Boycotter les produits américains, une tendance qui s’essouffle?

Samuel Roberge
Certains Québécois tiennent mordicus au boycottage des produits américains après plusieurs mois de guerre commerciale avec les États-Unis. Pourtant, si un effort notable a été observé dans le secteur agroalimentaire, Amazon demeure néanmoins en tête des ventes en ligne au Québec. Cet élan de solidarité économique est-il encore solide ou commence-t-il à s’essouffler?
«Je trouve ça ridicule», lance Yannick Ménard, un citoyen de Granby, lors d’un appel à l’émission d’Isabelle Perron, diffusée lundi sur QUB radio et télé, et simultanément sur les ondes du 99,5 FM Montréal.
«C’est sûr que si on pointe des produits canadiens, moi, ça fait mon affaire. Je vais être bien content. Mais de dire que je sélectionne, que je boycotte, non», explique M. Ménard.
À ses yeux, le mouvement de boycottage est voué à être temporaire. Les consommateurs retourneront tôt ou tard à leurs habitudes de consommation.
«Je pense à ma poche avant tout», ajoute-t-il.
Et c’est justement le prix qui finira par guider les choix des Québécois, selon lui, une opinion partagée par Benoit Therrien, président de Truck Stop Québec, présent dans les studios de QUB.
«Je pense que Yannick a parfaitement raison, indique-t-il. Je pense qu’à un moment donné aussi, le prix fait parler aussi notre achat.»
M. Therrien cite en exemple le coût des fraises du Québec, parfois plus élevé que celui des fraises californiennes, malgré les milliers de kilomètres que ces dernières doivent parcourir avant d’être vendues ici.
«Ça me fascine encore», réagit-il.
Selon Nancy Chapadeau, spécialiste en agroalimentaire et fondatrice de Chapados Expertise Inc., cet écart de prix demeure «un grand mystère».
Elle avance toutefois une explication: les salaires versés aux travailleurs agricoles au Québec.
«Ici, le salaire est beaucoup plus élevé pour nos travailleurs que dans d’autres pays. Juste pour se loger, notamment, ça nous prend un plus haut salaire. Je pense que c’est une question de prix à la source, au niveau de la récolte, qui pourrait affecter le prix des fraises du Québec», mentionne-t-elle.
Mais cela n’empêche pas Stéphane, un autre auditeur qui s’est joint à la conversation via la tribune téléphonique, de poursuivre son boycottage.
«Moi, tant que Trump va être dans le Bureau ovale, je ne veux rien savoir [des produits américains]», dit-il d’emblée.
Il raconte même qu’il remet des fruits et légumes dans les rayons dès qu’il constate qu’ils proviennent des États-Unis.
«J’encourage les produits locaux, poursuit-il. Ils parlaient des fraises, tantôt, qui n’étaient vraiment pas chères. Avez-vous goûté aux fraises du Québec versus les fraises américaines? Les fraises américaines, ça goûte l’eau. Ça ne goûte rien. C’est incroyable!»
Mme Chapadeau note d’ailleurs de son côté une baisse de près de 6% des achats de produits dans le secteur agroalimentaire.
«C’est sûr que ça a l’air peu, mais moi, je trouve que c’est quand même significatif», souligne-t-elle.
• Sur le même sujet, regardez ce podcast vidéo tiré de l'émission de Karima Brikh, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Pendant ce temps, Amazon continue de dominer le commerce en ligne au Canada. Selon les données publiées en mai 2025 par l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval, 85% des cyberacheteurs interrogés ont effectué au moins un achat sur Amazon en 2024.
La plateforme fondée par Jeff Bezos devance largement ses concurrents: Temu (25%), Walmart (24%), Shein (21%) et Costco (19%).
Voyez le segment intégral à l’émission d’Isabelle Perron dans la vidéo ci-haut.