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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Le Québec souffre d’obésité bureaucratique morbide

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Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2024-05-14T19:30:00Z
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Le dossier du Journal à propos de la rémunération des fonctionnaires nous rappelle une chose simple: notre société, comme toutes les autres sociétés occidentales, est victime d’obésité bureaucratique morbide.

L’appareil étatique s’est développé au fil des ans sans que personne ne le souhaite vraiment, sans qu’on ne comprenne exactement le mécanisme de cette expansion.

Mais de temps en temps, nous prenons conscience du monstre administratif engendré, ou du moins, qui s’est développé à la défaveur de la société dans son ensemble.

Je rappelle, sans m’y attarder, car je tiens cela pour acquis, qu’une société trop bureaucratisée est une société exagérément contrôlée, enfermée dans un carcan réglementaire et normatif qui tue l’initiative.

Bureaucratie

La classe des bureaucrates, par définition, et comme toute classe sociale, veut étendre son emprise sur la société, à travers les institutions qu’elle contrôle. Elle cherche aussi naturellement à s’étendre sans cesse, en inventant des raisons pour son expansion.

On l’aura compris, à l’intérieur de la bureaucratie se reconstitue une aristocratie d’un genre nouveau, entre les fonctionnaires les plus élevés, disposant de privilèges immenses, et les plus petits fonctionnaires, dont les possibilités d’avancement sont moins grandes, mais qui ont au moins, s’ils sont chanceux, la promesse de la sécurité d’emploi et d’autres avantages qui ne sont pas négligeables.

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Pour le dire avec les mots d’un autre temps, on y trouve une nomenklatura surpayée, et une petite bourgeoisie du service public.

La bureaucratie a toutefois cela de très particulier qu’elle ne produit pas de richesses elle-même, et ne se maintient qu’en ponctionnant celles produites par les catégories sociales non étatiques, qui engendrent de la richesse, dont la situation économique ne dépend pas directement de l’État.

  • Écoutez la revue de l’actualité commentée par Alexandre Dubé et Mathieu Bock-Côté via QUB :

La logique de l’étatisme est indissociable du fiscalisme: l’État doit toujours ponctionner davantage les contribuables pour entretenir sa machine, qui lui échappe. Il doit imposer, taxer, tarifer. C’est ce que j’appelle le braquage fiscal. On pourrait aussi parler de cannibalisme fiscal. Le commun des mortels est étranglé, et s’il a le malheur de s’en désoler, on l’accuse évidemment d’égoïsme, on le culpabilise moralement.

Mais malgré tout ce qu’il récolte, année après année, il n’a jamais assez d’argent, fait des déficits monstrueux, accumule une dette abyssale, qui grève les finances publiques.

Ce phénomène est accentué par le dérèglement de la logique redistributrice, qui se réclame de la redistribution de la richesse pour se donner des airs généreux, mais qui, très concrètement, pousse les lobbies les plus puissants à réclamer une part toujours plus grande de l’argent public. Il s’agit de faire passer ces revendications à satisfaire pour des droits sociaux fondamentaux.

Appauvrissement

Qu’on se comprenne bien: l’État a un rôle à jouer dans bien des domaines et pour cela, il doit compter sur du personnel compétent, et pour cela bien payé. Il doit toutefois le repenser.

Car la crise de l’obésité bureaucratique est structurelle. Tant que le pouvoir n’en aura pas pris pleinement conscience, il s’entêtera dans un modèle qui appauvrit tout le monde, sauf la caste technocratique qui en profite directement.

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