Boris Johnson: le «partygate» n’est pas fini


Normand Lester
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a survécu à un vote de défiance des députés de son parti. Cette mutinerie conservatrice augure une période d’instabilité politique en Grande-Bretagne. Johnson va devoir se battre pour rester au pouvoir.
Il a gagné par 211 voix contre 148. Il suffirait donc que 32 autres députés perdent confiance en lui lors d’un prochain vote pour le chasser du pouvoir.
Le vote a montré à quel point son soutien dans le parti et dans la population s’est érodé depuis l’année dernière.
Le scandale du « partygate » a révélé qu’il avait organisé des soirées arrosées qui violaient les règles de son propre gouvernement sur la pandémie alors que le reste du pays était forcé de rester enfermé chez lui. Son hypocrisie flagrante, à l’encontre du « fair-play » britannique, fut jugée odieuse.
Boris Johnson — un ancien journaliste — est un sociopathe égocentrique, un menteur compulsif et pathologique. Comme Donald Trump. La seule chose qui compte pour lui, c’est de gagner par tous les moyens, éthiques ou pas.
Un récent sondage indique que les conservateurs accusent un retard d’une dizaine de points sur les travaillistes. Et 59 % des répondants voulaient que Johnson soit démis de ses fonctions.
Il a été bruyamment hué par la foule à la cathédrale Saint-Paul lorsqu’il a assisté aux célébrations du jubilé de la reine.
Jours critiques à venir pour Boris
On verra aujourd’hui, lors de la période des questions aux Communes, si des députés conservateurs se lèveront pour exiger sa démission.
Des députés rebelles entendent même paralyser le processus législatif afin d’empêcher Johnson de réaliser son programme électoral.
Si Johnson survit cette semaine, il fera face à de nouvelles turbulences le 23 juin lorsque deux élections partielles seront probablement de lourdes défaites pour les conservateurs et détérioreront encore plus son leadership.
Johnson pourrait d’ailleurs être l’objet d’un deuxième vote de défiance dans les six mois. En principe, un chef conservateur qui remporte un vote de confiance ne peut être récusé pendant 12 mois. Mais les règles peuvent être modifiées. Selon un haut responsable conservateur, c’est en train d’être examiné.
Après Thatcher et May, Johnson
L’histoire montre que les premiers ministres conservateurs qui ont été soumis à un tel vote de défiance — même s’ils le gagnent — sont généralement chassés de leurs fonctions dans les mois qui suivent. Boris Johnson y a obtenu un moins bon score que ses prédécesseures, Theresa May en 2018 et Margaret Thatcher en 1990.
Mme May a été expulsée six mois plus tard après des pressions incessantes des dirigeants et de membres du parti. Mme Thatcher n’a duré que quelques jours : son cabinet s’est retourné contre elle. Est-ce le sort qui attend Johnson ?
Les chiffres des sondages sont tellement négatifs que même le parieur qu’est Boris Johnson ne voudrait pas risquer de déclencher des élections générales anticipées. Le public lui ferait certainement encore moins confiance que les députés de son parti.