Avons-nous vraiment besoin d’Investissement Québec?
Pour une troisième année consécutive, le rendement d’Investissement Québec s’est avéré fort décevant l’an dernier


Francis Gosselin
Pour une troisième année consécutive, le rendement d’Investissement Québec s’est avéré fort décevant l’an dernier.
Plusieurs tentent de justifier cela en invoquant que ce n’est pas la mission d’IQ de générer du rendement.
C’est peut-être vrai.
Mais il y a, semble-t-il, contradiction dans les termes. Si l’objectif n’est pas de faire de « bons »placements, quel est-il, au fait, cet objectif? Des mauvais placements? De prendre des risques inconsidérés? De financer les amis du parti? Toutes ces réponses?
Pendant ce temps, depuis 2019, les salaires d’IQ ont pratiquement doublé.
Pourtant, quand IQ a sabré dans ses programmes d’aide aux petites entreprises l’an dernier, plusieurs entrepreneurs se sont retrouvés le bec à l’eau. L’imprévisibilité de l’organisme, sa gestion bureaucratique et sa déconnexion des besoins réels de ceux et celles qui prennent des risques et créent de l’emploi est palpable pour de nombreux acteurs économiques.
Pendant qu’on joue au yo-yo avec le tissu entrepreneurial québécois, les grands patrons d’IQ, eux, engrangent les millions, sans risque. À force d’attirer à ce point les «meilleurs», on peut se demander à quoi IQ est, elle, la meilleure?
Le fonds de Schrödinger
Vous connaissez l’histoire du chat de Schrödinger? C’est un chat dans une boîte, et tant qu’on ne l’ouvre pas, il est peut-être mort, peut-être vivant. Ou les deux.
Investissement Québec, c’est un peu pareil.
C’est un fonds qui doit faire du rendement. Ou pas.
Une courroie de transmission de commandes politiques.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Un organisme de planification centralisée de l’économie qui analyse des dossiers et choisit les gagnants et les perdants.
Selon celui qui demande, on utilisera l’une ou l’autre de ces excuses pour justifier la piètrecontreperformance. Ce sont trois mandats contradictoires, qui devraient nous mener à remettre fortement en question les choix, et même l’existence, de cet organisme.
Les banquiers sans banque
D’abord, puisque c’est un fonds, on prétexte qu’il lui faut attirer les «meilleurs», et pour ce faire, qu’il faut payer des salaires mirobolants à des banquiers de classe mondiale.
Mais, nous explique-t-on du même souffle, le rendement n’est pas important chez IQ. Alors qu’est-ce qui est important, au fait? La croissance économique du Québec? Le taux d’emploi de la province? Le taux de faillite de ses entrepreneurs? La satisfaction de ces derniers à l’endroit de l’institution?
Sur tous ces plans, pourtant, les indicateurs actuels sont très décevants.
Si IQ n’est ni une banque, ni un fonds, il ne sert à rien d’embaucher ces super-banquiers. Et si tous les indicateurs sont au rouge, il est peut-être temps de les remplacer. Non?
Une société-écran pour dissimuler l’interventionnisme Étatique
C’est un secret de polichinelle dans l’industrie que les « décisions » d’Investissement Québec sont largement dictées par le gouvernement.
À quoi sert une société-écran qui exécute des commandes politiques?
Plusieurs employés d’IQ témoignent de l’ingérence répétée des élus dans leurs activités. Ce n’estdonc ni une banque, ni un fonds; mais une entité intermédiaire permettant de flécher les derniers publics tout en protégeant les élus.
IQ, c’est une vaste opération de déresponsabilisation. Une courroie de transmission dorée, coûtant 150 millions de dollars en salaires.
Analyser les dossiers, conseiller les entreprises
Pour justifier l’absence de rendement, on fait valoir qu’IQ soutient l’économie québécoise. Or, l’analyse détaillée de ses états financiers montre que son rendement provient principalement de prêts.
Des prêts qui pourraient être consentis par des institutions financières privées, à coût nul pour le trésor québécois.
D’autres rappellent les judicieux conseils fournis par l’organisme. Mais encore ici, il existe dans le privé une panoplie de cabinets et d’experts-conseils capables d’offrir ces mêmes services.
Pourquoi l’État s’immisce-t-il dans ces marchés, sinon pour fausser les règles du jeu économique?
Plusieurs s’étonnent de cet interventionnisme. Les perdants à la loterie IQ, ceux qui n’ont la faveur ni des fonctionnaires, ni des élus politiques – ou pire encore, qui sont boudés, snobés ou négligés par IQ et ses programmes bureaucratiques – s’en irritent ouvertement.
Plutôt que d’immobiliser des milliards en deniers publics, le gouvernement du Québec pourrait choisir d’investir ailleurs. Cela permettrait de générer près de 500M$ de recettes additionnelles pour l’État québécois, dont il se prive actuellement. Ou de réduire d’autant la fiscalité agressive qui rend nos entreprises moins compétitives.
Investissement Québec, c’est prendre d’une main pour redonner de l’autre.
Et fabriquer quelques mandarins-millionnaires au passage.
Étrange projet.