Blood Family Mafia: le gang de «Pic» Turmel tenté par les bombes?
Les déclarations d’un accusé qui aurait été l’armurier du BFM et des informations de sources montrent que le groupe se serait intéressé aux explosifs
Pierre-Paul Biron
Après les épisodes filmés de torture, les incendies criminels et les coups de feu à répétition, il semblerait que le Blood Family Mafia ait eu un appétit pour les bombes, à en croire l’interrogatoire d’un accusé qui aurait agi comme armurier du groupe.
• À lire aussi: Une perquisition d’armes dans Portneuf liée aux activités du Blood Family Mafia
Ces informations proviennent des notes d’interrogatoire d’un sergent enquêteur de la Sûreté du Québec et qui ont été déposées en preuve lors de l’enquête sur remise en liberté de Bryan Lavoie, à la mi-juin.
Lors de cette rencontre qui s’est tenue en avril dernier, quelques jours après son arrestation suivant une perquisition chez lui, Bryan Lavoie indique avoir été questionné sur le fonctionnement «d’une mèche de bombe» par deux membres importants du BFM.
Ces individus sont identifiés par les pseudonymes «Loko» et «Bandito», mais le premier serait, selon les autorités, Édouard de Beaumont, considéré comme étant haut placé au sein du gang.
«La conversation a fini en disant que c’était mieux une mèche militaire», explique le suspect.
Arsenal de techniques
On apprend dans les documents, d’abord dévoilés par Radio-Canada, que Lavoie a été questionné assez directement par les autorités sur un supposé plan pour «faire sauter un poste de police».
Des sources ont indiqué au Journal qu’il n’y a pas eu de plan pour un tel coup d’éclat, mais que le gang de Dave «Pic» Turmel avait bel et bien un attrait pour les explosifs. Cette méthode se serait ajoutée à un arsenal de techniques déjà bien garni et qui a beaucoup fait parler du groupe criminalisé depuis deux ans.
Un informateur ajoute que le BFM «agit clairement pour essayer de se démarquer» et qu’une telle volonté pour «sortir du lot» n’aurait rien d’étonnant.
«C’est un peu leur signature de montrer qu’ils ne respectent pas les règles», analyse cette source.
Commandes du «Pic»
Quant à Bryan Lavoie, il aurait agi depuis un peu moins de six mois comme armurier pour le Blood Family Mafia quand une perquisition a été menée à sa résidence de Saint-Basile, dans la région de Portneuf.
Selon sa déclaration aux policiers déposée en preuve à son enquête sur remise en liberté, Lavoie affirme avoir été forcé par le groupe à tenir une cache d’armes sous la menace. Comme la preuve n’a pas encore été évaluée dans le cadre d’un procès, Lavoie, qui est représenté par Me Gabriel Michaud-Brière, est toujours présumé innocent.
«Je devais travailler pour BFM 24h/24, sept jours sur sept, sinon BFM allait s’en prendre à moi ou ma famille», explique Lavoie dans sa déclaration aux policiers.
C’est ainsi qu’il aurait accepté de dissimuler l’arsenal perquisitionné le 27 mars dernier, en plus d’être responsable des «drops de guns», soit la livraison des armes qui servaient à des opérations.
Ces «jobs» étaient commandées directement par celui qui se faisait appeler «Capone» et qui ne serait nul autre que Dave «Pic» Turmel, selon les autorités. Ce dernier est toujours détenu en Italie après son arrestation en mars dernier.
«BFM motherfucker»
Lavoie aurait aussi été responsable de l’entretien et du nettoyage des armes. D’après la preuve présentée par le procureur au dossier, Me François Doyon-Gascon, Bryan Lavoie devait envoyer des vidéos à Dave Turmel pour démontrer le bon fonctionnement des armes.
«Dans l’une des vidéos, il est possible d’entendre un cri en arrière-plan “BFM motherfucker”», peut-on lire dans le résumé des faits déposé au dossier. L’individu apparaissant à la vidéo porte une cagoule et des gants comme ceux retrouvés chez Lavoie.
Ce dernier aurait reçu 1500$ par mois du groupe pour ses services.
Des conversations retrouvées dans des cellulaires saisis par les policiers montrent que Lavoie et sa conjointe, Alexia-Eugénie Saillant, étaient surnommés «Fantom» et «Vipère». La jeune femme, elle aussi accusée, a pu recouvrer sa liberté sous conditions.
Le juge Mario Tremblay a toutefois ordonné la détention de Lavoie, qui reviendra devant le tribunal en septembre prochain.
- Avec la collaboration de Kathryne Lamontagne
Un véritable arsenal saisi chez l’armurier présumé
Sommaire de la perquisition menée chez Bryan Lavoie le 27 mars 2025:
– 3 carabines à plomb
– 1 fusil à pompe tronçonné de calibre 12
– 1 carabine calibre 308
– 1 carabine AR15 semi-automatique
– 1 carabine AK semi-automatique
– Chargeurs haute capacité
– Des centaines de munitions de divers calibres
– Kit de nettoyage pour armes
– 1 drone
– Lot d’articles présumément utilisés lors de séquestrations, comme des «tie-wraps», du ruban, des cagoules, des masques, des taies d’oreiller, des gants, des bonbonnes de propane et des torches
– 12 plaques d’immatriculation
– 3 téléphones cellulaires