Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Baisses d’impôt à impact limité

Des experts mettent un bémol sur la promesse électorale pour affronter l’inflation

Partager
Photo portrait de Kathryne Lamontagne

Kathryne Lamontagne

2022-08-30T04:00:00Z
Partager

Les baisses d’impôt promises en campagne électorale n’aideront pas les moins nantis à faire face à l’inflation, préviennent des experts. L’intention de la CAQ de piger dans les versements au Fonds des générations pour les financer soulève aussi des critiques.

• À lire aussi: Harcèlement contre Freeland: la GRC a lancé une enquête

• À lire aussi: Campagne électorale en 2022: des vestes pare-balles pour les politiciens

Le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ) François Legault a dévoilé deux mesures de son « bouclier anti-inflation », hier, soit le versement d’un autre chèque pouvant atteindre 600 $ d’ici décembre, en plus d’une baisse d’impôt de 1 %, en 2023 qui pourrait faire économiser jusqu’à 810 $ par personne. 

Des experts ont cependant émis des réserves, rappelant qu’une baisse d’impôt ne sera d’aucune utilité pour les quelque 35 % de contribuables québécois – souvent les plus démunis – qui n’en ont pas payé en 2018.

« Une personne qui gagne moins de 20 000 $ et qui ne paie pas d’impôt ne verra rien d’une réduction des taux d’imposition », illustre Stephen Gordon, directeur du Département d’économique à l’Université Laval.

« L’inflation, c’est le prix du gaz et de la nourriture qui a augmenté [...] Et ces gens-là, pour qui l’inflation fait mal, ce n’est pas eux autres qui paient le plus d’impôt », renchérit Philippe Goulet-Coulombe, professeur au Département des sciences économiques à l’UQAM.

Publicité

Fonds des générations

La CAQ entend financer cette mesure en diminuant de près de 40 % les versements prévus au Fonds des générations, destiné à réduire le poids de la dette. 

Cette annonce a rapidement suscité des critiques, notamment du groupe Force jeunesse, qui a accusé le premier ministre François Legault d’hypothéquer le choix des générations futures.

Même son de cloche chez Dominique Anglade, qui a déclaré que « jamais au [Parti libéral du Québec] on n’hypothéquerait notre avenir collectif en posant ce geste de prendre le Fonds des générations pour faire des baisses d’impôt ».

La cheffe libérale avait d’ailleurs présenté plus tôt son « plan portefeuille » qui, selon elle, redonnerait chaque année 5000 $ aux familles, entre autres grâce à une baisse d’impôts de 1,5 %. 

Sans préciser comment cette initiative serait financée, elle dit prendre le pari qu’il vaut mieux faire des déficits pour réduire le fardeau fiscal que d’abaisser les sommes servant à payer la dette du Québec.

Augmenter la dette 

Une déclaration qui a fait sursauter le premier ministre sortant.

« J’entendais tantôt le Parti libéral dire qu’ils ne pigeront pas dans les versements au Fonds des générations, mais ils nous annoncent qu’ils vont faire des déficits pendant 7 ans... Ça veut dire que pendant 7 ans, ils vont augmenter la dette qu’on laisse à nos jeunes », a déploré François Legault.

De son côté, le Parti Québécois a qualifié de « mauvaise politique publique » cette promesse de baisse d’impôt à même le Fonds des générations. 

Publicité

« Nous, quand on veut utiliser le Fonds des générations, c’est pour assurer une transition vers la nouvelle économie verte et juste », a plaidé Paul St-Pierre Plamondon.

Chez Québec solidaire, on proposait en 2018 d’utiliser tous les versements annuels au Fonds des générations pour financer la lutte aux changements climatiques. Gabriel Nadeau-Dubois n’a pas voulu dire ce qu’il en sera cette année, mais fait valoir que si la dette publique est « sous contrôle [...], la dette climatique, elle, explose ».

Pour sa part, le Parti conservateur du Québec avait promis une baisse de 2 % pour les deux premiers paliers d’imposition, lors de son lancement de campagne le 21 août.

