Avortement clandestin de sa conjointe: 8 ans de prison pour cet acte «barbare»
L'homme avait aidé un faux médecin à pratiquer un avortement chez lui

Camille Payant
Un homme violent qui a aidé à pratiquer un avortement clandestin sur sa conjointe sans statut, un acte si «barbare» qu’elle pensait en mourir, pourrait maintenant écoper de huit ans de pénitencier.
«Nous sommes bien haut dans l’échelle de la gravité, de l’horreur, du contrôle coercitif et de la barbarie», a souligné la procureure de la Couronne, Me Sandra Tremblay, au palais de justice de Montréal.
L’homme de 37 ans, que nous ne pouvons nommer pour protéger l’identité de la victime, a plaidé coupable vendredi matin à des accusations de voies de fait graves et de voies de fait simples.
La jeune femme a immigré au Canada en avril 2023. Elle rencontre peu après l’accusé, qui se montre violent à son égard.
Il a admis avoir frappé et giflé la victime. Il lui a tiré les cheveux et lui a pincé les joues. Et trois mois après le début de leur relation, elle est tombée enceinte.
Comme elle n’a pas de statut au Canada, «l’accusé lui explique qu’elle ne devrait pas garder l’enfant puisqu’ils n’ont pas d’argent pour payer l’hôpital et les frais qui découlent de l’entretien et de l’éducation de l’enfant.»
Même si elle désirait le garder, elle se sentait obligée d’obéir à son conjoint. L’accusé a ainsi contacté une connaissance afin de procéder à l’avortement clandestin dans leur domicile.
Cally Boyongo Ngunda, le faux médecin en question, est toujours en attente de son procès.
Avortement clandestin
Celui qui se prétendait médecin a inséré une brochette en bois, normalement utilisée pour griller des aliments sur un BBQ, avec une ouate dans les parties intimes de la victime. Au même moment, le conjoint de la victime appuyait sur son ventre.
Pendant quatre jours, l’accusé a lui-même répété l’acte qu'avait posé le premier jour le faux médecin.
En plein milieu de la nuit, la victime a envoyé un message à son frère, lui indiquant qu’elle «saigne et fait de la fièvre» et «qu’elle va mourir». Ce dernier s’est alors empressé d’appeler le 911.
Sur les lieux se trouvaient des sacs de brochettes et d’ouate, de l’eau de Javel, une seringue, des gants chirurgicaux, une serviette souillée et des tests de grossesse.
La victime a rapidement été transportée à l’hôpital, où elle a dû subir un curetage. Relogée ensuite dans une maison d’hébergement pour femmes, elle a dû être transportée à quatre reprises en ambulance vers un centre hospitalier en raison des douleurs persistantes.
La jeune femme «s’est retrouvée sans logement, sans argent, sans connaissance de ses droits, sans repère», a-t-elle écrit dans une lettre.
Il devrait être expulsé
L’accusé est détenu depuis son arrestation en janvier 2024. Comme l’Angolais est sans statut légal au Canada, il y a de fortes chances qu’il soit expulsé après sa période d’incarcération.
La Couronne et la défense ont proposé une sentence de huit ans de pénitencier. La juge Karine Giguère devra décider si elle entérine la suggestion commune d’ici le retour en cour de l’accusé à la fin juin.
La magistrate souhaite «écrire une décision pour laisser des traces de ces gestes [...] pour ainsi peut-être, un jour, arriver à dénoncer et dissuader ce genre de comportement».
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