Aylo utiliserait le nom d’une victime de trafic sexuel pour attirer des utilisateurs sur Pornhub, YouPorn et RedTube
La jeune femme se bat depuis des années pour effacer de centaines de sites web les vidéos où elle apparaît


Nora T. Lamontagne
Une victime de trafic sexuel et ancienne reine de beauté accuse la société mère de Pornhub de continuer à profiter de son nom pour appâter les utilisateurs en quête de pornographie.
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«Il est clair que, encore aujourd’hui, la plaignante est mise de l’avant [marketed] par Aylo, même si les vidéos ont été supprimées», affirme dans une déclaration sous serment Charles DeBarber, un spécialiste de la cybersécurité qui témoigne pour la plaignante dans cette affaire.
«Jane Doe», qui poursuit Aylo depuis 2023, avait été forcée par la société de production GirlsDoPorn à tourner des scènes pornographiques contre son gré.
L’une de ces vidéos, issue du trafic sexuel, a été visionnée plus de 13 millions de fois sur Pornhub en 2014, ce qui en a fait la deuxième vidéo la plus populaire cette année-là.
Mots-clés et référencement
La jeune femme a réussi tant bien que mal à obtenir le retrait de cette vidéo de nombreuses plateformes de visionnement grâce à l’aide de Michael Smith, ingénieur de la firme spécialisée dans le retrait de contenu Phoenix AI.
Selon M. Smith, les plateformes d’Aylo feraient partie des sites qui utilisent son ancien nom pour attirer les clics via les moteurs de recherche, notamment grâce à des mots-clés et des techniques de référencement.
Il déclare à la cour avoir identifié l’une de ces correspondances (match) sur Pornhub.com, RedTube.com et YouPorn.com aussi récemment qu’en décembre 2024.
«Ces correspondances démontrent que même si le contenu explicite a été supprimé, les résultats de recherche du nom de la cliente continuent d’apparaître sur des sites pour adultes quand on utilise des moteurs de recherche comme Google.»
Droits d’auteurs
Qui plus est, Aylo aurait aussi revendiqué à plus de 90 reprises les droits d’auteur des vidéos où «Jane Doe» apparaît.
Les avocats de la jeune femme ont déposé en preuve des dizaines d’avis de violation de copyright envoyés par Aylo à Google... pour des vidéos faisant référence à «Jane Doe».
La plus récente daterait d’avril 2025.
Aylo a admis en 2023 avoir profité financièrement de la traite humaine grâce à son partenariat d’affaires avec GirlsDoPorn.
L’entreprise présente en sol québécois s’en est tirée avec une amende de 1,8 million $US, en plus d’une obligation à soumettre son département de conformité à une surveillance externe pendant trois ans.
Ses représentants n’ont pas voulu commenter vu les procédures judiciaires en cours.
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