Bernard Drainville, Clic École et l’illusion du progrès: quand les écoles s’effondrent sous l’électoralisme


Shophika Vaithyanathasarma
Le Journal nous apprend ce matin qu’une nouvelle plateforme facilitera la communication entre les parents et les équipes scolaires. Ce projet, au coût d’environ 4 M$, ne bouleversera (heureusement!) pas le quotidien des écoles, qui pourront continuer d’utiliser la plateforme Mozaïk, bien connue de presque toutes les familles québécoises, pour transmettre leurs messages.
Oui, il est vrai que la communication entre l’école et les parents laisse souvent à désirer. Le personnel scolaire utilise Mozaïk, le courriel, et parfois même les deux outils simultanément pour transmettre des informations.
Parfois, les messages se rendent, parfois non.
Et on persiste à envoyer des messages à des parents qui ne répondent pas toujours, simplement pour garder une trace. Dans ce contexte, ce nouvel outil pourrait avoir son utilité. Mais le problème, c’est qu’il reste «potentiellement» utile... rien de plus.
Car malgré la bonne volonté du ministre Bernard Drainville, un malaise persiste. En fait, en observant les réactions du milieu scolaire, il devient évident que nous partageons collectivement un gros malaise.
Les écoles en ruines: un enjeu ignoré
C’est que, pendant ce temps, nos écoles continuent de se dégrader. Après la fermeture de l’école FACE, quel avenir attend l’école Sophie-Barat ou l’Académie de Roberval? Ce sont des écoles publiques aux histoires riches, mais malheureusement abandonnées par la CAQ.
On nous demande de célébrer ce projet numérique, comme si c’était une découverte révolutionnaire, alors que l’état de notre parc immobilier scolaire est relégué à un détail de bas de page.
Des écoles vieillissantes sont fermées, jugées trop peu rentables électoralement. On construit ailleurs, on laisse se détériorer, on détruit, car rénover coûte cher et n’offre pas de belles photos pour la prochaine campagne électorale de François Legault...
L’électoralisme et ses dérives
J’essaye, sans grande illusion, de mettre en lumière ce décalage entre la volonté sincère de nos élus, leurs actions concrètes, les véritables besoins sur le terrain et le mécontentement grandissant de la population.
Ce n’est pas qu’une question d’individus, mais d’un système plus large. Comme le souligne brillamment Alexandre Duval dans Obsession: élections! Comment l’électoralisme affaiblit nos démocraties: «Les citoyens ont bien compris qu’on ne les considère plus comme les véritables patrons, mais comme des clients d’un système dominé par les partis politiques. Ils en ressentent les effets, auxquels ils répondent de plus en plus par l’indifférence, le cynisme, la colère et parfois même la violence.»
Bref, le vernis du discours électoral brille de mille feux, mais les écoles, elles, se fissurent.