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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Boris Johnson donne sa démission comme chef du Parti conservateur

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AFP

2022-07-07T09:21:40Z
2022-07-07T15:04:27Z
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Usé par les scandales, affaibli par une série de démissions sans précédent, le premier ministre britannique Boris Johnson s’est finalement résolu jeudi à quitter le pouvoir, en annonçant sa démission en tant que chef du Parti conservateur. 

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«C’est clairement la volonté du Parti conservateur qu’il y ait un nouveau leader et donc un nouveau premier ministre», a-t-il déclaré lors d’une allocution de six minutes devant Downing Street, se disant «triste» de quitter «le meilleur travail au monde».

Mais s’il a démissionné, M. Johnson a affirmé qu’il resterait premier ministre jusqu’à ce que son successeur soit désigné, le calendrier pour l’élection d’un nouveau leader conservateur devant être précisé la semaine prochaine.

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Après trois années au pouvoir, marquées par le Brexit, la pandémie, l’invasion russe en Ukraine et une inflation record, Boris Johnson a été poussé vers la sortie par son propre camp conservateur lassé des scandales, après une soixantaine de démissions en cascade depuis mardi.

Reconnaissant son échec, M. Johnson a néanmoins jugé «dingue» que son gouvernement ait voulu se débarrasser de lui.

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Mais des voix se font déjà entendre pour qu’il quitte Downing Street sans attendre la désignation d’un nouveau dirigeant.

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La majorité des Britanniques (56%) partagent cette opinion selon un sondage YouGov.

«Pour le bien-être du pays, M. Johnson ne doit pas rester à Downing Street [...] plus longtemps que nécessaire», a écrit John Major, premier ministre conservateur de 1990 à 1997.

«Nous n’avons pas besoin d’un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d’un vrai changement de gouvernement», avait peu avant fait valoir le chef de l’opposition, Keir Starmer.

Personne ne peut «regarder Boris Johnson et conclure qu’il est capable de se comporter en premier ministre intérimaire», a affirmé la cheffe des indépendantistes écossais, Nicola Sturgeon. Il «va inévitablement causer encore plus de chaos».

  • Regardez Guillaume Lavoie en parler lors de son émission avec un expert de la politique britannique, Samuel Lemire, à QUB radio:  

Le départ de M. Johnson est «une opportunité de revenir à l’esprit véritable du partenariat et du respect mutuel dont nous avons besoin», a de son côté estimé le premier ministre irlandais, Micheál Martin, au moment où les relations entre Dublin et Londres sont tendues au sujet de l’Irlande du Nord.

De son côté, la présidence ukrainienne a remercié Boris Johnson pour son soutien «dans les moments les plus difficiles». Le chef de l’État, Volodymyr Zelensky, l’a joint par téléphone pour lui exprimer sa «tristesse».

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«Il était temps!»

D’une popularité jadis inoxydable, Boris Johnson avait sombré dans les enquêtes d’opinion, et 77% des Britanniques ont estimé jeudi qu’il avait eu raison de démissionner (d'après un sondage YouGov).

Le mois dernier, il avait échappé à un vote de défiance, 40% des députés conservateurs refusant cependant de lui accorder leur confiance.

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«Il était temps! Sérieusement, avait-on déjà vu quelqu’un de si arrogant, ignorant, délirant?» a estimé Helen Dewdney, 53 ans, employée interrogée par l’AFP à Londres.

«Voilà ce qui se passe quand vous avez un premier ministre qui n’a aucun scrupule», a réagi Cletus Morraies, 51 ans. «Mensonges après mensonges [...] pour moi, il a trahi le pays».

Les démissions et les appels au départ s’étaient poursuivis jusqu’à son annonce jeudi, alors que Downing Street annonçait une série de nominations pour remplacer les ministres et secrétaires d’État démissionnaires.

Mercredi soir encore, plusieurs ministres s’étaient rendus à Downing Street pour essayer, en vain, de convaincre Boris Johnson de démissionner étant donné qu'il avait perdu la confiance du Parti conservateur.

«Bye Boris»

Mais le premier ministre de 58 ans s’était accroché en affirmant qu’il avait un «mandat colossal» à accomplir. Il était même allé jusqu’à limoger par téléphone mercredi soir le ministre qui avait été le premier à lui conseiller de démissionner, Michael Gove.

