Baiser forcé: le tribunal du sport espagnol ouvre une procédure contre Rubiales

Agence France Presse
Le gouvernement espagnol va demander directement au Tribunal administratif du sport (TAD) de suspendre Luis Rubiales, après l'ouverture d'une procédure disciplinaire à son encontre pour avoir embrassé par surprise la championne du monde Jenni Hermoso sur la bouche.
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«Le Conseil supérieur des sports (CSD) va demander au tribunal de suspendre temporairement Luis Rubiales de ses fonctions jusqu'à ce que l'affaire contre lui soit définitivement résolue», a déclaré le ministre de la Culture et des Sports, Miquel Iceta lors d'une conférence de presse.
Quelques minutes plus tard, Luis Rubiales est sorti du silence, affirmant qu'il continuerait à se défendre «pour prouver la vérité».
«Je continue à faire confiance à l'indépendance des instances où cette question doit être résolue, malgré le fait que les pressions politiques et celles de certains médias sont aussi intéressées que brutales et que les informations sur ce sujet font l'objet d'une multitude de manipulations, de mensonges et de censures», a dénoncé le président de la fédération espagnole dans un communiqué publié par le journal El Mundo.
Après cinq jours de délibération, le Tribunal administratif du sport espagnol (TAD) a ouvert vendredi une procédure disciplinaire pour «faute grave» à son encontre ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.
Mais cette procédure pour «faute grave» et non «très grave», comme le demandait le gouvernement espagnol, ne permet pas au Conseil supérieur des sports (CSD), un organe dépendant du ministère des sports, de prononcer une nouvelle suspension à l'encontre de Rubiales, déjà suspendu par la FIFA pendant 90 jours à titre conservatoire.
Une explication confirmée par Miquel Iceta en conférence de presse vendredi, se référant aux lois du sport professionnel dans le pays.
Le CSD avait déposé une plainte auprès du tribunal du sport vendredi dernier pour deux «infractions très graves», un possible «abus d'autorité» et des «actes portant atteinte à la dignité ou à la bienséance sportive», demandant la suspension du président de la fédération.
Mea culpa de De la Fuente
Quelques minutes après le sacre mondial de la Roja, le 20 août à Sydney, le patron de la Fédération espagnole de foot Luis Rubiales a embrassé sur la bouche par surprise la N.10 Jenni Hermoso, provoquant l'indignation internationale.
Poussé à la démission de toutes parts, Rubiales, 46 ans, avait annoncé le 25 août qu'il ne quitterait pas son poste «pour un petit bisou», qui, selon lui, était «consenti». Il avait également dénonçé un procès intenté par un «faux féminisme».
Ce discours avait été applaudi par la quasi-totalité de l'Assemblée générale de la fédération espagnole (RFEF), dont les sélectionneurs des équipes masculines et féminines.
Le sélectionneur de l'équipe masculine Luis De la Fuente a fait son mea culpa vendredi en conférence de presse et a «demandé pardon», assurant que les critiques à son encontre étaient «totalement méritées».
«Je suis venu à l'assemblée, convaincu que nous allions assister aux adieux d'un président et ça a été tout le contraire», a-t-il déclaré, disant avoir été «sous le choc» quand Rubiales a répété qu'il ne démissionnerait pas, alors que son départ avait été présenté comme acquis par l'ensemble des médias espagnols.
La Fifa, qui avait ouvert une enquête disciplinaire contre Luis Rubiales, l'a suspendu le 26 août pour 90 jours «de toute activité liée au football au niveau national et international» dans l'attente de l'avancée des procédures en cours.
Sur le plan judiciaire, le parquet espagnol a ouvert une enquête préliminaire sur «des faits qui pourraient être constitutifs d'un délit d'agression sexuelle» et a invité Jenni Hermoso à se manifester «dans les quinze jours» à compter du 28 août afin d'être «informée de ses droits». Une plainte de sa part étant indispensable au lancement d'éventuelles poursuites.
L'ancienne joueuse du FC Barcelone, qui affirme s'être sentie «victime d'une agression» a depuis reçu le soutien de nombreuses figures du sport espagnol, dont les légendes du Real Madrid et du Barça Iker Casillas et Andrés Iniesta, l'ex-star des Los Angeles Lakers Pau Gasol, et de ses coéquipières en équipe nationale, Alexia Putellas ou Aitana Bonmati.
Cette dernière a d'ailleurs dédié son prix de meilleure joueuse UEFA de l'année à sa coéquipière et à «toute les femmes qui souffrent».
Plusieurs manifestations ont eu lieu en Espagne cette semaine pour réclamer la fin de l'impunité envers les violences sexistes, et les gestes de soutien se multiplient sur les terrains de football, avec notamment des banderoles «Nous sommes avec toi Jenni» et «#SeAcabo» (finissons-en).