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L'article provient de TVA Nouvelles

Blackburn incarne la nostalgie du PLQ de Charest

Photo d’archives, Ben Pelosse
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-04-01T04:00:00Z
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Le slogan de la campagne de Karl Blackburn est «On se retrouve». 

«C’est tout à fait ça!» me suis-je dit en entrant dans la salle du Château Laurier où l’ancien DG du Parti libéral du Québec allait annoncer sa décision de plonger dans la course à la direction. Et où se trouvaient, pour l’appuyer, plusieurs anciens militants et organisateurs du PLQ de l’ère Charest.

«Pas en prison»

D’ailleurs, quelques minutes plus tôt, un homme, veston-cravate, était entré en même temps que moi dans l’ascenseur. Défiant, il m’avait lancé, en se nommant: «Vous voyez, je ne suis pas en prison!» Pourquoi me lance-t-il cela? «Parce que vous avez déjà écrit des choses pas gentilles sur moi à l’époque.»

Tout me revint alors en mémoire. En 2017, lorsque le Bureau d’enquête du Journal avait pu consulter l’ensemble du dossier secret de Mâchurer – vaste investigation sur le financement du PLQ lancée en 2013 par l’UPAC –, le nom (que je tairai) de mon interlocuteur était ressorti. Notamment dans plusieurs courriels. L’homme y mêlait des questions de financement partisan et des demandes express au gouvernement. Détail crucial: ces courriels étaient destinés à Violette Trépanier, tsarine de l’argent au PLQ! Oui, celle qui avait écrit, dans un message, «Je croule sous les piassesssss»; et dont les témoignages devant les commissions Bastarache et Charbonneau avaient été des moments révélateurs.

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J’ai retrouvé des extraits des courriels de mon «ami» de l’ascenseur venu appuyer Blackburn. Par exemple, le 1er juin 2007, il soulignait au crayon gras avoir «ramassé 4000$» pour une ministre. Suivait un autre où il transmettait le CV d’un ami souhaitant être nommé par le gouvernement à un conseil d’administration, «à vocation économique». Il offrait même à Violette de faire une «liste indicative». «Merci à l’avance de ton aide et compte sur mon appui soutenu.»

• Sur le même sujet, écoutez cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Organiseux»

Comme directeur général du PLQ, M. Blackburn s’est beaucoup occupé des affaires de financement. Interrogé là-dessus hier, il s’est borné à répondre que le gouvernement Charest avait créé la commission Charbonneau, laquelle n’avait «rien reproché au PLQ». Bref, selon lui, «il faut qu’on passe maintenant à un autre appel et qu’on regarde devant».

D’autres militants libéraux éprouvent toutefois un malaise et ont l’impression que M. Blackburn les ramène en arrière. L’un me dit: «Il est en train de faire un copier-coller de la permanence de 2008 [...] Les mêmes “organiseux” [...] Ça vient avec les manières de l’époque»!

Les campagnes à la direction se transforment souvent en guerres fratricides, sous couvert de «nécessaires débats d’idées».

Celle du PLQ continuera sans doute à passer sous le radar, à cause des élections fédérales, de la formation du cabinet qui suivra et de la télé-réalité trumpienne.

Jusqu’à maintenant, lorsqu’elle a réussi à faire les nouvelles, la course opposait les libéraux de tendance nationaliste québécois (Milliard) et les autres, davantage issus du PLC (Rodriguez).

La candidature de Blackburn ouvrira une autre ligne de fracture: disons entre les anciens et les modernes.

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