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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Brian Mulroney: un attachement profond pour le Québec et sa langue française

Ses amis d’enfance se remémorent la jeunesse du «p’tit gars de Baie-Comeau»

Un jeune Brian Mulroney devant sa maison, à Baie-Comeau, dans la neige.
Un jeune Brian Mulroney devant sa maison, à Baie-Comeau, dans la neige. Photo fournie par la famille Mulroney
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Photo portrait de Hugo Duchaine

Hugo Duchaine

2024-03-21T15:30:00Z
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À l’occasion des funérailles d’État de Brian Mulroney, qui ont lieu ce samedi 23 mars, Le Journal publie un grand dossier hommage qui vous permet de revivre des moments marquants de sa vie.


Surnommé le «p’tit gars de Baie-Comeau», Brian Mulroney est devenu le plus grand ambassadeur de sa ville natale, mais celle-ci peut à son tour se targuer d’avoir fait naître chez ce jeune anglophone un attachement profond pour le Québec et sa langue française.

Brian Mulroney est né en 1939, au sein d’une famille anglophone qui avait déménagé à Baie-Comeau pour trouver du travail. Son père, Benedict, était électricien à la papetière qui avait fondé le village. Avec ses cinq frères et sœurs, il vivait dans une modeste maison de compagnie, rue Champlain.

Portrait de la famille Mulroney vers 1949. Sa mère, Mary Irene (née O’Shea), et son père, Benedict, entourés de leurs enfants, Peggy et Olive (à l’arrière), Barbara, sur les genoux de la mère, Doreen, Gary et Brian. En médaillon : ses parents à l’extérieur de la maison familiale rue Champlain, en 1948.
Portrait de la famille Mulroney vers 1949. Sa mère, Mary Irene (née O’Shea), et son père, Benedict, entourés de leurs enfants, Peggy et Olive (à l’arrière), Barbara, sur les genoux de la mère, Doreen, Gary et Brian. En médaillon : ses parents à l’extérieur de la maison familiale rue Champlain, en 1948. Photo fournie par la famille Mulroney

Sur cette rue, les familles Lachance et Goodfellow se mélangeaient, en français ou en anglais. «Pour un bout, on ne savait plus quelle langue on parlait», se souvient son ami de longue date, Walter Bisson. Ils ont appris le français en jouant au hockey l’hiver et dans le bois l’été.Mais Claude Mineau, qui a grandi à quelques maisons de lui, se souvient aussi que ce ne sont pas toutes les familles anglophones qui avaient adopté le français aussi ouvertement que les Mulroney.

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«Il y avait des têtes carrées», dit-il à propos des familles de la rue Champlain. «Mais les Mulroney, ils étaient très sociables.»

Déjà enfant, Brian, comme l’appellent tous ses amis, était rassembleur. «C’était facile de le connaître, il aimait le monde, explique M. Bisson. À l’adolescence, l’attrait des jolies francophones n’était pas non plus étranger à sa maîtrise du français», plaisante-t-il.

PHOTO FOURNIE PAR WALTER BISSON
PHOTO FOURNIE PAR WALTER BISSON

Mais Claude Mineau, qui a grandi à quelques maisons de lui, se souvient aussi que ce ne sont pas toutes les familles anglophones qui ont adopté le français aussi ouvertement que les Mulroney.

«Il y avait des têtes carrées, dit-il à propos des familles de la rue Champlain. Mais les Mulroney, ils étaient très sociables.»

Déjà enfant, «Brian» comme l’appellent tous ses amis, était rassembleur. «C’était facile de le connaître, il aimait le monde», explique M. Bisson. À l’adolescence, l’attrait des jolies francophones n’était pas non plus étranger à sa maîtrise du français, rigole-t-il.

M. Mulroney aide son père à se préparer pour un grand événement. À 25 ans, il a vécu le décès de son père comme un traumatisme, alors qu’il terminait ses études en droit à l’Université Laval.
M. Mulroney aide son père à se préparer pour un grand événement. À 25 ans, il a vécu le décès de son père comme un traumatisme, alors qu’il terminait ses études en droit à l’Université Laval. Photo fournie par la famille Mulroney

«Il a toujours eu l’amour de Baie-Comeau dans le cœur [...] Et il aimait la mentalité et la manière de vivre des Canadiens français», croit Walter Bisson, âgé de 87 ans.

Grand rêve

Rapidement, le jeune Brian Mulroney a aussi développé un intérêt pour la politique.

