Bâtir une économie qui travaille pour nous

Béatrice Alain, directrice générale, Chantier de l’économie sociale
Chaque semaine, face aux tarifs de Trump, de nouvelles questions émergent, trop souvent sans réponse : quel produit deviendra plus cher? Quel voisin perdra son emploi? Quelle municipalité perdra l’entreprise qui fait vivre sa communauté? Plus que jamais, nous réalisons que notre vitalité économique est fort trop déterminée par des facteurs sur lesquels nous avons peu de contrôle — des intérêts étrangers qui s’offusquent peu ou pas de la baisse de notre qualité de vie ou encore des désastres naturels causés par les chamboulements climatiques.
Sommes-nous pour autant impuissants ? Pour répondre simplement : non. Bien sûr, il y a la crainte objective de devoir composer avec l’imprévisible, une certaine impuissance quand des décisions qui nous touchent se prennent au sud de la frontière.
Mais, bien au-delà des menaces tarifaires, il y a aussi des solutions qui émergent et qui contribuent à réduire cette dépendance. Partout sur le territoire, il y a des acteurs qui se regroupent et prennent eux-mêmes en charge le développement économique de leur communauté.
Transformations sociales
Depuis deux ans maintenant, des milliers de Québécois de toutes les régions travaillent à bâtir de nouvelles avenues pour accélérer les transformations sociales menées par des communautés dans le contexte de la tournée nationale du Chantier de l’économie sociale.
Le grand constat de ces deux ans de travaux où se sont côtoyés entrepreneurs collectifs et privés, élus municipaux, citoyens engagés et acteurs environnementaux et sociaux, c’est qu’il existe déjà des solutions porteuses pour transformer notre économie au bénéfice de tous les Québécois. L’économie sociale en est la preuve : par la prise en charge des communautés, il est possible de bâtir une économie qui travaille pour nous.
Et ces entreprises, réelles, actuelles, actives sur le territoire, agissent dans toutes les sphères d’activités, de la gestion des déchets, aux festivals de musique régionaux, en passant par les épiceries coopératives et le logement non lucratif. Toutes ces entreprises ont en commun la participation démocratique de leurs membres et le réinvestissement des profits dans les besoins des communautés. Ce sont des entreprises qui génèrent une transformation sociale par l’activité économique.
Bien-être des communautés
Une économie qui travaille pour nous, c’est donc des entreprises qui maximisent le bien-être des communautés, plutôt que les profits aux actionnaires étrangers; c’est des emplois de qualité, durables, dans lesquels les travailleurs et travailleuses jouent un rôle jusque dans la gestion de l’entreprise; c’est une économie qui utilise les profits de notre modèle économique actuel pour bâtir la nouvelle économie, empreinte de solidarité, de justice, de compassion.
Les 14-15 mai prochains, à la TOHU à Montréal, aura lieu le Sommet de l’économie sociale. Les entreprises collectives et le mouvement qui les entourent se rassembleront pour annoncer de nouveaux fonds, de nouvelles alliances, de nouvelles façons de faire, et se doter d’un plan de transformation sociale et économique pour les 25 prochaines années. Des acteurs de changement de partout au Québec offriront une voie de sortie à l’impuissance et au pessimisme, une bouffée d’air pour bâtir une économie plus résiliente, en respect des limites planétaires.
Une façon de vivre une vie décente qui brise la logique du système économique dominant. Une alternative qui est loin d’être théorique. Une alternative pour faire face à cette époque trouble.
Alors, suivez le déploiement de ce grand sommet les 14-15 mai prochains, et soyez aux premières loges de la construction d’une économie qui travaille pour nous.

Béatrice Alain
Directrice générale
Chantier de l’économie sociale