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L'article provient de TVA Sports
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Barré-Boulet: du ballottage au 1er trio du Lightning

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Photo portrait de Jean-François Chaumont

Jean-François Chaumont

2023-11-02T23:30:00Z
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Le 10 octobre, Alex Barré-Boulet se retrouvait au ballottage, pour la quatrième fois de sa carrière. Mais pour une deuxième fois, aucune équipe de la LNH ne le réclamait. Le 2 novembre, il patinait encore à l’aile gauche du premier trio du Lightning de Tampa Bay avec Brayden Point au centre et Nikita Kucherov sur le flanc droit.

En moins d’un mois, la carrière de Barré-Boulet a pris un virage à 180 degrés. 

À la veille d’un match contre les Blue Jackets à Columbus, l’ailier originaire de Montmagny, au Québec, a raconté ce changement radical sur le plan personnel. 

«Ce n’est jamais le fun quand tu te fais descendre dans la Ligue américaine ou qu’on te place au ballottage, a dit Barré-Boulet en entrevue téléphonique au Journal. Quand tu te fais rappeler dans la LNH, tu deviens un héros dans ta tête. Mais l’autre sentiment embarque rapidement quand tu prends le chemin inverse.» 

«J’ai pris ça difficilement pour 24h quand le Lightning m’a encore placé au ballottage en début de saison. J’ai trouvé une façon de passer à autre chose quand j’ai réalisé que je n’étais pas réclamé. Mais près de 10 min après le ballottage, je recevais un appel du Lightning. Il y avait une ouverture en raison de la blessure à Tyler Motte lors du premier match.»

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Un gros rôle

À Tampa depuis le 12 octobre, Barré-Boulet a maintenant endossé l’uniforme du Lightning pour neuf matchs. Dix en comptant celui à Columbus. Il a marqué trois buts et ajouté deux passes, pour cinq points.  

Mais encore plus important, Jon Cooper lui a confié un rôle qui cadre avec son identité d’ailier offensif. Après une audition en compagnie de Nick Paul et Conor Sheary, Barré-Boulet a reçu le mandat de jouer à la gauche de Point et Kucherov. Il y est depuis un peu plus de quatre rencontres. 

Getty Images via AFP
Getty Images via AFP

«Je sais qu’il s’agit d’une opportunité en or, a-t-il répliqué. Je dois montrer que je peux jouer avec eux. Si tu sors de bons matchs avec Point et Kucherov, tu peux jouer avec n’importe qui. C’est une occasion, mais je garde les deux pieds sur terre. Je dois y aller une journée à la fois. Si je joue un bon match, tant mieux. Mais si j’ai un mauvais match, je me dis que ça ira mieux au prochain. Je garde cette attitude.» 

«Coop [Cooper] le fait jouer avec de bons joueurs, a renchéri Benoît Groulx. Je n’ai aucun doute qu’il peut les suivre et sortir des jeux avec eux. Combien de temps ça peut durer? On ne le sait pas. Mais je sais une chose: il fera tout pour s’accrocher.»

«Alex est un gars intelligent, a poursuivi Groulx. Il sait qu’on vient de la placer dans la chaise où il veut être. C’est maintenant entre ses mains. Il attendait cette chance. C’est à lui de briller. Mais il ne peut pas respirer, il doit rester sur la coche. J’y crois. Il a la maturité et l’expérience pour réussir.» 

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Année de vérité

Groulx connaît parfaitement celui qu’il surnomme «BB». Toujours à l’emploi du Lightning, mais dans un rôle encore à déterminer, Groulx a dirigé le Crunch de Syracuse dans la Ligue américaine de 2016-2017 à 2022-2023. 

Barré-Boulet a joué les cinq dernières saisons à Syracuse. 

«Le Lightning a encore perdu des joueurs cet été en raison des contraintes du plafond salarial, a rappelé Groulx. Pour Alex, c’est do or die pour la LNH cette saison. Ça passe ou ça casse, en français. L’organisation lui fait confiance. Il s’est fait retrancher, mais il demeurait dans les plans. Julien [BriseBois] croit en lui. Oui, ils l’ont retranché. Oui, ils l’ont placé au ballottage. Mais non, ils ne l’ont pas placé de côté. Ils ont continué à croire en lui.»

