Biennale d’illusions
La Manif d’art 10 se déploie dans 34 lieux de diffusion


Yves Leclerc
En cette ère où le vrai et le faux s’entremêlent et sont parfois impossibles à distinguer, la Manif d’art 10 - La Biennale de Québec s’intéresse à cette nouvelle réalité à travers des œuvres créées par une centaine d’artistes en provenance de cinq pays.
Annulée l’an dernier, la 10e édition de la Manif d’art se déploiera durant 66 jours, du 19 février au 24 avril, dans 34 lieux de diffusion.
«Il y a eu des hauts et des bas à faire, défaire et refaire cette biennale. Ce fut un travail immense et titanesque. C’est de la joie et du bonheur pur que je ressens après un arrêt d’un an», a lancé, lors d’une visite de presse, Claude Bélanger, directeur général et artistique de la Manif d’art - La Biennale de Québec.

Une centaine d’œuvres sont regroupées au Pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec, lieu central de l’exposition.
La thématique de cette édition, «Les illusions sont réelles», a été choisie par le commissaire invité Steven Matijcio, directeur du Blaffer Art Museum, à Houston au Texas.

«C’est un peu comme les tours de magie qui nous émerveillent face à l’inexplicable et qui provoquent, aussi, des sentiments d’inquiétude, de déstabilisation et de tromperie. Nous vivons, avec la montée des réseaux sociaux, dans une ère de post-vérité où il n’y a jamais eu autant de mensonges, de faussetés et de choses inventées qui contribuent à créer des bulles de réalité. Les œuvres de la biennale abordent les dangers et les effets séducteurs de cette nouvelle réalité», a-t-il expliqué.

Créature mystérieuse
Les œuvres trompent les sens. Comme celle intitulée Snowman with Coke Can Mouth and Broom de l’Américain Tony Tasset qui ouvre l’exposition du Pavillon Pierre Lassonde.
Il s’agit d’un bonhomme de neige, qui semble réel, fabriqué avec du verre, de la résine, du laiton, de l’émail, de la peinture à l’huile, du polystyrène, de l’acier inoxydable et du bronze.
Data, de Nicolas Baier, est une photographie grand format sur laquelle on retrouve un paysage virtuel qui n’existe pas dans la réalité.
L’artiste québécois propose aussi, avec Procession, un voyage méditatif de 16 minutes dans un centre de données.
Avec trois œuvres, Caroline Cloutier propose des illusions fort réussies, où trois surfaces planes donnent l’impression d’être en trois dimensions.

Wall, de Tom Friedman, un artiste de Saint-Louis, s’avère inquiétant avec une paire de main qui tente de traverser un mur blanc.
Dans le segment final du Pavillon Pierre Lassonde, Karine Payette expose deux œuvres totalement fascinantes, dont l’installation À perpétuité, où on retrouve une créature mystérieuse et inquiétante qui évolue dans trois aquariums remplis d’un liquide turquoise.
Installations
La Manif d’art se déploie aussi dans 33 autres lieux de diffusion.

À la Maison de la littérature, Marc-Antoine K. Phaneuf présente, dans un environnement unique et psychédélique, des extraits de son texte MANIF X, dans son œuvre intitulée Conspiration à gogo.
«C’est un manuscrit, sur lequel je travaille depuis plusieurs années, où je m’amuse, avec l’explosion des théories du complot. Ce sont des gros clichés sur Poutine et Trump qui contrôlent le monde, les ultra-riches qui vont s’envoler à partir d’un archipel volant de la Nouvelle-Zélande et du retour de Satan sur terre», a-t-il expliqué.
Dans la vitrine de Manif d’art à Méduse, dans la Côte d’Abraham, Roula Partheniou, expose, avec Untitled (Cube, Cylinder, Pyramid) des cubes Rubik, des bouteilles de vin, une boîte de pop-corn rose, un emballage de M&M et des suçons qui sont sculptés dans le bois. L’illusion est parfaite.
La Manif d’art 10 - La Biennale de Québec, c’est aussi une douzaine d’œuvres d’art public que l’on peut voir à la Place d’Youville, au Diamant, à la Terrasse-Dufferin, sur le Parvis de l’église Saint-Roch et dans d’autres lieux.
La programmation complète et tous les détails sont en ligne sur manifdart.org.