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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Les Russes poursuivent les frappes sur des villes ukrainiennes, Biden entend souligner l’unité de l’Occident

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AFP

2022-03-01T09:20:26Z
2022-03-01T20:04:23Z
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KYIV | Les forces russes ont intensifié mardi leur offensive, frappant notamment la tour de télévision de Kyïv et Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, alors que Joe Biden entend souligner, dans son discours sur l’état de l’Union, que Vladimir Poutine a eu «tort» de lancer cette invasion en pensant que l’Occident n’y répondrait pas de manière unie. 

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«Nous étions prêts», et «les dictateurs» doivent «payer le prix de leur agression», doit déclarer le président américain dans son discours, dont la Maison-Blanche a diffusé à l’avance un court extrait.

La pression internationale sur le Kremlin continue de s’intensifier.

La Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, a annoncé ainsi des audiences les 7 et 8 mars dans une affaire portée devant elle par le gouvernement ukrainien, qui accuse Moscou de planifier un génocide.

Et les 27 États membres de l’Union européenne ont donné leur feu vert à l’exclusion de «certaines banques russes» du système de messagerie Swift, rouage clé de la finance internationale, et à l’interdiction de la diffusion des médias d’État russes RT et Sputnik. 

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Conséquence des sanctions, une procédure de dépôt de bilan va être ouverte concernant la principale filiale en Europe de la plus grande banque russe, Sberbank, a annoncé mardi soir le régulateur bancaire de l’UE.

Kharkiv bombardée

Au sixième jour de l’invasion russe, les bombardements se sont succédé sur Kharkiv, ville de 1,4 million d’habitants proche de la frontière avec la Russie, dont les assaillants essaient de s’emparer.

Sur sa place centrale, le siège de l’administration régionale a été en partie détruit, a déclaré le gouverneur Oleg Sinegoubov, dans une vidéo montrant une explosion.

Au moins 10 personnes ont été tuées et plus de 20 blessées, tandis que huit autres ont péri quand un immeuble d’habitation a été touché.

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Le premier ministre britannique Boris Johnson a comparé ces frappes aux bombardements meurtriers sur Sarajevo, en Bosnie, dans les années 1990.

Dans la capitale ukrainienne, cinq personnes sont mortes et cinq autres ont été blessées lorsque la tour de télévision a été prise pour cible en fin d’après-midi.

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Mais une heure après l’attaque, la plupart des chaînes ukrainiennes semblaient à nouveau fonctionner normalement. 

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Dans la soirée, de nouvelles explosions ont retenti à Kyïv et à Bila Tserkva. Pour sa part, la ville de Jitomir (nord-ouest) a été visée par une frappe aérienne qui a fait deux morts et trois blessés et gravement endommagé 10 immeubles résidentiels, selon les secours ukrainiens.

Un peu plus tôt, l’armée russe avait appelé les civils vivant près d’infrastructures des services de sécurité à évacuer, disant vouloir s’en prendre à elles pour faire cesser «les attaques informatiques contre la Russie».

Le futur assaut russe sur Kyïv fait redouter un nombre considérable de victimes dans cette métropole comptant, en temps normal, près de trois millions d’habitants et dotée d’un riche patrimoine historique.

Un convoi militaire se dirige vers la capitale ukrainienne.
Un convoi militaire se dirige vers la capitale ukrainienne. Photo AFP

Des photos rendues publiques dans la nuit de lundi à mardi par la société américaine d’imagerie satellitaire Maxar montraient à cet égard un convoi russe s’étirant sur des dizaines de kilomètres et se dirigeant vers la capitale. 

Les habitants restants se préparent depuis des jours, érigeant des barricades, creusant des tranchées et confectionnant des cocktails Molotov.

Consultez notre dossier complet sur l'invasion russe en Ukraine 

Mais pour le ministère américain de la Défense, la situation n’est pas si claire. 

«Nous avons le sentiment général que le mouvement de l’armée russe (...) vers Kyïv est au point mort à ce stade», a déclaré un de ses responsables. «Nous pensons que c’est lié en partie à son propre approvisionnement et à des soucis logistiques» et que, «plus globalement», «les Russes sont en train de faire le point pour repenser» leur stratégie. 

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Entre Crimée et Donbass

Les forces russes semblaient également avoir progressé dans le sud de l’Ukraine, sur les rives de la mer d’Azov. 

Dans le port de Marioupol, «tous les quartiers» sont bombardés, a dit le gouverneur régional, parlant de 21 blessés et d’un nombre indéterminé de morts.  

  • Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Jean-François Caron sur QUB radio :    

Le ministère russe de la Défense a affirmé que ses troupes progressant sur la côte à partir de la Crimée avaient rejoint celles du territoire séparatiste prorusse de Donetsk, leur donnant une continuité territoriale stratégique. 

L’information était dans l’immédiat invérifiable. Peu auparavant, l’armée ukrainienne avait affirmé avoir fait échouer cette tentative. 

Les Russes contrôlent aussi les entrées de la cité côtière de Kherson (290 000 habitants), plus à l’ouest, selon son maire.

Décisions de géants pétroliers

«Nous devons arrêter l’agresseur au plus vite», a tweeté le président ukrainien Volodymyr Zelensky après avoir discuté avec Joe Biden.

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De son côté, la vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a appelé dans une vidéo les ONG à en faire plus pour assurer des couloirs humanitaires afin d’évacuer les civils du Donbass. 

«Je dois avouer que nous nous nous attendions à un soutien et une plus grande aide des organisations internationales, notamment du Comité international de la Croix-Rouge, de l’ONU et de l’OSCE», a-t-elle souligné.

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Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’OTAN a été convoquée en «présentiel» pour vendredi à Bruxelles.  

  • Écoutez la chronique de Vincent Dessureault sur QUB radio   

Leurs collègues des Finances du G7 ont discuté mardi de sanctions supplémentaires contre l’économie russe, déjà sous le coup d’une série de mesures d’une ampleur historique.

Quatre des cinq principaux armateurs mondiaux ont cessé de desservir les ports de Russie, tandis que l’opérateur du gazoduc germano-russe Nord Stream 2, dont le siège est en Suisse, a déposé le bilan.

Le géant pétrolier italien Eni compte lui se retirer d’un gazoduc reliant la Russie à la Turquie, et l’américain ExxonMobil qu’il allait le faire progressivement de l’important champ pétrolier dont il est l’opérateur en Russie au nom d’un consortium comprenant des entreprises russes, indienne et japonaise, le projet Sakhalin-1.

Apple a également indiqué avoir suspendu la vente de tous ses produits en Russie, emboîtant le pas à de nombreuses entreprises choisissant de prendre leurs distances avec Moscou.

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Le gouvernement russe, qui s’évertue à contrer ces sanctions, préparait quant à lui un nouveau décret pour enrayer la fuite des investisseurs étrangers. 

Dans le même temps, il faisait bloquer l’accès à une chaîne de télévision en ligne et à une station de radio indépendantes de renom, Dojd et Écho de Moscou, dans le cadre d’un renforcement du contrôle sur l’information.

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Conséquence de ces tensions, les Bourses européennes et Wall Street ont terminé en forte baisse. Les prix du pétrole continuaient parallèlement de monter, avant la réunion mercredi de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés (OPEP+). Idem pour les cours du blé et du maïs, à un niveau record en Europe.

«Profond regret» de Pékin

Outre les sanctions économiques, auxquelles s’ajoutent les manifestations de solidarité avec l’Ukraine dans de nombreux pays, la Russie a été écartée d’une multitude d’événements, du Mondial de football 2022 aux épreuves de cyclisme et à la Coupe Davis de tennis. 

Même la Chine, qui n’a jusqu’ici pas condamné l’invasion russe, a exprimé mardi «son profond regret» face au conflit.

Vladimir Poutine semblait malgré tout décidé à poursuivre l’offensive et à mettre fin aux aspirations d’appartenance à l’UE et à l’OTAN de l’Ukraine, une ex-république soviétique.

Dans un échange lundi avec le président français Emmanuel Macron, il a posé comme conditions, pour arrêter l’invasion, la reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe, la démilitarisation et la «dénazification» de l’Ukraine. 

Et ce alors que se déroulaient de premiers pourparlers russo-ukrainiens, qui se sont achevés sur l’unique engagement qu’ils reprendraient «bientôt».

677 000 exilés

Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, un million de personnes ont été déplacées en Ukraine même et plus de 677 000 sont parties vers les pays voisins, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.

La Banque mondiale a annoncé une aide d’urgence de trois milliards de dollars pour l’Ukraine, dont au moins 350 millions pourraient être débloqués dès cette semaine.

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De longues files de voitures continuaient à se diriger vers la frontière polonaise, à partir de Lviv, la grande ville de l’ouest de l’Ukraine devenue une porte de sortie et un centre de repli pour les Ukrainiens comme pour les ambassades occidentales. 

Des femmes réfugiées dans cette cité, laissant les hommes de leur famille «défendre l’Ukraine», se mobilisaient pour les soutenir, donnant leur sang ou confectionnant des filets de camouflage. 

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