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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Brasser le Québec à 15% dans les sondages

Le premier ministre du Québec, François Legault
Le premier ministre du Québec, François Legault Photo Martin Chevalier
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Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2025-10-03T04:00:00Z
2025-10-03T04:15:00Z
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Continuons sur l’image de la boxe, puisque François Legault s’est lui-même personnifié en Rocky ces derniers jours.

C’est moins à Stallone que Legault ressemble que tout simplement à un boxeur exténué, les bras lourds, face à un adversaire intraitable qui nous affecte tous: le temps.

Dans les cordes, il décide alors de lancer les coups les plus forts possible, sans réelle coordination et stratégie.

En dehors d’Hollywood, ce genre de contre-offensive Cendrillon finit rarement bien.

«Ça va brasser»

On sent bien que, depuis son remaniement ministériel, le PM veut «brasser» le Québec.

Pour ce faire, il s’en prend frontalement à des cibles utiles: chefs syndicaux, fonctionnaires, écologistes, islamistes radicaux.

En jouant un va-tout, le PM espère une sorte de mêlée générale, une réaction sociale forte et un peu de chaos, pour ensuite se présenter comme le rempart pour la loi, l’ordre et le bon gouvernement.

Vrai que des débordements syndicaux existent. Vrai que les syndicats s’éparpillent dans des causes loin de la défense des travailleurs. Faux, en revanche, qu’un coup de massue du ministre Jean Boulet, dictant les règles internes d’un syndicat, changera quoi que ce soit, si ce n’est engendrer le désordre.

Vrai que la laïcité mérite des resserrements. Faux qu’un gâteau étagé avec, chaque semaine, de nouvelles mesures, rapidement pensées, protégera le Québec des «assauts d’islamistes radicaux».

Vrai que la bureaucratie québécoise et sa surréglementation rendent l’État inerte. Faux que supprimer des postes à la hâte tout en garantissant que l’État donnera les mêmes services réglera son inefficacité.

L’autorité morale

Je comprends la CAQ de vouloir changer sa trajectoire. Certaines décisions seront peut-être bénéfiques.

Néanmoins, il demeure difficile de voir ce qui peut ressortir de positif de ces solutions tape-à-l’œil, réfléchies pour plaire momentanément à des électeurs, qui risquent de créer du désordre social à un an des élections et émanent d’un gouvernement à 15% dans les sondages.

Difficile d’ouvrir plusieurs fronts quand on est aussi décimé et sans l’autorité morale d’autrefois.

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