai étudié les maths. Avec une amie, une calculatrice et à partir des plus récents documents du ministère de l’Éducation, j’ai calculé de quelle somme l’État s’était privé depuis l’adoption de cette mesure.

Roulement de tambour: en six ans, ce sont 8,41 milliards de dollars de taxe scolaire qui ne sont pas entrés dans les coffres des centres de services scolaires à cause de cette décision.

Le gouvernement doit depuis injecter plus d’un milliard de dollars chaque année pour compenser cette baisse de la taxe scolaire, ce qui n’est pas sans contribuer au déficit historique qu’on nous a annoncé mardi.

Que votre facture de taxe scolaire ait augmenté au cours des dernières années ne change rien à cette réalité: les chiffres du ministère de l’Éducation sont sans équivoque, le gouvernement de la CAQ a même dû inventer une «subvention d’équilibre fiscal» pour combler ce trou qu’il a lui-même créé (et dont on parle abondamment dans ce document qui intéressera les plus curieux).

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Autrement dit, la CAQ a échangé une école neuve chaque année contre une pizza pour les propriétaires. Et là, devinez quoi? On est dans le rouge jusqu’au cou, avec un déficit prévu de 13,6 G$ pour 2025-2026! Et où coupe-t-on en premier? Dans les services publics. Dans la rénovation des écoles et les services éducatifs. En gros, dans ce qui compte vraiment.

On parle de compressions et de coupes en éducation.

En réalité, ce n’est qu’un retour déguisé à l’austérité. Une version 2.0, sans le branding de l’ère Couillard.

Les mérites de la taxe scolaire

La taxe scolaire n’est pas parfaite. Mais, elle avait un mérite fondamental: elle finançait directement l’éducation. C’est rare, une taxe avec un retour sur l’investissement presque garanti.

Cet argent allait directement dans l’avenir de nos enfants. Chaque dollar perçu en taxe scolaire, c’est un toit moins moisi, un enfant mieux encadré, une prof qui tient le coup une semaine de plus.

Or, le gouvernement de la CAQ préfère continuer de subventionner ces baisses de la taxe scolaire. En juin dernier, Eric Girard a même dû allonger 150 M$ aux centres de services scolaires (CSS) pour tenter de compenser la perte causée par ce trou dans leur coffre.

C’est comme si Eric Girard avait crevé ses pneus pour économiser sur l’essence et qu’il avait ensuite appelé CAA... à nos frais! Un peu plus et le ministre va nous payer pour envoyer nos enfants dans des écoles en ruine...

Services publics en déroute

Personne n’est contre le fait d’avoir plus d’argent dans ses poches. Mais il faut qu’on pense aux enfants et à nos services publics.

Pas besoin d’une révolution fiscale. Juste un minimum de décence. Un peu de mémoire. Et une vision à plus de six mois. Plusieurs solutions du milieu scientifique existent.

L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) propose, entre autres, un taux unique de taxe scolaire, comme avant la réforme, juste un peu plus élevé. L’éducation aurait gagné 400 millions de dollars de plus qu’avec le modèle actuel.

Faut qu’on se réveille. L’éducation, ce n’est pas que des dépenses.

C’est un investissement, un pari sur l’avenir de nos enfants. Et ça me fend le cœur de savoir qu’on est en train de le perdre, notre pari, à cause d’un trip électoraliste, populiste et idéologique de bas taux.

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