Beau Dommage, encore et toujours


Josée Legault
Les urgences débordent. Une récession nous pend au bout du nez. La COVID s’incruste. Les psys sont plus rares que les communistes à un congrès de la CAQ. Bref, ça ne va pas bien aller...
Malgré qu’elle n’y changera rien, la réédition du premier album mythique de Beau Dommage vient néanmoins mettre un peu de baume sur nos plaies.
Encore plus, c’est sûr, pour tous ceux et celles qui, comme moi, ont eu le grand bonheur de découvrir ce groupe résolument moderne et montréalais, jadis, dans leur tendre jeunesse, aujourd’hui un brin fanée.
Presque 50 ans déjà (!) que Michel Rivard et ses comparses nous ont en effet offert l’immense cadeau de leur premier «33 tours», comme on disait. Acheté fièrement avec un peu d’argent de poche gagné à la dure.
«Nos» Beatles
Tous les palmiers, Chinatown, La complainte du phoque en Alaska, Ginette, 23 décembre, Montréal, Le Géant Beaupré, Harmonie du soir à Châteauguay, À toutes les fois, etc.
Chaque titre, chaque chanson, chaque mélodie, dans une langue française ciselée comme un diamant, un hit instantané, intemporel et inoubliable.
«Nos» Beatles, qu’on les appelait. C’est dire toute l’ampleur du talent créatif de Beau Dommage qui, de toute évidence, n’a pas pris une ride.
Avec Harmonium et Serge Fiori – un tout autre univers musical, celui-là onirique et envoûtant –, Beau Dommage savait traduire nos espoirs, nos rêves, nos ambitions, notre métropole imparfaite, nos coups de foudre fracassants et nos peines d’amour déchirantes.
- Écoutez l'entrevue avec Pierre Huet, parolier à l’émission de Sophie Durocher diffusée chaque jour en direct 14 h 35 via QUB radio :
Merci pour tout
Comme un polaroïd qui ne jaunirait jamais. Une cassette qui ne se débobinerait jamais. Une précieuse pochette qui ne se déformerait jamais.
Presque 50 ans, pourtant, se sont écoulés depuis. Un demi-siècle. C’est du sérieux. Comme quoi, la vie est éternellement trop pressée de passer.
Très chers membres de Beau Dommage, merci de nous faire oublier tout ce temps qui, sans pardon, nous échappe. Merci de réjouir encore tout autant nos oreilles, d’ouvrir nos cœurs et de réchauffer nos âmes.