Bâtiment à risque de s’effondrer: quatre jours après son déménagement, elle est évacuée d’urgence de son logement


Marianne Langlois
À peine quelques jours après avoir emménagé dans son nouvel appartement, une jeune étudiante se retrouve devant rien après avoir été évacuée d’urgence en raison de l’instabilité d’un immeuble voisin.
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«Je n’ai rien, pas de livres d’école, de vêtements. Je n’ai pas été en mesure d’aller chercher quoi que ce soit», déplore Laura Noël, une étudiante à la maîtrise en orthophonie à l’Université de Montréal.
Elle fait partie des 80 locataires qui ont dû être évacués des logements voisins du 5990 avenue du Parc pour des raisons de sécurité, à la suite d’une chute de briques, vendredi.

«On savait que l’immeuble voisin du nôtre était problématique, mais qui aurait pu imaginer que des pans de murs commencent à tomber quatre jours après notre emménagement», ajoute la femme de 23 ans.
Quitter les coquerelles pour ça...
En pleine crise du logement, l’étudiante, qui venait d’emménager le 1er juillet, a regardé pour un autre logement qui répondrait à ses critères, mais sans succès.
«Il n’y a rien, rien du tout. Dire que je venais de quitter un logement où il y avait une infestation de coquerelles et que maintenant, je me retrouve encore dans un contexte incertain», déplore celle qui a appris le sinistre en consultant les nouvelles.

Une de ses voisines, qui est emménagée en mai, tente de faire pression sur les élus municipaux afin de faire bouger les choses.
«Comme je souffre de douleurs chroniques, la situation a empiré mon état. J’ai choisi ce logement pour être près de la pharmacie, de l’épicerie. Dans mon état, le simple fait de me déplacer est extrêmement douloureux, je veux pouvoir rentrer chez moi», explique la femme de 34 ans, qui souhaite conserver l’anonymat.
Depuis 2021
L’immeuble, qui doit être détruit depuis des années, pourrait encore demeurer en place des mois. Pourtant, un propriétaire voisin de l’immeuble sinistré sonne l’alarme depuis 2021.
«J’ai l’impression que les gens avec lesquels je m’entretenais à la Ville de Montréal comprenaient la situation, mais que rien n’a été fait. Mon but, c’est qu’on fasse bouger les choses pour que mes locataires puissent rentrer chez eux», dénonce Ian Cucurull, qui est ingénieur de formation.
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M. Cucurull espère pour ses locataires que la Ville de Montréal octroie un contrat de gré à gré à une équipe qui était déjà en place pour installer un tunnel de protection et qui pourrait assurer la démolition de l’immeuble en moins d’une semaine.
«J’aimerais que la Ville de Montréal pense à nous, les 80 locataires qui vivent dans ces logements. On sait qu’il y a beaucoup d’administration, mais [on] veut rentrer chez nous», ajoute Laura Noël. Elle a dû retourner rester chez ses parents, qui vivent à deux heures de Montréal.
Plusieurs locataires se sont présentés à la séance ordinaire du conseil du Plateau-Mont-Royal qui avait lieu lundi soir afin de faire pression sur la Ville.
Contacté par le Journal, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a répondu par courriel « que le dossier était suivi de près » et qu'ils sont en communication avec les propriétaires qui «doivent procéder à la démolition dans les plus brefs délais ».
Dans le cas contraire, la Ville prendra des moyens « légaux pour assurer la sécurité publique ».