Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Bordel informatique SAAQclic: Legault a été irresponsable et non «berné»

Photo d’archives, STEVENS LEBLANC
Partager
Photo portrait de Jean-Nicolas Blanchet

Jean-Nicolas Blanchet

2025-02-26T15:30:00Z
Partager

Si ton enfant vient te voir avec la face pleine de chocolat et qu’il te dit qu’il n’a pas mangé de chocolat, ça se peut que tu aies de la misère à le croire. Et tu ne diras pas que ton enfant t’a berné. La CAQ avec les ratés de SAAQclic, ça ressemble à ça.

Le projet informatique derrière SAAQclic, c’était à la base le deuxième plus coûteux de l’histoire du Québec (et il a finalement coûté le double de ce qui était prévu). Il a été lancé alors que le gouvernement provincial multipliait les dépassements de coûts et que les problèmes de corruption dans le monde des technologies de l’information se répétaient. Même l’UPAC devait se mêler de plusieurs projets.

Dès 2018, Le Journal publiait un reportage pour sonner l’alarme sur ce mégaprojet informatique de la SAAQ . Déjà, des sources nous racontaient que ça risquait de mal virer et de coûter deux fois plus cher. Le nouveau grand patron informatique de la SAAQ, Karl Malenfant, avait déjà mené un gros projet semblable chez Hydro-Québec et ça avait viré en catastrophe avec des explosions de coûts de 50%.

Les lumières rouges ignorées

Bref, tout était réuni et toutes les lumières rouges étaient allumées, quand François Legault est arrivé au pouvoir en 2018, pour que ce projet informatique mérite beaucoup, beaucoup, beaucoup d’attention, au nom des finances publiques.

Publicité

Surtout que François Legault et le grand shérif Éric Caire, dans l’opposition, ont décrié sans relâche les dérapages en informatique quand le PLQ était au pouvoir.

J’ai vu Éric Caire, quand il était dans l’opposition, critiquer véhément le PDG de Revenu Québec Éric Ducharme pour sa gestion. Ce dernier est devenu directeur général de la SAAQ avec la CAQ au pouvoir.

Photo STEVENS LEBLANC
Photo STEVENS LEBLANC

Autrement dit, quand la CAQ est rentrée au pouvoir, c’était pas mal toujours le même monde qui a continué de gérer les projets informatiques des ministères et organismes. Le même monde que la CAQ dénonçait lorsqu’elle était dans l'opposition. La CAQ connaissait ces personnes, pour les avoir critiquées haut et fort.

Je n’ai pas fait un doctorat en gestion. Mais il me semble que lorsqu’on est embauché pour faire le ménage et redresser une entreprise, si on ne peut limoger personne, la première chose à faire, c’est d'être aux aguets. Et surtout, de surveiller attentivement le plus gros projet de l’entreprise.

Le gouvernement est imputable

C’était au gouvernement de surveiller attentivement le projet SAAQclic. C’était la moindre des choses à faire. François Legault et ses ministres connaissaient très bien les risques.

De prétendre qu’ils ont été bernés ou qu’on leur a menti, comme le gouvernement continue de le faire en se basant sur le rapport de la Vérificatrice générale, c’est comme croire l’enfant avec la face recouverte de chocolat. Tout était là pour que le gouvernement ait des doutes, qu’il soit sur ses gardes et s’assure que le projet ne parte pas en vrille. La responsabilité appartient aux élus et à personne d'autre.

Si le gouvernement était au courant et qu'il n'a rien fait, c’est choquant. Mais s’ils ont été trompés, ce ne l’est pas moins, à mon avis. Parce qu'ils auraient dû le savoir.

Les gouvernements ne s’intéressent pas aux complexités des technologies de l’information. Ce n’est pas sexy. C'est plate politiquement. Ce n’est pas d’hier et ça ne semble pas avoir changé malgré nos milliards de dollars qui s’envolent.

*L’auteur de cette chronique a été journaliste d’enquête affecté à la couverture des dépenses publiques en informatique de 2012 à 2017. Il a créé la rubrique Bordel informatique qui a permis de lever le voile sur des explosions de coûts et des malversations dans le domaine des technologies de l’information. Il s’est ensuite joint à la direction du Journal en plus de signer des chroniques dans la section des sports.

Publicité
Publicité