Brian Mulroney: un attachement profond pour le Québec et sa langue française
Ses amis d’enfance se remémorent la jeunesse du «p’tit gars de Baie-Comeau»


Hugo Duchaine
À l’occasion des funérailles d’État de Brian Mulroney, qui ont lieu ce samedi 23 mars, Le Journal publie un grand dossier hommage qui vous permet de revivre des moments marquants de sa vie.
Surnommé le «p’tit gars de Baie-Comeau», Brian Mulroney est devenu le plus grand ambassadeur de sa ville natale, mais celle-ci peut à son tour se targuer d’avoir fait naître chez ce jeune anglophone un attachement profond pour le Québec et sa langue française.
Brian Mulroney est né en 1939, au sein d’une famille anglophone qui avait déménagé à Baie-Comeau pour trouver du travail. Son père, Benedict, était électricien à la papetière qui avait fondé le village. Avec ses cinq frères et sœurs, il vivait dans une modeste maison de compagnie, rue Champlain.

Sur cette rue, les familles Lachance et Goodfellow se mélangeaient, en français ou en anglais. «Pour un bout, on ne savait plus quelle langue on parlait», se souvient son ami de longue date, Walter Bisson. Ils ont appris le français en jouant au hockey l’hiver et dans le bois l’été.Mais Claude Mineau, qui a grandi à quelques maisons de lui, se souvient aussi que ce ne sont pas toutes les familles anglophones qui avaient adopté le français aussi ouvertement que les Mulroney.
«Il y avait des têtes carrées», dit-il à propos des familles de la rue Champlain. «Mais les Mulroney, ils étaient très sociables.»
Déjà enfant, Brian, comme l’appellent tous ses amis, était rassembleur. «C’était facile de le connaître, il aimait le monde, explique M. Bisson. À l’adolescence, l’attrait des jolies francophones n’était pas non plus étranger à sa maîtrise du français», plaisante-t-il.

Mais Claude Mineau, qui a grandi à quelques maisons de lui, se souvient aussi que ce ne sont pas toutes les familles anglophones qui ont adopté le français aussi ouvertement que les Mulroney.
«Il y avait des têtes carrées, dit-il à propos des familles de la rue Champlain. Mais les Mulroney, ils étaient très sociables.»
Déjà enfant, «Brian» comme l’appellent tous ses amis, était rassembleur. «C’était facile de le connaître, il aimait le monde», explique M. Bisson. À l’adolescence, l’attrait des jolies francophones n’était pas non plus étranger à sa maîtrise du français, rigole-t-il.

«Il a toujours eu l’amour de Baie-Comeau dans le cœur [...] Et il aimait la mentalité et la manière de vivre des Canadiens français», croit Walter Bisson, âgé de 87 ans.
Grand rêve
Rapidement, le jeune Brian Mulroney a aussi développé un intérêt pour la politique.
«C’était une vedette locale, très impliquée, très jeune. Il gagnait des concours oratoires», relate Marc Lefebvre, à propos de ses ambitions à Ottawa.
Aucun de ses amis d’enfance n’a été surpris de le voir aboutir à la plus haute fonction du pays, malgré ses origines modestes. Il fut d’ailleurs la première personne issue de la classe ouvrière à accéder au poste de premier ministre.
«[Être premier ministre], il avait toujours ça dans la tête, même très jeune. Il me disait: “Tu vas voir Walter, tu vas voir”», dit son vieil ami. Walter Bisson ajoute que même adolescent, Brian Mulroney entrevoyait déjà les grandes choses qu’il rêvait d’accomplir pour améliorer le Canada et le Québec.

Il voulait notamment que le Québec occupe une grande place au sein du pays, dit-il.
«[Brian Mulroney] a montré que tout est possible dans la vie, peu importe d’où tu viens. C’est quelque chose qu’il a laissé aux gens de Baie-Comeau», estime le maire actuel, Michel Desbiens.

Humble, chaleureux
«Je lui lève mon chapeau», lance avec fierté Claude Mineau, âgé de 82 ans, qui a suivi avec attention le parcours de son ami. Il a même voté conservateur pour lui, alors que les Mineau avaient toujours été des libéraux, dit-il.

Même si Brian Mulroney s’est frotté aux plus grands de ce monde, il restait fidèle à ses amis d’enfance, leur donnant un coup de fil quelques fois par année.
Claude Mineau se remémore avec affection une visite officielle de l’usine où il travaillait comme machiniste. Il voyait tout le monde «se garrocher» pour serrer la main du premier ministre.

«Mais quand il a tourné le coin et qu’il m’a vu, il est parti en courant sur moi. Il m’a serré dans ses bras, en disant: “c’est mon Mineau”», se souvient-il en riant.
«Brian, il parlait à tout le monde, que ce soit le gérant du moulin ou un concierge, il avait le même respect. Il était simple, humble et très chaleureux.»

![Dévoilement du buste de Brian Mulroney, 3 mai 2019. [De g à dr. :Mary-Ellen Beaulieu, Brian Mulroney, Yves Montigny, Jeremy Giles, Luc Bourassa].](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F64829_068222d2c04c22-e13a-48e2-b76c-f03d8bc7d2b1_ORIGINAL.jpg%3Fh%3D3983%26impolicy%3Dcrop-resize%26w%3D5968%26width%3D1600%26x%3D0%26y%3D0&w=3840&q=75)
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