Beaucoup de bruit pour rien
On craignait de le «Star-Spangled Banner» soit hué au Centre Bell, mais ce fut très discret


Dave Lévesque
Toute la semaine, on s’est demandé comment les partisans du Canadien accueilleraient l’hymne national américain, et l’éléphant a accouché d’une souris.
Vendredi, même Cole Caufield s’en est mêlé un peu de force, quand il a été questionné sur la chose. L’attaquant, qui fait partie d’un contingent de quatre joueurs américains chez le Canadien, a admis qu’il n’aimait pas que les partisans canadiens huent le Star-Spangled Banner en guise de protestation à la menace de tarifs douaniers brandie par le président Donald Trump.
On comprend bien son état d’esprit, et il a certainement été heureux quand il a constaté, lors du match de samedi contre les Devils du New Jersey, que seulement quelques partisans ont manifesté leur mécontentement lors de l’hymne national des États-Unis, qui s’est conclu par des applaudissements polis. Les fans de la Flanelle ont préféré applaudir à tout rompre lors du Ô Canada à la place, ce qui est sans doute la meilleure réponse possible.
En fait, samedi, le Canadien a été plus hué au terme du match, qu’il a perdu 4 à 0, que l’hymne américain a pu l’être, avant que la première rondelle ne soit déposée sur la glace.
Dimanche, c’était encore plus calme dans les gradins. À peine a-t-on entendu quelques huées sourdes à travers des applaudissements très discrets.
Des messages
Sans que la Ligue nationale de hockey ne le lui demande, le Canadien a pris l’initiative d’enjoindre à ses partisans de rester polis, l’annonceur Michel Lacroix lisant, avant chacun des deux matchs, un message qui prie les partisans de «respecter les hymnes nationaux canadien et américain de même que les joueurs qui représentent chaque pays».
Présent au match, le premier ministre du Québec, François Legault, a lui aussi demandé aux amateurs montréalais de faire preuve de retenue.
Certains s’inquiétaient de la réponse des Montréalais dans ce premier match au Centre Bell depuis que la menace tarifaire a été évitée de peu ou du moins reportée. Les partisans de Toronto et de Vancouver ont pavé la voie le week-end dernier, et lors des dernières rencontres au Centre Bell, quelques partisans ont hué l’hymne national américain, mais il s’agissait de gestes relativement isolés.
Lors d’une semaine qui se veut plus familiale avec deux matchs en après-midi, les partisans étaient nombreux à avouer qu’ils n’avaient pas vraiment pensé à tout ça avant de se présenter au Centre Bell. Ils étaient par ailleurs hésitants à prendre position.
Pourquoi huer?
Évidemment, l’idée que leur hymne national soit hué n’enchantait pas les partisans des Devils qui étaient présents au Centre Bell. C’était notamment le cas de Lewis, un résident du New Jersey qui a préféré ne pas donner son nom de famille.
«Je ne suis pas content, mais tout le monde a le droit de faire ce qu’il veut. Nous allons crier plus fort et peut-être que nous allons huer l’hymne national canadien», lance-t-il, un sourire en coin.
L’homme, qui était accompagné de sa conjointe et de ses deux enfants, se demandait si c’était la meilleure façon de protester.
«Pourquoi huer? C’est un match de hockey. Mais je n’ai pas aimé que les gens huent lors d’un match de la NBA à Toronto, quand c’était une jeune fille de 15 ans qui chantait l’hymne américain. Vous imaginez comment elle se sentait?»