Francine Grimaldi baptise ses 80 ans dans les manèges extrêmes de La Ronde
L’ancienne chroniqueuse culturelle a accompagné Le Journal à la Ronde, qui vient d’ouvrir ses portes.


Louis-Philippe Messier
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
L’ancienne chroniqueuse culturelle Francine Grimaldi ne redoute aucune des attractions mécaniques de La Ronde qu’elle fréquente depuis l’Expo 67.
Octogénaire depuis un mois, la journaliste retraitée a inauguré la saison du manège réputé le plus apeurant du parc: le Slingshot.
Samedi dernier, elle a été la première passagère de l’année de ce «lance-pierre» géant qui, au lieu de cailloux, propulse en l’air des humains harnachés dans une sphère métallique à une vitesse de près 100 km/h jusqu’à quelque 75 mètres d’altitude.
«C’est vraiment un de mes préférés, le Slingshot! J’aime aussi le Goliath et Le Monstre», me raconte Mme Grimaldi en entrevue près de feue la Pitoune (démantelée en 2017).

«Je ne vois vraiment pas pourquoi j’arrêterais les manèges en raison de mon âge. Il faut profiter de la vie!» s’exclame celle qui me raconte avoir fêté fort et jusque tard dans la nuit sur ce site pendant l’Expo à l’âge de 23 ans.
Elle est donc adepte de La Ronde depuis... 57 ans.
Elle assiste religieusement aux spectacles de feux d’artifice.
Mme Grimaldi n’est pas dans une forme à courir le marathon. Sur le site, elle se déplace en fauteuil roulant.
Il faut l’aider à accéder à la structure de lancement du lance-pierre, puis à en redescendre.

Tandis que les câbles se tendent pour nous propulser, je ne détecte pas une miette de peur chez cette femme!
Lorsque nous tombons en chute libre, nos têtes vers le bas avec une vue imprenable sur le stade olympique inversé, Mme Grimaldi s’écrie: «Comme c’est beau!»
Il est vrai que l’on a rarement l’occasion d’admirer la silhouette de la métropole d’aussi haut et à l’envers.
«C’est bon! Ahhh! Je me laisse bercer par la houle! Je pourrais dormir ici!» s’enthousiasme-t-elle.
Pour la première fois de ma vie, j’aperçois ses longs cheveux. Elle a perdu son foulard! (Elle avait bien sûr retiré ses imposantes lunettes rondes, mais ne s’était pas départie de ses innombrables bracelets.)

Contrairement aux apparences, le «Lance-pierre» est un manège doux.
Dans une montagne russe malcommode comme le Ednor, en revanche, quiconque qui a le cou un peu faible se sent comme une poupée de chiffon.
Comment Mme Grimaldi a-t-elle pu parcourir le brutal Ednor sans se faire sonner?
Ça défie mon entendement!
Dans le Vampire aussi, une photo le prouve: elle sourit.

Mon étonnante partenaire de manège extrême me raconte pourtant qu’elle souffre de vertige depuis une première crise lors d’une visite à Machu Picchu.
«Il ne faut pas avoir peur dans la vie ou il faut affronter sa peur», philosophe-t-elle.
J’ai déjà promis de lui consacrer une autre chronique à La Ronde pour ses 90 ans.
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