Plus d’inflation

Les experts consultés par Le Journal insistent par ailleurs sur le fait que les baisses d’impôt risquent d’accentuer l’inflation et de miner les efforts de la Banque du Canada pour la contrôler. S’il est vrai que des Québécois auront plus d’argent pour dépenser, les prix des aliments ou de l’essence ne diminueront pas pour autant.

« Clairement, ça va dans le sens contraire de l’action des banques centrales en ce moment », résume l’économiste Philippe Goulet-Coulombe.

– Avec Marc-André Gagnon, Nicolas Lachance, Patrick Bellerose, Geneviève Lajoie, Annabelle Blais et Gabriel Côté 

1 % pour la CAQ

Photo Marc-André Gagnon
Photo Marc-André Gagnon
  • Baisse d’impôt de 1 % en 2023, pour les deux premiers paliers d’imposition, puis 0,25 % par an pour une réduction totale de 2,5 % sur 10 ans 
  • Réduction pouvant aller jusqu’à 810 $ par année par personne dès 2023
  • Mesure financée en diminuant de près de 40 %, les versements prévus au Fonds des générations
Publicité

1,5 % pour le PLQ

Photo Nicolas Saillant
Photo Nicolas Saillant
  • Baisse d’impôt de 1,5 % pour les deux premiers paliers d’imposition
  • Réduction pouvant aller jusqu’à 1125 $ par année par personne
  • Aucune précision sur la manière de financer cette mesure, qui pourrait se solder par des déficits

2 % pour le PCQ

Photo Gabriel Côté
Photo Gabriel Côté
  • Baisse d’impôt de 2 % pour les deux premiers paliers d’imposition et augmentation de l’exemption de base d’impôt des particuliers de 15 728 $ à 20 000 $
  • Une famille avec deux enfants et un revenu de 80 000 $ économiserait 3500 $
  • Mesure financée entre autres en réduisant la taille de l’État et en exploitant les hydrocarbures

Le député André Fortin conseillera sa cheffe aux débats

Après Justin Trudeau, ce sera au tour de Dominique Anglade de bénéficier des conseils du député André Fortin pour la préparation aux débats des chefs de la campagne électorale.  

Il y a un an presque jour pour jour, la rentrée parlementaire du Parti libéral du Québec (PLQ) à l’Assemblée nationale avait été laborieuse. 

Rappelons que le coup de pouce du député de Pontiac à la campagne des libéraux fédéraux avait fait dérailler le plan de match de Dominique Anglade. 

André Fortin avait admis avoir conseillé Justin Trudeau en vue des affrontements télévisés avec les aspirants au poste de premier ministre du Canada. 

Cette fois, c’est sa propre cheffe qui profitera de son aide pour se préparer à parer aux attaques de ses adversaires québécois. 

« Je vais donner un coup de main lors de la préparation aux débats », a-t-il confié hier à notre Bureau parlementaire. 

Publicité

– Geneviève Lajoie 

Les solidaires critiquent la gestion de la pandémie

Le politique s’est ingéré dans la gestion de la pandémie, selon le candidat solidaire Yv Bonnier-Viger, jusqu’à récemment directeur régional de santé publique pour la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. 

Il donne l’exemple de la vaccination obligatoire pour les employés du réseau de la santé, d’abord imposée, puis retirée par le gouvernement Legault. 

« Nous avons une expérience basée sur plusieurs années de bonnes pratiques, que la persuasion, la discussion avec la population donne de meilleurs résultats en termes de vaccination. [...] », a-t-il dit.

Il estime ainsi que cette décision ne venait pas de la Santé publique et qu’elle était même « à l’encontre des valeurs profondes et de la façon de faire, de ce qu’on connaît de la Santé publique. »

À ses côtés, le chef de Québec solidaire (QS) Gabriel Nadeau-Dubois a renchéri en rappelant l’imposition de deux couvre-feux. 

« Ça n’a jamais été vraiment clair, sur quelles preuves scientifiques le gouvernement Legault se basait pour promulguer d’abord une fois, puis ensuite une deuxième fois, un couvre-feu », a-t-il souligné. 

QS promet de créer une direction de la santé publique indépendante, s’il devait l’emporter le 3 octobre prochain.

– Patrick Bellerose

Vous avez un scoop
à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous partager à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité