Bande dessinée: le Spirou d’Émile Bravo


Marie-France Bornais
Après une dizaine d’années de travail, Émile Bravo a livré les quatre albums de la série de BD Spirou - L’espoir malgré tout, qui ont succédé au fameux Journal d’un ingénu, publié en 2008. Plusieurs années consacrées à une intense documentation sur la Seconde Guerre mondiale, à réimaginer Spirou devant les épreuves de l’occupation en Belgique et à rendre avec magnificence l’univers de ce personnage culte du neuvième art.
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Une pluie de récompenses a souligné la parution du Journal d’un ingénu en 2008, une aventure racontant les jeunes années de Spirou à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale.
L’album est devenu un classique et Émile Bravo a décidé d’y donner une suite. Dans les quatre albums de la série L’espoir malgré tout, il raconte les aventures de Spirou pendant l’occupation en Belgique.
L’aventure a demandé une dizaine d’années de travail et Émile Bravo l’a appréciée pleinement, même si elle comptait de nombreux défis. « Je me suis plongé là-dedans et je ne me suis pas rendu compte que ça allait faire une telle fresque. J’ai commencé il y a dix ans, en écrivant mon histoire et en faisant tout le découpage. Comme j’avais carte blanche et que mon éditeur me disait : “Vas-y, continue, raconte ce que t’as à dire...” Et comme il y avait effectivement beaucoup de choses à dire sur cette période, je ne m’en suis pas privé », dit-il en entrevue, peu avant son départ pour Québec.

Donner le bon rythme
Il lui fallait raconter des choses graves, avec une certaine légèreté. « J’essaie toujours de parler à l’enfant que j’étais, donc aux enfants. Il ne faut pas les traumatiser. Il faut donner ce rythme. Chaque fois qu’il y a quelque chose de dramatique, il faut essayer de désamorcer ça avec un côté humoristique. Les gens qui ont vécu cette période, ça a été très dur pour eux, mais je pense que la meilleure arme pour vivre ces périodes-là, c’est d’avoir le sens de l’humour et un peu de détachement. »

Pour bien rendre l’époque et l’esprit de Spirou, Émile Bravo s’est inspiré de photographies anciennes. « J’utilise les vieux codes franco-belges qui sont un peu dans l’univers des vieux Tintin, avec des couleurs qui ressemblent aux photos de l’époque, qui sont déjà passées et qui tournent vers le sépia. Ça ajoutait à cette ambiance, comme si c’était un vieux Spirou qu’on retrouvait dans le grenier. »