Braquage d’un camion blindé: ils se sont enfuis avec 110 000$


Camille Payant
Deux voleurs d’expérience aux prises avec des problèmes d’argent ont été reconnus coupables d’avoir volé un butin de 110 000$ lors du braquage d’un camion blindé devant une banque montréalaise en 2021.
Côte à côte dans le box des accusés vitré, Ghislain Bouffard et Eugene Fengstad ont paru renfrognés en entendant le juge confirmer qu’ils étaient bel et bien les voleurs qui ont frappé devant une succursale de la Banque TD du quartier Parc-Extension en octobre 2021.
«Ceux-ci étaient bien préparés», a souligné le juge Christian M. Tremblay au palais de justice de Montréal.
Deux agents de GardaWorld, François Mackay et Jonathan Rhéaume, venaient de sortir de leur véhicule blindé avec un sac contenant 110 000$ afin de remplir un guichet automatique lorsqu’ils ont été aspergés de gaz irritant.
Bouffard, 49 ans, a ordonné à l’agent Mackay de lui remettre son arme chargée. Fengstad, qui était armé d’un pistolet ou d’un revolver, s’est précipité sur son collègue, Rhéaume.
«Quelques secondes plus tard, j’ai entendu une détonation provenant de mon arme à feu», avait témoigné François Mackay au procès l’été dernier.
Jonathan Rhéaume a été atteint par des éclats de la balle qui aurait été tirée vers le trottoir. Aucune preuve ne démontre que le coup de feu était volontaire.
Fuite
Les deux accusés se sont enfuis en courant vers une ruelle adjacente, emportant avec eux le butin. Le pistolet de l’agent Mackay n’a jamais été retrouvé.
Les enquêteurs ont réussi à retrouver Ghislain Bouffard en observant sa Mazda 3 bleue 2005 sur des caméras de surveillance avant le vol et après celui-ci.
Et pendant la même période, «Fengstad a communiqué à de nombreuses reprises avec l’un ou l’autre des trois numéros de téléphone cellulaire associés à Bouffard», mentionne-t-on dans la décision étoffée.
Lors d’une perquisition à l’appartement de Bouffard 10 jours après le vol, les enquêteurs ont retrouvé dans ses poches de pantalon sept billets neufs de 100$.
Fengstad, 71 ans, a été arrêté quelques jours plus tard par le Groupe d’intervention tactique alors qu’il marchait au centre-ville. Une fois dans l’autopatrouille, l’accusé a demandé à être menotté à l’avant et a profité d’un moment d’inattention des policiers pour fouiller dans ses poches et lancer huit billets au sol.
«Ce geste traduit de toute évidence le sentiment de culpabilité qui l’habitait alors [car] ces billets font partie du même lot de fabrication que ceux retrouvés chez Bouffard», a précisé le juge Tremblay.
À cette époque, les deux accusés avaient des problèmes financiers. Bouffard était notamment en retard de quelques mois dans le paiement de son loyer.
«Il peut s’agir là d’un mobile pour commettre un vol», estime le juge Tremblay.
Les accusés n’en étaient pas à leur premier braquage de banque.
Plusieurs antécédents
Au début des années 2000, Bouffard a écopé de près de 10 ans de pénitencier après avoir participé à une dizaine de vols qualifiés.
Fengstad, de son côté, avait écopé d’une sentence à vie pour avoir cambriolé un convoyeur de fonds à Vancouver en 1989. Il avait alors tiré le garde à la gorge avant de lui voler un sac d’argent.
Les deux voleurs d’expérience seront de retour en cour en octobre pour la suite des procédures.