Des avocats au front pour défendre le poids politique de la Gaspésie


Anne Caroline Desplanques
Des avocats se lèvent pour défendre le poids politique de la Gaspésie menacé par le redécoupage de la carte électorale fédérale, qui prévoit que la région perdra un de ses quatre députés.
Ce redécoupage entraînera «une perte de poids politique inadmissible pour nos régions et constitue de plus une violation de nos droits politiques et démocratiques», plaide Me Alexis Deschênes, qui a déposé une demande de contrôle judiciaire devant la Cour fédérale, avec l’organisme Droits collectifs Québec (DCQ).
«Cette affaire touche au cœur de notre démocratie, indique Daniel Turp, le président de DCQ. Elle concerne tant la capacité des citoyens et des citoyennes à être dûment représentés à la Chambre des communes du Canada que le poids politique du Québec au sein d’une fédération dans laquelle il lui est de plus en plus difficile de faire valoir ses intérêts.»
Le 23 juin, la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales a déposé son rapport final devant la Chambre des communes.
Il prévoit la suppression d’une circonscription en Gaspésie, Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia, représentée depuis 2019 par Kristina Michaud, députée du Bloc Québécois. Ce territoire serait redistribué aux deux circonscriptions voisines, représentées par le Parti conservateur et le Bloc Québécois

Malgré sa taille, Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia est la circonscription la moins peuplée de tout le Québec, ce qui a fortement influencé la décision de la Commission. Sa décision doit entrer en vigueur en avril 2024.
Mais Me Deschênes, ex-candidat du Parti Québécois dans la région et résident de la circonscription d’Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia, n’entend pas l’accepter sans se battre. Il demande l’émission d’une ordonnance annulant la décision de la Commission et le maintien de la carte électorale actuelle.
Démographie
Entre 2011 et 2021, la population du Québec a augmenté, passant de 7 903 001 habitants à 8501 833. Mais les nouveaux résidents ne sont pas équitablement répartis sur le territoire : la population de 22 circonscriptions fédérales québécois a cru de 10%, en particulier à Montréal, mais six autres circonscriptions ont perdu des résidents, essentiellement en régions éloignées.
Pour Me Deschêne, comme pour la députée Kristina Michaud, il est évident que les circonscriptions de l’Est-du-Québec ne pourront jamais compétitionner avec celles des grands centres face à l’augmentation de la population dans les prochaines années, mais ceci ne leur enlève pas le droit d'être justement représentées. Dans ce contexte, ils s'inquiètent pour la qualité des services qui seront offerts aux gens de la région.
- Écoutez l'entrevue avec Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois via QUB radio :
«Nous avons droit à une représentation effective à la Chambre des communes et cela inclut que l’on tienne compte de notre géographie particulière, de notre histoire, de nos communautés d’intérêts et du renversement démographique en cours dans nos régions», plaide l’avocat gaspésien.
Globalement, le taux de croissance de la population québécoise est moindre que celui du reste du pays. Si bien que la Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario doivent gagner un total de cinq sièges en 2024.
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