Bolsonaro et ses sympathisants sur les lieux des émeutes de Brasilia

AFP
Tout juste sorti de l’hôpital, l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro a pris la tête mercredi d’une manifestation à Brasilia pour réclamer l’amnistie de ses sympathisants condamnés pour les émeutes du 8 janvier 2023 dans la capitale.
• À lire aussi: Brésil: Bolsonaro quitte l’hôpital trois semaines après son opération à l’abdomen
Le cortège s’est élancé en milieu d’après-midi pour une «marche pacifique» d’environ trois kilomètres jusqu’au Parlement. Non loin de la place des Trois-pouvoirs, où les bâtiments publics avaient été saccagés par des milliers de bolsonaristes une semaine après l’investiture de l’actuel chef de l’État de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Des centaines de manifestants ont répondu à l’appel. Beaucoup portent des t-shirts aux couleurs jaune et vert du Brésil et de l’équipe nationale de foot, symbole que s’est accaparé le camp Bolsonaro ces dernières années. Certains brandissent des pancartes réclamant «Amnistie maintenant !»
Sur un camion
Juché sur un camion aux côtés de certains de ses soutiens et avec lui aussi un maillot jaune et vert, Jair Bolsonaro, 70 ans, a finalement décidé de participer à cette manifestation.

Ses médecins l’avaient pourtant déconseillé à celui qui est lui-même sous le coup d’un procès pour tentative de coup d’État en vue de se maintenir au pouvoir malgré sa défaite électorale face à Lula en octobre 2022.
L’ex-président d’extrême droite (2019-2022) est en effet sorti dimanche d’une clinique privée de Brasilia après trois semaines d’hospitalisation en raison d’une lourde opération à l’abdomen.
Cette intervention chirurgicale était liée aux séquelles d’un attentat à l’arme blanche en pleine campagne présidentielle en 2018.
La sécurité a été renforcée dans la capitale, où des policiers ont été «déployés exclusivement» pour encadrer le cortège.
«Ces patriotes (ceux qui ont pris part aux émeutes de 2023, NDLR) ont été injustement incarcérés. Il faut tous les libérer», a déclaré à l’AFP Kleber Rocha, un soudeur de 46 ans, un des premiers à arriver sur les lieux.
«Ultime espoir»
Déclaré inéligible jusqu’en 2030 pour ses attaques sans preuve sur la fiabilité du système brésilien d’urnes électroniques, Jair Bolsonaro encourt en outre jusqu’à 40 ans de prison pour tentative de coup d’État.

Le parquet l’accuse d’avoir été «leader» d’une conspiration destinée à le faire rester à la tête du Brésil à l’issue de la présidentielle de 2022. La Cour suprême a décidé fin mars qu’il serait jugé au cours d’un procès, dont la date n’est pas encore fixée.
Vingt autres personnes comparaîtront. Parmi elles, sept inculpés accusés d’avoir mené des «opérations stratégiques de désinformation» afin de légitimer un éventuel coup d’État : la plus haute instance judiciaire les a à leur tour renvoyés en procès mardi.
Selon le parquet, les émeutes du 8 janvier ont constitué «l’ultime espoir» des supposés putschistes. Ce jour-là, des milliers de bolsonaristes ont envahi la place des Trois-pouvoirs, un assaut qui a rappelé celui du Capitole à Washington deux ans plus tôt par des partisans de Donald Trump.
Les bâtiments de la Cour suprême, du Parlement et le palais présidentiel ont été vandalisés par les émeutiers, qui réclamaient une intervention militaire pour déloger Lula du pouvoir.
M. Bolsonaro, qui était alors aux États-Unis, dénonce une «persécution».
Rouge à lèvres
Le parti de l’ex-président tente de faire voter par le Parlement majoritairement conservateur une loi prévoyant «l’amnistie pour tous ceux qui ont participé à des manifestations sur le territoire national» après le 30 octobre 2022, jour du second tour de la présidentielle.
Mais le président de la Chambre des députés, Hugo Motta, s’est pour le moment refusé à soumettre le texte au vote.

Pour la gauche, ce projet est un subterfuge destiné à favoriser l’ancien chef de l’État, même si ce dernier s’en défend.
Près de 500 personnes ont déjà été condamnées pour leur participation aux émeutes de Brasilia, dont 223 à des peines allant de 11 à 17 ans de prison.
La plus connue est Débora Rodrigues, une coiffeuse de 39 ans condamnée mercredi à 14 ans de privation de liberté pour avoir tagué au rouge à lèvres une statue représentant la Justice devant la Cour suprême. Elle est devenue le symbole de la campagne bolsonariste pour l’amnistie des émeutiers.