Bell Textron dénonce l’aversion de nos gouvernements pour le nationalisme économique
L’aversion de nos gouvernements pour le nationalisme économique dénoncée


Martin Jolicoeur
Lorsque vient le temps de faire leurs achats, les gouvernements du Québec et du Canada hésitent à user de nationalisme économique. Mais pour le PDG de Bell Textron, également président du conseil d’Aéro Montréal, il s’agit-là d’une erreur de gouvernance fondamentale qui nuit aux entreprises d’ici.
«Nous vendons des hélicoptères partout sur la planète. Partout, dit-il, sauf en Europe... où les manufacturiers européens comme Airbus remportent systématiquement l’ensemble des commandes.»
Si cette façon de faire est acceptée de tous, y compris par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Steeve Lavoie peine à comprendre les scrupules qu’ont encore nos gouvernements à imposer un minimum de contenus locaux lorsque vient le temps d’aller en appel d’offres.
Cette particularité toute canadienne, Bell a fini par apprendre à s’en accommoder depuis son arrivée à Mirabel en 1986, il y a donc 35 ans.
Cela, même si, de temps à autre, elle donne lieu à des aberrations, comme de voir la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et la Sûreté du Québec (SQ) faire le choix d’acheter des hélicoptères conçus et fabriqués à l’étranger.
1 200 employés à Mirabel
Aux abords de l’autoroute des Laurentides (A15), son usine de 650 000 pi2 est bien connue des villégiateurs des Laurentides. Les locaux de Bell reposent sur un vaste terrain privé de 150 acres, comptant une tour de contrôle, deux pistes d’atterrissage, et son propre corridor aérien.
Les locaux de Bell reposent sur un vaste terrain privé de 150 acres, comptant une tour de contrôle, deux pistes d’atterrissage, et son propre corridor aérien.
Ses équipes, composées de quelque 1200 ingénieurs et autres spécialistes de l’aviation verticale, fabriquent, testent et entretiennent la plupart des modèles Bell 407, 412, 429 et 505 que comptent la planète.
Elle travaille aussi au développement des futurs drones qui risquent de se multiplier au cours des prochaines années.
Au total, on estime à 5600 appareils – des hélicoptères dans la vaste majorité – à être sortis depuis 35 ans de l’usine québécoise, une propriété de l’américaine Textron.
Cent fois sur le métier
Qu’à cela ne tienne, année après année, l’entreprise doit rappeler sa présence locale et défendre son expertise face à des concurrents étrangers, rarement incommodés par leur absence du territoire, explique le président.
C’est encore le cas, ces jours-ci, dans le cadre de la refonte d’un programme majeur de formation aérienne des pilotes de la Défense nationale. Bell, à l’origine notamment du fameux Griffon, encore utilisé par les Forces canadiennes, tente de faire valoir l’importance de former les soldats sur ses appareils.
Mais encore là, elle fait face à la concurrence, entre autres, de l’italienne Leonardo Helicopter et du groupe français Airbus Helicopter. «Ce n’est jamais gagné. Il faut constamment être présent, visible et faire valoir notre présence à Québec et Ottawa», dit M. Lavoie, qui a longtemps travaillé chez Bombardier avant de se joindre à Bell Textron, en 2018.
L’entreprise poursuit le travail. Et malgré la COVID, sa cadence de production avoisine les 160 appareils par année. En date du 31 décembre 2020, elle avait reçu 15,8 M$ du gouvernement à titre de Subvention salariale d’urgence du Canada.
Ce programme, combiné au report de paiements de services et d’impôt sur le revenu lui a permis, dit-elle, d’éviter des licenciements au plus fort de la crise.
Bell Textron en bref
- Siège social: Forth Worth, Texas, États-Unis
- Une filiale de Textron, basée à Providence, Rhode Island, États-Unis
- Nbre d’employés: 8500, dont 1200 au Québec (40 ailleurs au Canada)
- Localisation: Mirabel depuis 1986
- Cadence de production: 160 hélicoptères par année, en moyenne
- Modèles produits à Mirabel: Bell 412, Bell 407, Bell 429, Bell 505