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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Bâillon et loi sur l’avenir énergétique du Québec: le premier ministre François Legault veut créer de «bons emplois» dès cet été

Photo tirée du compte X de François Legault
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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-06-04T15:10:08Z
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Retarder l’adoption du projet de loi sur l’avenir énergétique du Québec «priverait» plusieurs régions de la création de «bons emplois dès cet été», affirme le premier ministre François Legault.

Selon lui, dans le contexte de la guerre commerciale avec les États-Unis, il est «plus important que jamais d’accélérer tous les projets économiques». Des pertes d’emplois pourraient survenir dans les régions du Québec, notamment dans les secteurs touchés par les tarifs imposés par Donald Trump, comme celui de l’acier et de l’aluminium.

Il soutient que l’adoption du projet de loi sur l’avenir énergétique générerait de nouveaux emplois bien rémunérés dans les régions.

D’après des données obtenues par notre Bureau parlementaire, Hydro-Québec estime qu’elle pourrait économiser 6 milliards $ (20% des coûts liés à sa stratégie éolienne) si elle lançait les travaux dès cet été en tant que maître d’œuvre. Plusieurs projets seraient prêts à démarrer rapidement.

«Il y a des projets sur la Côte-Nord, dans le Nord-du-Québec, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent qui pourraient commencer cet été», a précisé François Legault en mêlée de presse mercredi.

La ministre de l’Énergie Christine Fréchette soutient aussi qu’Hydro-Québec pourrait économiser 6 milliards $ en accélérant le déploiement de sa stratégie éolienne dans ces régions.

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Pour cette raison, le gouvernement Legault envisage de recourir au bâillon pour faire adopter la loi permettant à Hydro-Québec de doubler sa production.

Le premier ministre affirme que le projet de loi est actuellement «bloqué» par les partis d’opposition.

«Cela priverait toutes ces régions de bons emplois cet été», a-t-il insisté. «Je demande donc au Parti Québécois et au Parti libéral de penser aux travailleurs des régions du Québec.»

Changements radicaux

Le député péquiste Pascal Paradis a rapidement rejeté les accusations du premier ministre.

«François Legault vient de préparer le terrain pour l’adoption sous bâillon de sa réforme du secteur de l’énergie. Il accuse les partis d’opposition d’obstruction, ce qui est faux», a-t-il déclaré, dénonçant l’ajout de plus de 52 amendements «qui changent radicalement le projet de loi» il y a seulement quelques jours.

Selon nos sources, ces modifications de dernière minute auraient été imposées à la ministre par le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia.

Les juristes ont dû revoir la moitié du projet de loi en raison de ces changements. D’après nos informations, ils auraient relevé un problème de cohérence entre le cœur du projet initial, déposé par Pierre Fitzgibbon, et les amendements introduits par Mme Fréchette.

«Sans queue ni tête»

Les partis d’opposition réclament des explications concernant les 6 milliards $ d’économies avancées par la ministre Fréchette, à seulement deux jours d’un éventuel bâillon.

«Dire qu’on économiserait 6 milliards en adoptant rapidement le projet de loi 69, c’est sans queue ni tête. On prend les Québécois pour des valises», a lancé Pascal Paradis.

Le député libéral André Fortin demande au gouvernement de démontrer la validité de ces prétendues économies.

«C’est étrange qu’un tel argument surgisse à deux jours du bâillon, alors qu’on débat de ce projet depuis des mois sans qu’il n’ait jamais été mentionné», a-t-il souligné. «Si on avance un chiffre d’une telle ampleur, la moindre des choses, c’est de l’expliquer.»

Pendant ce temps, alors que le premier ministre appelle à la collaboration des partis d’opposition, Québec solidaire (QS) dénonce l’absence de consultation.

«On ne connaît pas encore l’ensemble du projet. Et là, surprise: le projet de loi 69 n’était même pas à l’étude hier après-midi. Ils n’étaient pas là, ils n’ont pas été convoqués à siéger», a dénoncé le leader parlementaire de QS, Guillaume Cliche-Rivard. «On s’en va vers un bâillon.»

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