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L'article provient de TVA Nouvelles

Bloc Québécois: pas de collaboration sans garanties

Ben Pelosse / JdeM
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Philippe Lorange, Doctorant en sociologie – UQAM

2025-05-03T04:00:00Z
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Lors des dernières élections fédérales, le Bloc Québécois a réussi à éviter la débandade et c’est tout à son honneur. Le parti aurait facilement pu avoir au moins quatre députés de plus si Mark Carney n’avait pas bénéficié d’une couverture médiatique complaisante.

Mais désormais, certains électeurs bloquistes peuvent se demander en quoi leur vote au parti souverainiste se distingue réellement d’un vote accordé aux libéraux. En effet, tout de suite après l’élection, le chef Yves-François Blanchet a affirmé que son parti serait dans la collaboration et chercherait une trêve avec le gouvernement du Canada, pour au moins un an.

C’est donc dire que le Bloc ne devient qu’une aile des libéraux, version «patriote québécois», pour la prochaine année. Il faudrait faire front commun contre la «menace» que poserait Donald Trump, qui affirme que le Canada coûterait trop cher aux États-Unis et qu’il ne mériterait que l’annexion à l’empire.

Menace

Bien que les élucubrations du président des États-Unis puissent susciter des craintes, faut-il vraiment rappeler que l’homme est un éternel facétieux qui fait de la politique un spectacle télévisuel permanent? Les menaces d’annexion sont absurdes puisque le peuple américain n’en veut pas et qu’il n’y a aucune raison valable de se lancer dans une guerre avec un pays allié, presque vassalisé.

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En fait, la vraie menace qui pèse sur le peuple québécois, c’est son effacement démographique puis son extinction, orchestrés par le multiculturalisme canadien et sa politique d’immigration massive délirante.

Il y a des années que nous connaissons la situation et rien ne change. Au contraire, tout empire et s’accélère à vitesse exponentielle.

Gains

Dans ces circonstances, le Bloc Québécois aurait intérêt à profiter de la situation pour faire de véritables gains pour le Québec. Au lieu de donner sa solidarité automatiquement et sans contrepartie, le Bloc devrait exiger certaines choses importantes pour garantir l’appui du Québec lors des négociations canadiennes avec les États-Unis.

En refusant de faire une telle chose, le Bloc montre son incapacité à comprendre les fondements de la politique, se contentant d’y voir un espace de discussion consensuel aux délibérations rationnelles. Ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent, et ce n’est pas de cette façon que les gagnants réfléchissent.

Les bloquistes pensent trop souvent en bons perdants, cherchant les bons compromis, les demi-mesures et l’aménagement plus doux du Québec au sein du Canada. Pourtant, le Canada, lui, ne se gêne pas pour écraser le Québec sans faire de compromis. Le Canada ne collabore pas avec nous lorsque vient le temps de contester la loi 21 sur la laïcité, la loi 96 sur le français, lorsqu’il refuse de payer sa juste part en santé et pour le traitement des immigrants illégaux et lorsqu’il refuse de nous céder le moindre nouveau pouvoir en immigration.

Si l’adversaire en face n’a pas un esprit de collaboration, nous n’avons aucune raison d’en avoir un. Ainsi le Bloc Québécois devrait-il se lancer dans un bras de fer avec Ottawa plutôt que de n’être qu’un gentil ailier droit.

Philippe Lorange.
Philippe Lorange. Samuel Boulianne

Philippe Lorange

Doctorant en sociologie – UQAM

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