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L'article provient de TVA Nouvelles

Bon pour les affaires, ce réarmement global est terrifiant

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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-09-18T04:00:00Z
2025-09-18T04:20:00Z
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Vous me traiterez de pacifiste naïf, mais le réarmement mondial, auquel le Québec compte vivement participer, a pour moi quelque chose de terrifiant.

Peut-être est-ce parce que je suis né dans l’atmosphère peace and love de 1968? Et que j’ai grandi dans les années 1980, au cours desquelles le mur de Berlin est tombé, comme le Rideau de fer? Lorsque Reagan et Gorbatchev signaient des traités de désarmement, avant que l’URSS ne s’effondre?

Lorsque, aux nouvelles, on voyait des armes et engins de guerre russes, ils étaient souvent en train de rouiller.

Monde dangereux

D’accord, le monde d’aujourd’hui est de plus en plus dangereux. L’agression russe en Ukraine participe du rêve poutinien visant à réactiver un passé impérial fantasmé. La Russie d’Eltsine, dans les années 1990, que j’avais visitée, était si faible et désorganisée qu’elle faisait s’esclaffer Bill Clinton.

Il y a aussi les ambitions dominatrices de Xi Jinping, qui rappellent ce titre du livre à succès d’Alain Peyrefitte (proche du général de Gaulle), publié en 1973: Quand la Chine s’éveillera... le monde tremblera.

Dans les années 1990, face à la Chine, nos gouvernants ne tremblaient aucunement. Après avoir savamment oublié le massacre de Tian’anmen, ils multiplièrent les missions économiques commerciales. Jean Chrétien, en 1994, avec son «Team Canada», vous vous souvenez? Aujourd’hui, on en est bien loin.

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Et il y a Trump, bien entendu, qui promettait d’arrêter les guerres en un temps record (pour obtenir un Prix Nobel), mais qui fait surtout rire de lui par Poutine et Netanyahou. Lui aussi rêve de domination; rebaptise le ministère de la Défense «department of War». Il prétend empêcher toute nouvelle aventure guerrière, même s’il a autorisé entre autres un bombardement spectaculaire en Iran.

Milliards

Le monde est dangereux, indéniablement. L’Europe, qui s’est saoulée des dividendes de la Paix pendant des décennies, se résout à consacrer 800 milliards d’euros à son projet ReArm. Pour répondre à Trump, qui en a marre du sous-investissement du Vieux Continent dans la défense en général et l’OTAN en particulier. Cela vaut aussi pour notre Dominion évidemment, à moins que nous n’acceptions l’annexion, a menacé Trump de manière déconcertante. Plutôt réinvestir en défense, a répondu Mark Carney, promettant 900 milliards $ d’ici 2035.

Tout cela fera exploser les profits du secteur militaire. Le Québec, qui a déjà beaucoup d’atouts en ces matières, a-t-il le luxe de laisser passer la manne? Non, bien sûr. Bernard Landry, qui aimait vanter la «soif inextinguible de paix» des Québécois, aurait sans doute, en pareilles circonstances, fait comme le gouvernement Legault: levé l’interdiction, à Investissement Québec notamment, d’aider les entreprises du secteur de la défense fabriquant des armes offensives. «Si vis pacem para bellum», rappellerait sans doute aussi Landry.

Il reste que sur le plan mondial, à trop préparer la guerre, on accumule les canons. Quelqu’un, quelque part, cédera à l’envie de s’en servir. Aiguillonné par ceux qui voudront en vendre toujours plus.

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