Bedard ou Celebrini?

Jean-Charles Lajoie
À Montréal ce jeudi, Macklin Celebrini est sur la ligne de feu avec son bon ami et ex-coéquipier Lane Hutson. Les deux jeunes sensations luttent superbement pour le trophée Calder.
Celebrini a succédé en juin à Connor Bedard à titre de première sélection de l’encan universel de la Ligue nationale (LNH). En 2023, Bedard avait créé un buzz beaucoup plus fort que celui de Celebrini; il n’y avait aucun doute sur la sélection des Blackhawks de Chicago, tandis que l’été dernier, le mystère sur le choix de Celebrini par les Sharks a plané longtemps. Allaient-ils plutôt se rabattre sur Beckett Sennecke ou Cayden Lidstrom?
Je présume que l’imaginaire collectif des amateurs et observateurs du hockey s’est laissé berner par les statistiques. Les 143 points, dont 71 buts, en 57 matchs de Bedard à Regina à son année de repêchage ne permettaient aucun doute sur sa sélection. En revanche, bien que très louables, les 64 points en 38 rencontres de Celebrini avec les Terriers de Boston la saison dernière ouvraient la porte aux spéculations sur l’identité du choix des Sharks à l’encan.
Bien qu’à peine une demi-saison se soit écoulée depuis le repêchage, San Jose a fait un excellent choix: 47 matchs, voilà ce que compte Celebrini comme expérience dans la LNH. Après 47 matchs la saison dernière avec les Blackhawks, Bedard cumulait 41 points, dont 17 buts. Deux de ses buts avaient été inscrits avec un homme en plus, 15 de ses 41 points en avantage numérique. Il revendiquait 140 tirs et deux filets gagnants, le tout avec un temps de jeu moyen de 19 min 19 s.
Après 47 matchs cette saison, Celebrini compte 42 points, un de plus que Bedard l’an dernier, 18 buts, un de mieux que Bedard il y a un an aussi. Six des buts de Celebrini ont été marqués avec un homme en plus et 14 de ses 42 points ont été obtenus dans les mêmes circonstances. Il a décoché 159 tirs, 19 de plus que le joueur des Hawks, tout en ayant le double de buts gagnants. Et il joue en moyenne 24 secondes de plus par match.
Les chiffres parlent. Ils ne sont pas décapants, mais ceux de Celebrini sont meilleurs et, compte tenu de la nuance importante de buzz à la faveur de Bedard, il s’agit d’une douce revanche pour l’espoir des Sharks que nous voyons tous représenter le Canada à Milan dans un an, avant Connor Bedard.
Sid et Ovi supérieurs
Sidney Crosby sera aussi à Milan et, si le CIO le veut bien, Alex Ovechkin y sera également. Si on emmène ces deux joueurs générationnels dans la conversation comparative après 47 matchs dans la grande ligue, on constate une nuance importante en leur faveur par rapport à la paire Bedard-Celebrini.
Crosby avait 53 points, dont 23 buts. Neuf de ces filets et 24 des 53 points ont été obtenus avec un homme en plus. Il comptait 160 tirs et trois buts gagnants avec une moyenne de temps de jeu de 19 min 32 s.
Ovi est l’extraterrestre du quatuor: 62 points, dont 33 buts, et 160 lancers, mais 13 buts et 28 points en avantage numérique. Il avait trois buts gagnants et presque 21 minutes de temps d’utilisation moyen par match. Je précise ici que Crosby et Ovechkin ont disputé ces 47 premiers matchs au cœur d’une LNH qui tolérait l’accrochage et l’obstruction, et dont les coachs prônaient les schémas défensifs outranciers.
Quant à Connor McDavid, l’autre joueur générationnel du siècle actuel, il a un point de plus et quatre buts de moins que Crosby. Il a obtenu seulement trois buts et 16 points en avantage numérique, mais six filets gagnants. Son temps de jeu moyen est le plus bas des cinq larrons de ce Billet de saison, soit 19 min 03 s.
Crosby a gagné la coupe Stanley à sa quatrième saison. Ovechkin l’a fait à sa 13e campagne. McDavid cherche à toucher le saladier argenté une première fois. Il en est à sa 10e saison: y parviendra-t-il un jour? Que dire de Bedard et Celebrini? Ce dernier risque même d’échapper le Calder aux mains de Lane Hutson, un modeste 62e choix au total.