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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Bilan de la CAQ: le plan de match a été revu pour la maternelle 4 ans

L’engagement phare de la CAQ en éducation a dû être ajusté en cours de route

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Photo portrait de Geneviève Lajoie

Geneviève Lajoie

2022-06-11T04:00:00Z
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Au cœur du programme de la CAQ en éducation, François Legault avait même mis son siège en jeu pour la promesse d’offrir la maternelle 4 ans à tous les enfants du Québec. Mais le plan de match a dû être revu en raison de la pénurie de professeurs, du manque d’espace et des coûts élevés de construction de ces classes de préscolaire qui ne font toujours pas l’unanimité.

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En campagne électorale, le premier ministre s’était engagé à créer 5000 classes de maternelle 4 ans durant le mandat, un objectif qui a été réduit presque de moitié à 2600 et repoussé de deux ans. 

La facture de construction des locaux a été largement sous-estimée par la CAQ, passant de 120 000 $ à 800 000 $. Depuis 2020, Québec ne chiffre même plus le coût d’érection d’une classe de préscolaire. Mais la facture moyenne de construction d’une classe, quel que soit le niveau, atteint désormais 1,2 million $. 

Professeur spécialisé en adaptation scolaire à l’Université Laval, Égide Royer est un ardent défenseur de la maternelle 4 ans. Il est tout à fait conscient du manque de personnel dans le réseau scolaire et de l’inflation qui touche le secteur de la construction, mais il aurait aimé que le déploiement soit plus avancé. À ce rythme, seulement 50 % des jeunes Québécois de 4 ans y auront accès en 2025.

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«Il y a un impact réel de la maternelle 4 ans sur la réussite scolaire, l’apprentissage de la lecture chez les jeunes, entre autres dans les milieux défavorisés et chez les jeunes qui sont plus vulnérables», insiste-t-il. 

Un vent de face

M. Royer reconnaît toutefois que ces classes de préscolaire ont dû faire face au vent depuis l’élection du gouvernement caquiste. Et la bourrasque ne venait pas seulement des partis d’opposition ou des syndicats, mais aussi du milieu scientifique. Psychologue et professeure au département d’éducation et formation spécialisées de l’UQAM, Christa Japel estime que les écoles ne sont pas à l’heure actuelle adaptées pour accueillir des petits de 4 ans.

Plusieurs établissements scolaires n’ont pas de cour extérieure fermée et nombre de classes de préscolaire n’ont pas de toilette dans le local, un réel problème pour plusieurs bambins qui ne sont pas encore tout à fait propres à cet âge, déplore-t-elle. Sans parler des profs, qui sont très peu nombreux à être formés spécialement pour enseigner aux enfants de 4 ans.

«Pour les enfants, c’est la première expérience en milieu scolaire et si ça se passe mal, ça marque l’enfant et ça a un impact sur sa motivation et son goût d’aller à l’école, plaide-t-elle. Personnellement, j’aimerais -mieux que les enfants restent en CPE, il faudrait investir davantage dans les CPE».

Le discours a changé

Même au sein du gouvernement caquiste, le discours a évolué durant le mandat. 

À son arrivée au pouvoir, François Legault prédisait que le préscolaire offrirait un meilleur service que les CPE et les garderies. «Vous avez le choix entre une garderie avec deux tiers d’employés qui sont des techniciens de garde, ou une maternelle 4 ans, des enseignants avec toute l’équipe de spécialistes de l’école primaire», disait-il en 2019.

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Il y a quelques semaines, le ministre Mathieu Lacombe a affirmé que les CPE n’ont «rien à envier aux classes de maternelle 4 ans». 

Places en garderie 

La pénurie de places en garderie pour les tout-petits a aussi mené la vie dure au gouvernement Legault. Le nombre d’enfants québécois orphelins de place en service de garde a augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ. Ils sont plus de 50 000 sur la liste d’attente.

Si la CAQ s’est engagée à créer un peu plus de 37 000 places d’ici 2025 pour compléter le réseau de la petite enfance, il faudra embaucher plus de 18 000 éducatrices pour y parvenir, en pleine pénurie de main-d’œuvre. La pandémie n’a pas aidé, alors que des milliers de responsables en service de garde en milieu familial ont choisi de fermer leurs portes. 

EN BREF 

Moins de classes que prévu...  

  • Promesse électorale 5000 classes d’ici 2023-2024    
  • Nouvelle promesse 2600 classes d’ici 2025-2026   
  • Classes à l’heure actuelle 1345  
  • Classes estimées en septembre 1610   

... et qui coûtent toujours plus cher  

  • Estimation en campagne électorale 120 000 $  
  • Estimation en 2019 800 000 $  
  • Coût moyen actuel d’une classe 1,2 million $   

AUTRES TRANSFORMATIONS EN ÉDUCATION  

FIN DES COMMISSIONS SCOLAIRES... FRANCOPHONES

Photo d'archives, Pierre-Paul Poulin
Photo d'archives, Pierre-Paul Poulin

Comme promis, le ministre Jean-François Roberge a aboli les élections scolaires et métamorphosé les commissions scolaires en centres de services scolaires. Ces modifications ne s’appliquent pas toutefois au réseau anglophone, qui conteste cette réforme devant les tribunaux au nom de l’autonomie de la minorité de Québécois de langue anglaise. Un Protecteur national de l’élève sera également nommé par le gouvernement. Ce mécanisme de traitement des plaintes pour des parents insatisfaits de la manière dont leur enfant a été traité s’étendra désormais aux écoles privées et pourra se pencher sur des cas de violence sexuelle.   


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PAS DE DONNÉES SUR LE DÉCROCHAGE SCOLAIRE POST-PANDÉMIE

Photo Fotolia
Photo Fotolia

Il est difficile de brosser un portrait du décrochage sous la gouverne caquiste et surtout, de mesurer l’effet de la pandémie sur l’abandon scolaire. Les plus récentes données disponibles sur le nombre de jeunes qui sortent du secondaire sans diplôme ni qualification datent de 2019-2020. En baisse constante depuis une quinzaine d’années, le taux de décrochage scolaire a connu une légère hausse entre 2016 et 2019. Lorsque la COVID-19 a frappé le Québec, 14 % des élèves décrochaient avant la fin de leurs études, soit 11 % des filles et 16 % des garçons.


 DE BELLES ÉCOLES... DISPENDIEUSES

Construction d’une école dans l’arrondissement LaSalle, à Montréal, ce mois-ci.
Construction d’une école dans l’arrondissement LaSalle, à Montréal, ce mois-ci. Photo d'archives

Engagements électoraux de la CAQ, la rénovation des écoles et la construction de nouveaux établissements scolaires n’ont pas échappé à la surchauffe dans le milieu de la construction. Le Journal révélait récemment que plusieurs projets de nouvelles écoles ont connu des dépassements de coûts importants, certains de près de 100 %, engendrés par le contexte exceptionnel de la pandémie. Sur un peu plus de 200 projets d’agrandissement ou de construction de nouvelles « belles écoles » annoncés par le ministre Jean-François Roberge, 14 sont terminés. 

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