Baisse d’impôt: quand l’envie remplace l’arithmétique


Nathalie Elgrably
Mark Carney a signé un décret pour baisser le taux d’imposition de la première tranche de revenu de 15% à 14%. Cette mesure aurait dû être applaudie vu que l’inflation et les tarifs trumpiens grugent le portefeuille des travailleurs.
Pourtant, l’encre du décret n’avait pas eu le temps de sécher que les critiques fusaient. On reproche à cette baisse d’impôt de profiter surtout aux riches, car un travailleur qui gagne 40 000$ économisera 200$ d’impôts tandis que celui qui gagne 300 000$ sauvera 400$ d’impôt. Soit!
Poison
Mais ce discours populiste qui diabolise les «riches» est lassant. Et l’usage de demi-vérités pour attiser gratuitement la colère et l’hostilité est un poison qui gangrène le débat public.
Selon le ministère des Finances, les contribuables qui gagnent 100 000$ et plus représentent 10,4% des contribuables, touchent 35% de tous les revenus, et payent 51,3% de tous les impôts.
Toujours selon le ministère des Finances, les 20% les plus riches accaparent 50% des revenus, mais paiyent 68,5% des impôts sur le revenu. Oui, presque sept dollars sur dix dans les coffres de l’État viennent des «riches»! Sans eux, aucun service public ne serait envisageable, et l’ensemble du système imploserait.
Certes, on trouve normal, au nom de la justice sociale, que les riches contribuent davantage au trésor public. Comme disait Marx, «de chacun selon ses moyens»!
Or, même en appliquant ce principe, cette baisse d’impôt n’a rien de scandaleux.
Une baisse de 400$ pour un revenu de 300 000$, c’est 0,1% du revenu. En revanche, c’est 0,5% d’un revenu de 40 000$.
Proportionnellement, ceux qui payent le plus d’impôts, et qui portent à bout de bras l’édifice fiscal, sont donc ceux qui bénéficient le moins de l’allègement d’impôts.
Envie
Voilà précisément ce que feignent d’ignorer les démagogues qui utilisent la fiscalité comme un instrument de vengeance sociale. Quel dommage qu’ils aient remplacé l’arithmétique par l’envie punitive!