«Bobby The Greek»: un contrat de meurtre qui pourrait déclencher une escalade de violence?
Un gang montréalais pourrait avoir été mandaté pour la fusillade survenue à Laval mercredi

Laurent Lavoie
L’assassinat d’un ténor du crime organisé dans un café de Laval en plein jour pourrait déclencher une escalade de violence dans le grand Montréal, craignent des policiers, après un meurtre qui serait «clairement un message» de ses commanditaires.
«C’est sûr qu’il va y avoir une réplique quelque part», estime un enquêteur d’expérience qui n’est pas autorisé à parler aux médias.
«Ça ne se verra peut-être pas publiquement, ajoute un autre inspecteur. Mais les allégeances vont être testées. Des snitches vont se faire tabasser.»
Ils font écho aux inquiétudes formulées par plusieurs policiers interrogés par Le Journal au lendemain de la mort de Charalambos Theologou, alias «Bobby The Greek».

Sous le regard de clients et d'employés terrifiés, l’homme de 40 ans a été abattu par deux tireurs, mardi matin, à l’intérieur d’un café Starbucks, non loin de la jonction de l’autoroute 13. Le bras droit de Theologou a survécu même s’il a été atteint de six balles, selon nos informations.
Aucune arrestation n’a été rapportée jusqu’à maintenant, mais le véhicule qui aurait été utilisé par les tireurs a été retrouvé incendié à Rivière-des-Prairies.
Les autorités soupçonnent qu’un gang de rue montréalais aurait exécuté le «contrat», a-t-on pu apprendre.
Les circonstances choquantes de la fusillade pourraient être un rappel à l’ordre pour le clan et les alliés de Theologou, indiquent nos informateurs.
«Ceux qui ont commandé [le meurtre] voulaient clairement passer un message», confie un policier spécialiste du crime organisé.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Conflit avec les Hells?
«Dans le passé, quand il y a eu des crimes violents commis dans des endroits publics comme ça, on a vu une augmentation de la violence par après», indique une autre source policière affectée au crime organisé.
Charalambos Theologou aurait collaboré avec des bandits de tout acabit. Celui qui trempait dans le trafic de stupéfiants aurait notamment agi comme un entremetteur de haut niveau pour les Hells Angels.

Selon nos informations, les enquêteurs étudient d’ailleurs la possibilité qu’un conflit avec les motards pour le partage de profits ait mené à son exécution.
«Il en menait large et connaissait énormément de gens [du monde criminel]. Il avait quand même quelques connexions influentes jusqu’à très récemment. Ça va déranger certainement», nous explique-t-on.
Theologou aurait aussi été un allié d’Arab Power, gang responsable de nombreux crimes violents dans le grand Montréal au cours des deux dernières années.
L’extorsion aurait également fait partie des crimes commis par Charalambos Theologou.
Selon nos informations, le quadragénaire récoltait par exemple des «taxes» auprès des bandits qui commettaient des crimes lucratifs, comme la fraude ou le trafic de drogue.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
«Nerf de la guerre»
La capacité des policiers à s’informer auprès du monde interlope est le «nerf de la guerre» pour prévenir de telles fusillades, explique Jean-Claude Gauthier, ex-enquêteur spécialisé en gangs de rue et crime organisé.
«Quand tu as du renseignement, tu peux intervenir en amont, tandis que là, on est en réaction», souligne-t-il.
Dans l’espoir de rassurer la population, le Service de police de Laval (SPL) a déclenché jeudi une vaste opération sur son territoire pour aller à la rencontre de citoyens et commerçants.

«Je pense que l’important, c’est d’être présent et de démontrer beaucoup de visibilité pour éviter toute riposte possible», insiste Julien Kicinski, directeur adjoint à la Gendarmerie au SPL.
Il mentionne que des escouades spécialisées doivent aussi être déployées «dans des endroits où on veut mettre de la pression sur des gens ciblés qui font partie du crime organisé».
–Avec Maxime Deland, Agence QMI, Axel Marchand-Lamothe, Frédérique Giguère et Jonathan Tremblay, Le Journal de Montréal
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.