Benson Boone au Festival d’été: pop acrobatique pour foule survoltée

Cédric Bélanger
Il y a tout juste un an, personne, mais absolument personne n’aurait misé 5$ sur la possibilité qu’un dénommé Benson Boone devienne en 2025 une tête d’affiche du Festival d’été, encore moins qu’il fasse capoter une foule survoltée de 80 000 admirateurs.
Preuve que ça change vite dans le milieu de la musique, c’est le scénario qui s’est matérialisé dans l’euphorie générale, samedi soir, sur des plaines d’Abraham en feu malgré l’agaçante pluie qui a transformé le site en une mer de ponchos.
Benson Boone, nouvelle idole acrobatique de la pop grâce à l’étourdissant succès de la chanson Beautiful Things, a été, l’instant d’un soir, le roi des Plaines, comme l’ont été devant le même genre de public festif avant lui les Post Malone, Maroon 5 et Imagine Dragons.

Tellement festif que le spectacle a d’ailleurs commencé quinze bonnes minutes avant l’entrée en scène de Boone quand le DJ des Plaines a enchaîné plusieurs succès pop de Bruno Mars, Lady Gaga, Alex Warren et Miley Cyrus. Ravis, les festivaliers ont hurlé les paroles à pleins poumons.
Le fils spirituel de Mercury
Bref, à son arrivée à l’heure prévue sur l’air de Sorry I’m Here for Someone Else, l’athlétique jeune Américain de 23 ans, vêtu d’un chandail moulant laissant bien voir ses biceps, n’a eu qu’à les cueillir comme un fruit mûr.
Après quelques secondes, il a exécuté la première de ses quatre pirouettes de la soirée, une prouesse qui a causé une déchirure dans ses pantalons, qu’il a exhibée sans pudeur sur les écrans, provoquant des cris encore plus stridents.
Un petit «merci beaucoup» en français sans accent et c’était gagné.

Aussi bien dire que sa réputation de bête de scène n’était pas surfaite, ni les comparaisons avec Freddie Mercury.
Sa gestuelle très physique, ses visites au piano et les vocalises avec la foule rappelant celles de Mercury à Live Aid, effectuées juste avant de dédier Mr. Electric Blue à son papa, en font presque le fils spirituel du regretté chanteur de Queen, ce qui n’était pas du tout un défaut, samedi soir.
Plus qu’une chanson
Autre constat: ses détracteurs ont tort. Benson Boone, dont le spectacle repose essentiellement sur les titres de ses albums Fireworks & Rollerblades et American Heart, celui-ci paru il y a deux semaines, n’est pas l’artiste d’une seule chanson.
Plusieurs titres, surtout les plus rock, ont fait rudement mouche, mais force est d’admettre qu’il devra ajouter encore quelques armes dans son arsenal pour offrir un 90 minutes plus musclé, autant musicalement que dans l’habillage visuel du spectacle.
Vocalement, cependant, Benson Boone est capable de tenir la note et il ne rate pas une occasion de montrer ce qu’il a dans le coffre.

Ne tombez pas en bas de votre chaise, c’est Beautiful Things qui a mis un point final explosif, sous un bombardement d’effets pyrotechniques, de flammes et de cris, à cette première rencontre réussie entre Benson Boone et Québec.
La note du Journal: 4 étoiles sur 5.
- Benson Boone sera en concert au Centre Bell de Montréal, le 30 août.
Remi Wolf : boule d’énergie à saveur pop vitaminée
À défaut d’avoir pu attirer Chappell Roan à Québec, du moins pour le moment, le programmateur du FEQ, Louis Bellavance, a eu la main heureuse en confiant la première partie à Remi Wolf, une artiste californienne dont la carrière pourrait suivre la même trajectoire que l’interprète de Pink Pony Club.

Vedette de la génération Z, cette boule d’énergie déplace de l’air sur une scène. À sa voix stridente, elle combine un sens du dramatique et un côté multitâche qui a fait en sorte qu’on l’a vue aller donner quelques coups de baguettes à la batterie.
Son abondante utilisation du mot en F et son étonnante présentation de Toro, chanson à propos «d’un gros pénis», complètent ce portrait hors du politiquement correct.
Quant à ses mélodies pop, parfois alimentées par la soul et le disco, elles ont du punch. C’est même parfois à la limite du rock psychédélique, comme dans la décoiffante Michael, qui a précédé une étonnante reprise de Dreams, de Fleetwood Mac, sûrement une découverte pour ses jeunes admirateurs.