Bioénergie AE Côte-Nord demande 30 M$ en aides au gouvernement
Les propriétaires, dont la richissime famille Saputo, espèrent relancer l’usine


Jean-Michel Genois Gagnon
Les propriétaires de Bioénergie AE Côte-Nord, qui est à l’abri de ses créanciers depuis près d’un an, demandent au gouvernement 30 millions $ en crédits d’impôt et aides financières pour soutenir la relance de l’usine, la création d’une filière et la reprise des activités de la scierie Arbec de Port-Cartier.
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Récemment, Bioénergie AE Côte-Nord, propriété de Ensyn et de Biogaz, a déposé un mémoire en prévision du budget du gouvernement Legault. Biogaz est composée du Groupe Rémabec et de Produits Forestiers Arbec qui appartiennent en partie à des membres de la richissime famille Saputo.
Ces dernières années, le projet d’usine Bioénergie AE Côte-Nord, qui prévoit produire du biocarburant à partir de la biomasse forestière, a fait couler de l’encre pour ses nombreux retards et des factures impayées.
Si bien que les créances de la compagnie s’élèvent, aujourd’hui, à 115 millions $, selon le syndic au dossier Raymond Chabot. Plusieurs fournisseurs réclamaient des sommes impayées pour la construction de l’établissement.
Bioénergie AE Côte-Nord a nécessité des investissements de 104 millions $, dont 44,5 millions $ d’Ottawa et un prêt garanti de 22 millions $ d’Investissement Québec, peut-on lire dans le mémoire de l’entreprise.
Joint par Le Journal, le président de la compagnie, Serge Mercier, a indiqué que son organisation croyait plus que «jamais au futur de cette nouvelle industrie dans laquelle les Québécois peuvent devenir une référence».
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Arrêt de la production
Depuis le début la production en 2018, l’usine Bioénergie AE Côte-Nord, dont les activités sont intégrées à la scierie Arbec, n’est jamais parvenue à atteindre ses cibles. La direction espérait produire 40 millions de litres de biohuile à partir de résidus forestiers par année. En deux ans, ce sont seulement quatre millions de litres qui ont été livrés.
L’entreprise a évoqué des problèmes d’équipement pour expliquer son départ chaotique. Cette situation a entraîné un bras de fer juridique avec l’équipementier Envergent/UOP/Honeywell.
L’ensemble de la production est arrêté depuis mars 2020.
Jusqu’à présent, les actionnaires disent avoir réinjecté 5,3 millions $ dans le plan de relance. Les problèmes d’équipement devraient être réglés d’ici mars.
En «fonction de la demande de biocarburant», la reprise des activités de Bioénergie AE Côte-Nord pourrait permettre, selon les propriétaires, la «relance graduelle» de la scierie Arbec de Port-Cartier fermée en 2020.
«Près de 400 emplois directs sont affectés par l’arrêt des opérations de Bioénergie AE et d’Arbec Port-Cartier», chiffre la direction.
La minière ArcelorMittal aurait déjà montré de l’intérêt pour signer une entente d’approvisionnement, à condition que le prix soit «comparable à celui du mazout».
Bioénergie AE Côte-Nord demande au gouvernement d’augmenter le crédit d’impôt pour la production d’huile pyrolytique, de prolonger le programme de crédit d’impôt de 5 ans ainsi qu’un soutien de 3 millions $ par année, au cours des 5 prochaines années, « afin de lancer la filière sur des bases solides et susciter des investissements pour la construction d’usines additionnelles ».
«Ces demandes au gouvernement du Québec sont modestes, de l’ordre de 6 millions par année, au cours des 5 prochaines années», écrit la direction.
Bioénergie AE Côte-Nord fait valoir que cette usine est «le premier jalon pour le développement d’une filière prometteuse pour les biocarburants à base de biomasse forestière au Québec». Ce produit pourrait remplacer «le mazout lourd» et «partiellement le pétrole brut» au fil des années.
Bioénergie AE Côte-Nord
- Investissement de 104 millions $
- 44,5 millions $ d’Ottawa
- 22 millions $ d’Investissement Québec sous forme de prêt garanti
- 115 millions $ de dettes
- Sous la loi sur les arrangements avec les créanciers depuis mai 2021