Biden 2024: il ne faut pas


Luc Laliberté
Pendant que les médias n’en ont que pour les audiences publiques de la commission qui enquête sur l’assaut du 6 janvier 2021, le président démocrate continue de s’enfoncer et son taux d’approbation n’est plus que de 39%, en baisse pour la troisième fois d’affilée.
Les démocrates sont de plus en plus inquiets et de moins en moins discrets sur le sujet. À l’exception de quelques États comme la Géorgie, on évitera d’associer Joe Biden aux candidats pour l’élection de mi-mandat en novembre.
En soi, il n’est pas exceptionnel ou anormal qu’après les deux premières années d’un mandat, un président n’ait pas la cote. Ce qui l’est, c’est que déjà des poids lourds comme David Axelrod, journaliste et conseiller politique, expriment aussi tôt des doutes sur une candidature pour 2024.
Tout va trop vite
En avril 2021, je me fendais d’un texte sur un éventuel deuxième mandat et je terminais le titre avec un point d’interrogation. Je le retire sans réserve. Certes, le 46e président n’a pas bénéficié d’un contexte favorable, mais tout va trop vite pour lui.
Celui qui a déjà incarné le compromis et inspiré confiance, ne serait-ce que comme option à Donald Trump, a été incapable de réaliser plusieurs de ses projets les plus prometteurs. Les démocrates sont divisés et Biden n’a plus la poigne nécessaire.
Si les élections de mi-mandat sont aussi mauvaises qu’on l’annonce, Joe Biden fera déjà figure de «lame duck», un canard boiteux qui constituera un poids pour l’élection de 2024.
Trop vieux
J’évoquais plus haut les doutes de David Axelrod. Parmi les facteurs qu’il avance pour écarter Biden, il y en a un qui peut froisser quelques sensibilités: l’âge. Même s’il est un des rares observateurs à l’affirmer, l’ancien conseiller d’Obama n’est pas seul à croire qu’à 82 ans, Biden serait trop âgé en 2024.
Pour les stratèges, peu importe que le bilan de Biden comporte des points forts comme le rétablissement des relations avec les pays de l’OTAN et la réalisation d’un généreux plan de relance économique, ou qu’il ait ramené éthique et normalité à la Maison-Blanche, il est âgé et, surtout, il en a l’air.
Jadis énergique et orateur animé, il a perdu de sa superbe. En le regardant, on ne retient de son âge avancé que les limites du vieillissement sans tirer avantage de sa vaste expérience. Plutôt que de le voir comme un sage, on le perçoit comme un politicien d’une autre époque.
Être président des États-Unis est épuisant et des hommes plus jeunes ont témoigné du caractère brutal de cette fonction stressante. Joe Biden a fait ce qu’on attendait de lui, il a sorti Trump. Son départ est désormais souhaitable, mais il s’accompagne d’une question à laquelle peu d’analystes ou de membres du Parti démocrate se risquent à offrir une réponse: on le remplace par qui?