Bérubé: près de quatre ans plus tard
Jean-François Bérubé est de retour dans la LNH avec les Blue Jackets après un long séjour dans la Ligue américaine


Jean-François Chaumont
COLUMBUS | Jean-François Bérubé n’a jamais arrêté d’y croire. Il s’imaginait revenir au plus haut niveau dans la LNH. Il a atteint son but avec les Blue Jackets cet hiver après une attente de 1416 jours, soit trois ans, dix mois et 14 jours.
• À lire aussi: Quatre équipes qui brisent le cœur de leurs partisans à répétition
• À lire aussi: Thomas Bordeleau s’en va dans la Ligue américaine
• À lire aussi: Les retrouvailles entre Auston Matthews et Rasmus Dahlin sont arrivées
Le 20 février dernier, Bérubé a bloqué 33 tirs dans un gain de 7 à 3 des Jackets contre les Sabres de Buffalo au Nationwide Arena. Avant ce départ, le gardien de 30 ans n’avait pas touché une glace de la LNH depuis le 6 avril 2018 avec les Blackhawks de Chicago.
«Ça fait du bien mentalement», a confié Bérubé lors d’une entrevue téléphonique au Journal lundi soir. «Durant les années où je n’ai pas joué dans la LNH, je n’ai jamais arrêté de travailler dans l'espoir d'avoir une chance d'y retourner. Pour moi, c’est une grosse récompense pour le travail des dernières années.»
«Il y a plusieurs personnes qui pensaient que j’étais pour ne jamais revenir dans cette ligue. Mais il y avait aussi encore du monde pour croire en moi, a-t-il poursuivi. J’étais le premier à y croire. Les Blue Jackets y croyaient aussi. J’ai juste refait mon chemin.»
De nombreux arrêts
Le chemin n’avait rien d’une route en ligne droite. Il y avait des détours, pratiquement autant que dans les rues du centre-ville de Montréal. Au cours des dernières saisons, il a trimballé ses jambières de Cleveland à Lehigh Valley, à Hartford, à Ontario (Californie) et encore à Cleveland, toutes des villes de la Ligue américaine.
«Je suis fier de mon parcours même si ce n’était pas facile, a-t-il répliqué. Si je n’avais pas cru en mon rêve de revenir dans la meilleure ligue au monde, j’aurais arrêté de jouer. Mon objectif est de jouer dans la LNH. Je sais que ça sonne comme un cliché puisque tous les joueurs ont le même rêve.»
«Il y a plusieurs fois où je me posais des questions. Surtout à mon âge, à 30 ans. Je n’ai plus le même train de vie qu’à 22 ans. J’ai maintenant une femme [Michelle] et un garçon de près de deux ans [Cayden]. Pour un joueur de hockey, tu recommences toujours à zéro quand tu changes de ville et d’équipe. Oui, ils t’ont vu jouer. Ils ont des attentes, mais il y a toujours des choses qu’ils veulent apprendre sur toi. »
Quatre départs
L’an dernier, Bérubé a porté les couleurs du Reign d’Ontario en acceptant un contrat d’un an uniquement dans la Ligue américaine.
«La COVID-19 a coincé bien des joueurs, surtout les plus vieux dans la Ligue américaine, a-t-il rappelé. Les équipes ne voulaient pas investir autant d’argent. Je me retrouvais toutefois avec une équipe que je connaissais puisque j’ai joué dans l’organisation des Kings. Ma femme est originaire de la région de Los Angeles et nous avons passé pratiquement les deux premières années de la pandémie en Californie.»
À l’autonome, l’ancien gardien du Junior de Montréal se retrouvait à la croisée des chemins. Il n’avait aucun contrat en poche. Jarmo Kekalainen, le DG des Jackets, lui a offert une invitation au camp quelques semaines après le décès tragique du gardien Matiss Kivlenieks, survenu le 4 juillet. Le Letton était le troisième gardien de l’organisation après Elvis Merzlikins et Joonas Korpisalo.
«Je voulais retourner à Columbus, je connaissais déjà l’organisation, a-t-il dit. Je ne recommençais pas à zéro. J’avais déjà une bonne relation avec les deux coachs des gardiens, Manny Legace et Brad Thiessen [Cleveland]. J’ai toujours gardé un bon contact avec eux. Je trouvais ça logique de m’essayer avec cette équipe. Je suis parti sans trop d’attentes, mais j’avais en tête de faire ma place. Je voulais juste décrocher un contrat.»
Bérubé n’a pas juste décroché un contrat. Il a aussi obtenu quatre départs d’affilée avec les Jackets après les premiers mois de la saison avec les Monsters de Cleveland. Il a gagné ses trois premiers matchs contre les Sabres, les Maple Leafs et les Panthers avant de perdre face aux Hurricanes.
Il a agi comme le gardien partant à Columbus durant les absences de Merzlikins et Korpisalo au mois de février. Mais depuis ce temps, il a regardé les 14 derniers matchs de son équipe au bout du banc. Et il s’attend à servir d’adjoint à Merzlikins pour la visite du Canadien, mercredi, au Nationwide Arena.
«C’est dur de jouer quatre matchs pour ensuite rester six semaines sur le banc, a-t-il convenu. Ça reste la réalité d’un deuxième gardien et je ne m’en plains pas.»
Avant d’accepter l’invitation de Kekalainen, Bérubé avait songé à faire ses valises pour une nouvelle aventure.
«J’ai exploré pratiquement toutes les options en Europe: la KHL, la Suisse, l’Autriche, la Suède. J’avais des offres dans chacune des ligues, mais je ne savais pas quelle direction prendre. J’espérais encore recevoir un appel d’une équipe de la LNH. Je veux jouer dans la LNH. Je sais que si je pars pour l’Europe, je fais une croix à la LNH.»
Il a gagné son pari.