Branle-bas de combat pour amadouer Trump

Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | C'était le branle-bas de combat jeudi pour éviter une première salve de tarifs de l’administration Trump qui semble inévitable ce samedi.
Les premiers signes semblaient pourtant encourageants.
La Maison-Blanche soutenait que le coup de massue est évitable si nous nous magnions à la frontière.
Ce à quoi nous avons répondu avec une démonstration près des lignes américaines, jeudi.
Deux hélicoptères, des drones, des chiens de détection font partie du paquet de mesure d’une valeur de 1,3 milliard sur 5 ans que le fédéral a annoncés en décembre.
Quand on y pense, le montant supplémentaire n’est pas énorme pour patrouiller une frontière de 9000 km.
Il fallait surtout agir rapidement pour avoir quelque chose à offrir à celui qui vient d’établir domicile pour une deuxième fois au sud de la frontière.

En présentant nos nouveaux outils de travail, un porte-parole de la GRC a offert un constat en retrait de la politique, des déclarations fracassantes et des menaces.
Un constat clair et lucide, plus proche des faits et de la réalité, sur l’état du trafic de fentanyl et de migrants qui traversent du Canada vers les États-Unis.
«On veut envoyer le message aux Américains qu'on prend ça très au sérieux, mais restons réalistes et regardons la situation. Et la situation est absolument sous contrôle en ce moment», a déclaré Charles Poirier, qui avait derrière lui un mythique hélicoptère Black Hawk.

Toutefois, cette démonstration n'a pas semblé impressionner l'occupant de la Maison-Blanche qui a réitéré son intention d'aller de l'avant dès samedi avec des droits de douanes de 25 % sur nos produits.
Le Mexique aussi s’affaire à démontrer concrètement qu’il entend les préoccupations de la Maison-Blanche.
Les autorités effectuent des travaux pour sceller un tunnel clandestin découvert à la frontière américaine au Texas. Ils ont aussi accepté de reprendre chez eux des migrants, qu’ils soient mexicains ou non.
À quelques heures de possibles tarifs, trois ministres fédéraux étaient à Washington jeudi pour faire valoir la position canadienne.
Les ministres des Affaires étrangères, Mélanie Joly, de l’Immigration, Marc Miller et de la Sécurité publique, David McGuinty, tentaient désespérément de rencontrer ensemble et rapidement le tsar de la frontière, Tom Homan.
On nous assure que le fédéral est prêt pour samedi. Des ministres et fonctionnaires sont sur le pied de guerre, prêts à réagir au besoin.
Ottawa a promis d’importants tarifs en représailles.
Le Canada croit que les faits sont de son côté. La taille des problèmes à la frontière et du déficit commercial américain avec le Canada ne justifie pas ce genre de menaces de tarifs.
Ce serait comme tuer une mouche avec un marteau.
Le problème pour Donald Trump, c’est que la mouche ne serait pas la seule victime dans cette affaire.
L’économie américaine aussi en porterait la marque.