«Bienvenue à Montréal!»: ce jeune entrepreneur ouvre sa crèmerie... dans un chantier de construction

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.

Un jeune entrepreneur qui a investi tout ce qu’il a pour ouvrir sa propre crèmerie à Montréal se retrouve aussitôt prisonnier d’un chantier de piste cyclable, rue Christophe-Colomb.

Il sourit pour la photo et prend sa situation avec philosophie, mais Thomas Champion, le propriétaire de la crèmerie Patom, ne la trouve pas drôle.

«J’ai le traitement royal: bienvenue à Montréal!» ironise le pâtissier de 35 ans.

Les grillages devant la devanture du commerce le privent de plusieurs clients pendant la période névralgique de l’année.

«Les gens pensent que je suis fermé, ou le chantier leur ôte l’appétit, parce que personne n’a envie d’aller dans les travaux pour une friandise glacée», raconte celui qui passe une centaine d’heures par semaine au travail.

Ce Français d’origine a concocté sa première recette de crème glacée pour un bistrot haut de gamme australien il y a une dizaine d’années.

Ventes coupées de moitié

Malgré la canicule, ceux qui dégustent ces délices glacés se font moins nombreux depuis quelques semaines...

À l’inauguration de Patom (contraction des mots PATissier et TOM) à la mi-mai, les travaux se concentraient surtout sur l’autre côté de la rue.

Ensuite, ils sont venus embrasser l’angle du trottoir directement devant la crèmerie.

Lorsque j’approche en marchant sur Bellechasse, des travailleurs en tenue orange à l’ouvrage me masquent la vue.

Un vieux Dairy Queen a longtemps régné à l'angle de cette rue exactement.

«Du jour au lendemain, mes ventes ont chuté de moitié», déplore celui qui ne peut pas offrir de rabais aux clients pendant le chantier, faute de moyens.

Crèmerie prometteuse

Selon le site de la Ville, ce chantier doit être terminé d'ici deux semaines, normalement... On souhaite à M. Champion que ce délai soit respecté.

«Aussitôt que la nouvelle piste cyclable sera inaugurée, j’appellerai la Ville pour demander des structures pour verrouiller les vélos près d’ici», annonce-t-il.

La nouvelle configuration de la rue lui apportera-t-elle une nouvelle clientèle?

M. Champion semble peu porté sur la publicité ou l’autovantardise.

Il est du genre à tout miser sur la qualité en espérant que le bouche-à-oreille fera son effet.

Ses sorbets au citron et à la fraise du Québec sont d’une qualité rare. Celui au citron, qui a du mordant, m’a extirpé un cri de surprise.

Quant à la crème glacée au café du torréfacteur Zab, elle met ce produit à l’honneur.

Voilà une crèmerie prometteuse à découvrir... sans file d’attente tant qu’il y aura des travaux.