Le mécontentement couvait depuis des mois, nourri notamment par le scandale des fêtes illégales à Downing Street pendant le confinement anti-COVID alors que les Britanniques devaient respecter des règles très strictes.

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Boris Johnson, connu pour ne pas être à un mensonge près, avait varié dans ses explications, provoquant la frustration puis la colère des élus conservateurs dans un pays confronté à une inflation record de 9% et à des mouvements sociaux.

La démission mardi soir du ministre des Finances, Rishi Sunak, et du ministre de la Santé, Sajid Javid, avait sonné l’hallali du premier ministre, après un énième scandale sexuel impliquant le whip adjoint, chargé de la discipline des députés conservateurs, que M. Johnson avait nommé en février, «oubliant» des accusations passées du même type.

Un sondage YouGov auprès des membres du Parti conservateur donne le ministre de la Défense, Ben Wallace, favori pour lui succéder.

Écoutez Guillaume Lavoie au micro de Patrick Déry sur QUB radio :

«Personne n’est indispensable»: le discours de démission de Boris Johnson 

Boris Johnson a annoncé jeudi sa démission comme chef du Parti conservateur, ouvrant la voie à la nomination d’un nouveau premier ministre.

Voici les principaux points de son discours de six minutes, prononcé devant sa résidence de Downing Street, avec à ses côtés quelques membres de son gouvernement et députés conservateurs venus lui montrer leur soutien.

Sur sa démission  

«C’est clairement la volonté du Parti conservateur qu’il y ait un nouveau leader et donc un nouveau premier ministre.»

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«La procédure pour choisir un nouveau dirigeant doit démarrer maintenant, et le programme sera annoncé la semaine prochaine. J’ai nommé un nouveau gouvernement qui sera en poste, tout comme moi, jusqu’à ce que le nouveau dirigeant soit en place», a-t-il détaillé.

Sur les derniers jours  

«La raison pour laquelle je me suis tellement battu ces derniers jours pour continuer ce mandat en personne, c’est non seulement parce que je le voulais, mais parce que je pensais que c’était mon travail, mon devoir, mon obligation envers vous de continuer à faire ce que nous avions promis en 2019.»

«Ces derniers jours, j’ai essayé de convaincre mes collègues qu’il serait idiot de changer de gouvernement alors que nous réalisons autant de choses, que nous avons un mandat aussi vaste et que nous n’avons que quelques points de retard dans les sondages», a-t-il affirmé.

«Je regrette de ne pas avoir réussi» à les convaincre.

Sur son bilan 

«Je suis immensément fier des réalisations de ce gouvernement: d’avoir réalisé le Brexit, réglé nos relations avec le continent [...], redonné le pouvoir à ce pays de faire ses propres lois», a-t-il affirmé.

Le premier ministre s’est également félicité d’avoir réussi à «faire en sorte que le pays traverse la pandémie en mettant en place la campagne de vaccination la plus rapide d’Europe, le déconfinement le plus rapide».

Il a aussi mentionné son action pour soutenir Ukraine après l’invasion russe. «Laissez-moi affirmer au peuple d’Ukraine que je sais que nous, au Royaume-Uni, continuerons de soutenir votre combat pour la liberté aussi longtemps qu’il le faudra.»

Sur le prochain dirigeant  

«En politique, personne n’est indispensable», a-t-il affirmé.

«Au prochain dirigeant, je dis que je lui donnerai tout le soutien qu'il me sera possible de lui apporter, peu importe qui il ou elle sera.»

Aux Britanniques  

«Je veux dire aux millions de gens qui ont voté pour nous en 2019, dont beaucoup pour la première fois: merci pour ce mandat incroyable.»

«Je veux que vous sachiez à quel point je suis triste d’abandonner le meilleur job du monde. Mais c’est la vie.»

«Je sais que beaucoup seront soulagés [par mon départ] et peut-être que quelques-uns seront déçus», a-t-il ajouté alors que près de 7 électeurs sur 10 demandaient qu’il quitte le pouvoir, selon un récent sondage.

«Être premier ministre est une éducation en soi. J’ai voyagé partout au Royaume-Uni [...] et je sais que, même si les choses paraissent parfois sombres, notre avenir ensemble est en or.»

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