L’ancien de l’Armada de Blainville-Boisbriand ne fait pas le saut quand on lui transmet le message de son entraîneur des cinq dernières années dans la Ligue américaine.  

«J’ai 26 ans. Je ne ferai pas de cachettes. Je sais que c’est probablement cette année que ça se décidera pour ma carrière dans la LNH. Il y a toujours de belles histoires avec des gars plus vieux qui finissent par gagner un poste, mais ça demeure très rare. Je veux saisir ma chance. Je travaillerai fort tous les jours pour m’améliorer dans toutes les facettes.» 

Le modèle Yanni Gourde

À 5 pi, 10 po et 178 lb, Alex Barré-Boulet n’a rien d’un géant. S’il finit par s’établir comme un ailier régulier chez le Lightning de Tampa Bay, il ne sera pas le premier petit joueur à gagner sa place dans la LNH. 

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«Quand je parle d’Alex, j’aime faire un parallèle avec Yanni Gourde, a dit Benoît Groulx. BB a 26 ans. Yanni est rentré dans la LNH vers quel âge? 25 ou 26 ans? J’ai toujours dit de Yanni que sa plus grande qualité est qu’il n’a jamais arrêté de croire en lui. Cette année, j’ai le sentiment que la porte semble s’ouvrir pour BB. Je suis heureux pour lui. Il a tellement été bon pour moi à Syracuse.» 

Photo Steph Chambers/Getty Images/AFP
Photo Steph Chambers/Getty Images/AFP

Avant de partir pour l’aventure du Kraken de Seattle lors du repêchage d’expansion de 2021, Gourde a gagné deux fois la coupe Stanley avec le Lightning, en 2020 et en 2021. 

«Oui, Yanni est une belle inspiration, a affirmé Barré-Boulet. Je l’ai côtoyé avec le Lightning pendant une quinzaine de matchs en 2020-2021. Il travaille tellement fort, autant dans un entraînement, un match, qu’en gymnase. Il reste toujours intense. Il veut encore prouver qu’il est un joueur dominant. Il avait tellement été gentil avec moi. Il m’invitait chez lui et il cherchait à m’aider.»

Au début de la saison 2021-2022, Barré-Boulet avait brièvement fait ses valises pour Seattle. Réclamé par le Kraken au ballottage le 11 octobre 2021, il avait joué deux matchs avec la 32e équipe de la LNH, avant de retourner dans l’organisation du Lightning. Le 22 octobre 2021, Julien BriseBois l’avait rapatrié en le réclamant à son tour au ballottage. 

84 points à Syracuse

L’an dernier, avec le Crunch à Syracuse, Barré-Boulet a dominé la Ligue américaine avec 84 points (24 buts, 60 passes) en 69 matchs. Malgré de très bons chiffres, il n’a participé qu’à un seul match avec le Lightning. 

«Je me souviens de m’être assis avec Alex l’an dernier, a mentionné Groulx. Je lui avais dit que son défi était de rester affamé une année de plus. Et il l’a fait. Il n’a pas boudé.» 

«Honnêtement, je n’ai pas trouvé ça trop difficile, la saison dernière, a ajouté Barré-Boulet. Sauf probablement à la fin du camp, quand le Lightning m’a retourné avec le Crunch. À Syracuse, il y a un bon groupe de gars. J’oubliais que je me retrouvais dans la Ligue américaine. J’étais avec trois entraîneurs francophones en Ben [Groulx], Gilles [Bouchard] et Éric [Veilleux], et il y avait sept ou huit joueurs du Québec. Dans mes meilleurs souvenirs du hockey chez les pros, je parlerais de mes trajets d’autobus à Syracuse. J’oubliais que le téléphone ne sonnait pas pour le Lightning en ayant du plaisir avec le Crunch.»

Un plaisir qu’il désire maintenant oublier pour se concentrer sur son propre bonheur à Tampa.

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