«C’était une vedette locale, très impliquée, très jeune. Il gagnait des concours oratoires», relate Marc Lefebvre, à propos de ses ambitions à Ottawa.

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Aucun de ses amis d’enfance n’a été surpris de le voir aboutir à la plus haute fonction du pays, malgré ses origines modestes. Il fut d’ailleurs la première personne issue de la classe ouvrière à accéder au poste de premier ministre.

«[Être premier ministre], il avait toujours ça dans la tête, même très jeune. Il me disait: “Tu vas voir Walter, tu vas voir”», dit son vieil ami. Walter Bisson ajoute que même adolescent, Brian Mulroney entrevoyait déjà les grandes choses qu’il rêvait d’accomplir pour améliorer le Canada et le Québec.

Brian Mulroney qui fête une première victoire dans le monde de la politique étudiante à l’université St. Francis Xavier, en Nouvelle-Écosse. Selon ses amis, il a manifesté très tôt son intérêt pour la politique et il briguait déjà le poste de premier ministre dans les élections étudiantes comme celles-ci.
Brian Mulroney qui fête une première victoire dans le monde de la politique étudiante à l’université St. Francis Xavier, en Nouvelle-Écosse. Selon ses amis, il a manifesté très tôt son intérêt pour la politique et il briguait déjà le poste de premier ministre dans les élections étudiantes comme celles-ci. Photo fournie par la famille Mulroney

Il voulait notamment que le Québec occupe une grande place au sein du pays, dit-il.

«[Brian Mulroney] a montré que tout est possible dans la vie, peu importe d’où tu viens. C’est quelque chose qu’il a laissé aux gens de Baie-Comeau», estime le maire actuel, Michel Desbiens.

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Étudiant, Brian Mulroney a rencontré le premier ministre de la Nouvelle-­Écosse, Robert Stanfield, en 1957, après avoir remporté un concours oratoire.
Étudiant, Brian Mulroney a rencontré le premier ministre de la Nouvelle-­Écosse, Robert Stanfield, en 1957, après avoir remporté un concours oratoire. Photo Société historique de la Côte-Nord
Humble, chaleureux

«Je lui lève mon chapeau», lance avec fierté Claude Mineau, âgé de 82 ans, qui a suivi avec attention le parcours de son ami. Il a même voté conservateur pour lui, alors que les Mineau avaient toujours été des libéraux, dit-il.

Brian Mulroney a obtenu son diplôme de droit de l’Université Laval en 1964.
Brian Mulroney a obtenu son diplôme de droit de l’Université Laval en 1964. Photo Didier Debusschère

Même si Brian Mulroney s’est frotté aux plus grands de ce monde, il restait fidèle à ses amis d’enfance, leur donnant un coup de fil quelques fois par année.

Claude Mineau se remémore avec affection une visite officielle de l’usine où il travaillait comme machiniste. Il voyait tout le monde «se garrocher» pour serrer la main du premier ministre.

Brian Mulroney a fêté ses deux victoires électorales à Baie-Comeau, comme celle-ci, en 1988, à l’aréna de la Ville.
Brian Mulroney a fêté ses deux victoires électorales à Baie-Comeau, comme celle-ci, en 1988, à l’aréna de la Ville. Photo fournie par la famille Mulroney

«Mais quand il a tourné le coin et qu’il m’a vu, il est parti en courant sur moi. Il m’a serré dans ses bras, en disant: “c’est mon Mineau”», se souvient-il en riant.

«Brian, il parlait à tout le monde, que ce soit le gérant du moulin ou un concierge, il avait le même respect. Il était simple, humble et très chaleureux.»

Brian Mulroney n’hésitait pas à retourner à Baie-Comeau, où il a grandi, comme cette fois, en 1991, avec sa conjointe, Mila.
Brian Mulroney n’hésitait pas à retourner à Baie-Comeau, où il a grandi, comme cette fois, en 1991, avec sa conjointe, Mila. Photo d'archives

Dévoilement du buste de Brian Mulroney, 3 mai 2019. [De g à dr. :Mary-Ellen Beaulieu, Brian Mulroney, Yves Montigny, Jeremy Giles, Luc Bourassa].
Dévoilement du buste de Brian Mulroney, 3 mai 2019. [De g à dr. :Mary-Ellen Beaulieu, Brian Mulroney, Yves Montigny, Jeremy Giles, Luc Bourassa]. Photo Gérald Poirier, Société historique de la Côte-Nord

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