Budget 2024: les Montréalais doivent se serrer la ceinture mais pas la Ville
L'administration Plante a déposé un budget qui frôle les 7 G$, une hausse de 3,5% par rapport à l'an dernier.

Anouk Lebel
Les Montréalais devront se serrer la ceinture, car leur compte de taxes va bondir à un taux record en 2024 pendant que l'administration Plante haussera encore ses dépenses.
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La Ville de Montréal a déposé mercredi son budget pour l'année 2024 sans Dominique Ollivier, qui a démissionné de la présidence du comité exécutif lundi dans la foulée des révélations de notre Bureau d’enquête sur ses dépenses opulentes à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).
Les propriétaires résidentiels montréalais subiront une hausse de taxe foncière moyenne de 4,9%, un record depuis 2010, pendant que le budget continue de gonfler pour atteindre près de 7 G$, une augmentation de 3,5% par rapport à l'an dernier.
«Le budget qu’on vous présente, il est responsable», a déclaré la mairesse Valérie Plante, pour qui cette hausse est «modeste et contenue» dans un contexte où «l'inflation fait des ravages» et «tout coûte plus cher».
- Écoutez l'entrevue avec Alan DeSousa, porte-parole de l’Opposition officielle en matière de finances à l’émission d’Alexandre Dubé via QUB radio :
Pas de cure minceur
Après avoir annoncé en octobre une cure minceur de 115 M$ pour l’année en cours, la Ville n’entend pas sabrer ses dépenses en 2024.
Au contraire, elles augmentent de 235 M$, particulièrement pour financer le transport en commun (+48,4 M$), la sécurité publique (+35,5 M$) et les arrondissements (+37,6 M$).
«On avait des choix difficiles à faire», a expliqué Benoît Dorais, maire du Sud-Ouest et nouveau responsable des finances. «On sait que les gens vivent des choses difficiles», a-t-il ajouté.

La mairesse a souligné que les hausses de taxes restaient en deçà de l'inflation, évaluée à 5,2% par l'Institut de la statistique du Québec au mois d'août.
Les augmentations varient selon les arrondissements.
Pour une résidence moyenne estimée à 694 541$, la nouvelle hausse de 4,9% représente une augmentation de 227$ sur le compte de taxes. L'an dernier, la hausse moyenne s'élevait déjà à 4,1%.
Mépris
L’opposition officielle à l’hôtel de ville dénonce le «mépris» de l’administration Plante envers la classe moyenne.
«Neuf pour cent en deux ans, c’est énorme. [...] La gauche caviar promet que chaque pierre doit être tournée, pour s’assurer que tout effort doit être fait, mais ce qu’on voit dans la vraie vie, c’est des dépenses, des partys», a déclaré Alan DeSousa, porte-parole d’Ensemble en matière de finances.
«Mme Ollivier n’est pas là, mais toute sa culture de dépenses est reflétée et c’est la mairesse qui porte ce budget-là», a-t-il ajouté.
Pré-électoral
«Ce n'est pas modeste», tranche Danielle Pilette, professeure de l'UQÀM spécialisée en gestion municipale.
«Il n'y a aucun réaménagement de structure, on ne voit pas de coupes importantes où que ce soit», relève l'experte. «Ça a augmenté un peu plus en prévision du prochain budget, en 2025, qui sera un budget d'année électorale», analyse-t-elle.
BUDGET DE LA VILLE DEPUIS L’ARRIVÉE AU POUVOIR DE PROJET MONTRÉAL
2017 (dernière année de Denis Coderre) – 5,2 G$
2018 – 5,47 G$
2019 – 5,71 G$
2020 – 6,17 G$
2021 – 6,17 G$
2022 – 6,46 G$
2023 – 6,76 G$
2024 – 6,99 G$